Changer son regard (MCR le 21 Janvier 2022)

Publié le par Père Maurice Fourmond

MCR rencontre du 21 janvier 2022

 

Changer son regard

 

Notre foi en Jésus Christ, à travers l’exemple de sa vie et son enseignement, nous donne des éléments importants sur ce qu’il convient de vivre dans nos relations avec ceux qui nous entourent ou ceux que nous sommes amenés à rencontrer. Et d’abord, quel regard portons-nous sur nous-mêmes, sur les personnes et les événements qui traversent notre vie ? Quand nous sommes retraités, nous avons des années d’expériences, lesquelles ont forgé en nous une façon de voir le monde, de regarder les personnes comme les évènements, elles ont instaurées en nous des attitudes, des jugements sur les gens, les situations, et les événements, attitudes et jugements tout à fait légitimes. Ils sont à la fois un apport considérable nous permettant de diriger notre vie de retraités, mais aussi cette expérience risque de nous empêcher d’évoluer, de remettre en question certaines attitudes, certaines idées, et de nous enfermer dans des façons de nous voir, de voir les autres, ce qui se passe autour de nous, comme aussi nos choix de vie. Nous pouvons sans doute les estimer bonnes et nous ne voyons peut-être pas pourquoi nous interroger sur leur bien-fondé.

 

Cependant, la vie change, les conditions évoluent, et, pour rester vrais, il est bon d’accepter souvent de revoir nos positions, de réfléchir à nouveaux frais sur le regard que nous portons sur le monde, de confronter nos façons de penser, nos jugements avec d’autres, avec la réalité toujours nouvelle et peut-être d’être amené à modifier notre regard, à changer notre façon de voir les choses, avancer sur le chemin de notre bonheur et celui des autres, répondant ainsi à l’appel permanent du Seigneur.

 

Pour nous chrétiens, modifier notre regard nous demande de l’ouvrir sur le regard que Dieu porte sur nous et sur ceux qui nous entourent. C’est un constant travail. La plupart du temps ce travail est provoqué par une rencontre, par une méditation de l’Écriture, par le regard de Dieu tel qu’il nous est possible de l’appréhender à travers la vie et l’enseignement du Christ Jésus, par telle personne qui nous a interrogé sur le sens de notre vie, le sens des choix que nous faisons. Nous découvrons la vérité de ce changement de regard à la paix et la joie qui nous habitent ou que nous cherchons .

 

Si vous avez eu la joie de connaître des catéchumènes, vous avez certainement constaté comment leur vie a été transformée par une rencontre ou un évènement qui leur a ouvert les yeux sur la beauté de la personne du Christ Jésus, sur l’espérance que le Seigneur leur apporte et apporte au monde et combien leur vie est devenue plus lumineuse. Leur regard avait changé et le monde était devenu chargé d’espérance malgré toutes les difficultés qui n’avaient pas cessées pour cela. J’ai souvenir d’une catéchumène à qui on avait demandé ce qui avait changé après son baptême et qui avait répondu : "Avant il y  avait les gens que j’aimais, ceux que je n’aimais pas et la masse de ceux qui m’étaient indifférents. Après mon baptême, mon regard a changé et depuis, personne ne m’est indifférent car j’essaie de les regarder avec le regard de Dieu."

 

Voulez-vous que nous commencions par regarder comment Jésus a aidé ses contemporains à transformer leur regard sur leur propre vie et comment la rencontre avec lui a transformé la vie des personnes qu’il a rencontrées, en leur donnant à la fois beaucoup de joie, un sens à leur vie et une espérance nouvelle.

 

1- Quelques rencontres de Jésus rapportées dans les évangiles

Je commencerai avec la rencontre de Jésus avec Zachée, racontée par Luc au chapitre 19. Zachée a plusieurs handicaps, être petit n’est pas bien grave, mais c’est surtout son métier de collecteur d’impôts qui le place en position difficile. Il est juif à la solde des occupants romains et donc détesté par ses compatriotes et méprisé par les romains. Certes il est riche, mais sa richesse s’est construite au détriment de ses compatriotes. Son regard sur lui-même ne semblait pas le tracasser, mais il se posait peut-être des questions car c’était un homme curieux ; il a entendu parler d’un certain Jésus qui opère des miracles et il aimerait bien voir cet homme-là. Alors étant de petite taille, il grimpe dans un arbre au moment où Jésus devait passer. Mais « Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison." (Lc 19, 5). Cette parole amicale d’une personne qui ne le connaissait même pas, bouleverse Zachée. Il accueille Jésus avec joie et la confiance de Jésus va modifier son regard : d’un regard tourné exclusivement sur lui, Zachée va découvrir une autre façon de regarder le monde, les autres, de se regarder lui-même : «  Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. » Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. ». Zachée pensait peut-être en lui-même que sa vie n’avait pas de sens et que, malgré sa situation de riche, il n’avait pas d’avenir. Mais quelqu’un lui a fait confiance, il a pris conscience  qu’il était important pour quelqu’un, quelqu’un croyait qu’il était meilleur que ce qu’on pensait de lui, que ce qu’il pensait de lui-même. La confiance de Jésus a changé sa façon de voir la vie. Sa vie a été transformée et une joie et un bonheur inconnus sont venus transfigurer son existence.

 

Un autre exemple, hélas moins concluant, montre la difficulté à changer son regard. C’est l’évangile dit du jeune homme riche rapporté par Marc au chapitre 10. À l’opposé de Zachée, cet homme est un bon juif qui observe tous les préceptes de la Loi, mais il a en lui le désir d’aller plus loin. Il va trouver Jésus et lui demande : «  Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? ». Jésus lui fait énumérer les grands commandements de la Loi et le jeune homme répond qu’il les a observés depuis sa jeunesse. Alors, « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. ». Touché par l’amour de Jésus, le jeune homme aurait pu modifier son regard et découvrir pour lui un avenir encore plus beau, plus riche, non pas dans l’acquisition de choses, non pas dans la richesse matérielle, mais dans le don de soi se dépouillant de ce qui est superficiel et passager pour découvrir une autre joie, un autre plaisir, celui du don. Il aurait pu devenir un 13e apôtre. Et ce don aurait pu lui apporter une grande joie intérieure, une paix profonde, un bonheur pour lui et pour les autres. Hélas, l’évangile poursuit : « Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » Le changement de regard demande un effort parfois bien difficile, mais il apporte tellement plus de paix et de bonheur. Nous y reviendrons tout à l’heure.

 

Je prendrais un autre exemple dans l’évangile de Jean au chapitre 4, la rencontre entre Jésus et une femme de Samarie. Comme pour Zachée, rencontre également imprévue. C’est l’heure de midi, les disciples de Jésus sont partis pour acheter de la nourriture et Jésus, fatigué, se repose au bord d’un puits. Normalement à cette heure-ci l’endroit est désert. Arrive alors une femme de Samarie qui vient puiser de l’eau au puits. Elle est seule ce qui n’est pas l’habitude car les femmes partent ensemble et à une heure plus fraîche pour aller puiser de l’eau. Mais cette femme de Samarie est mal vue ayant une vie de désordre, elle se veut plus discrète. Jésus lui demande à boire et la conversation s’engage. Elle va porter d’abord sur l’eau que lui demande cet inconnu, puis, quand Jésus l’invite à aller chercher son mari, elle est embarrassée. Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. ». La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. ». La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !. » Jésus a bien senti que cette femme avait une situation difficile et la conversation est plutôt amicale. S’engage alors un débat théologique sur le Dieu auquel ils croient tous les deux et Jésus finit par lui dire que le Messie libérateur, celui qui doit ouvrir tous les cœurs, c’est lui : « Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. ».

 

À ce moment les disciples de Jésus arrivent avec des provisions. La femme est bouleversée par la conversation qu’elle vient d’avoir avec Jésus, quelque chose change en elle, alors elle laisse même sa cruche et donc ce qu’elle était venu chercher car elle avait trouvé dans les paroles de Jésus un autre avenir pour elle : « La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? ». La femme de rejetée qu’elle était, est devenue une apôtre, sa vie a changé de sens. Les gens qui avaient plutôt du mépris pour elle, se laissent séduire par sa parole : « Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui. »… « Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. ».

Dans ce récit, nous avons découvert comment peu à peu cette femme de Samarie a changé son regard, d’abord sur elle-même, Jésus ne l’a pas rejetée, mais lui a fait confiance. Nous découvrons encore que la confiance de quelqu’un peut changer nos comportements, modifier notre regard d’abord sur nous-mêmes et aussi sur les autres.

 

Un quatrième exemple évangélique, la rencontre entre Jésus et un aveugle-né, dans le même saint Jean au chapitre 9. Nous allons voir que ce récit nous montre non seulement que cet homme retrouve la vue physique, mais bien plus qu’il grandit dans la relation qu’il a avec lui-même, mais aussi avec les autres en particulier avec les responsables religieux qui ne vont pas cesser de l’interroger pour finalement le jeter dehors : « Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors. »

 

Jésus va retrouver l’aveugle guéri et lui pose une question : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui. Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. ». Jésus nous dit par cette parole qu’il n’y a pas que les aveugles physiques, mais aussi ceux dont la vue est limitée par les habitudes, les a-priori, les refus de changer. C’était le cas de certains pharisiens qui auraient voulu que l’aveugle guéri aie le même regard suspicieux, ceux qui refusaient de changer de regard comme va se terminer le récit : « Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. ».

 

L’aveugle avait fait confiance en celui qui lui avait rendu le vue et sa vie en a été totalement changé : il est devenu un homme capable de réfléchir à ce qui lui arrivait et tenir tête aux pharisiens. Son regard a été tellement changé qu’il va préférer être jeté dehors par les pharisiens plutôt que de renoncer à cette lumière intérieure qui l’avait envahi pour finalement faire une magnifique profession de foi à ce Dieu source de lumière pour sa vie.

 

Je prendrai un dernier exemple dans le récit dit de la femme adultère toujours dans l’évangile de Jean au début du chapitre 8.

Dans ce récit, il est question d’une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Pour cette femme, la Loi exige qu’elle soit lapidée. Pour tendre un piège à Jésus, des  scribes et des pharisiens lui demandent son avis : faut-il ou non lapider cette femme ? Jésus d’abord ne répond pas puis il se contente de leur dire : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. ». Ses interlocuteur sont toutefois honnêtes, ils prennent conscience qu’eux-mêmes ont péché et ils se retirent tous les uns après les autres et Jésus reste seul devant la femme. Ce qui est important dans ce récit est que cette femme, condamnée à mort, n’avait plus aucun avenir, sa vie s’arrêtait là. Or Jésus va lui ouvrir un avenir, il interroge : «Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. ». Le petit mot « désormais » ouvre un avenir à cette femme et la fin de la phrase « ne pèche plus », dans l’esprit de Jésus ne semble pas être une exigence, une injonction, mais l’expression d’une espérance de Jésus en cette femme : j’espère, j’ai confiance que tu feras tout pour éviter de commettre un péché ou du moins d’essayer. L’histoire ne dit pas ce que cette femme a fait après avoir été pardonné par Jésus, on peut toutefois penser que sa vie a été différente et qu’elle a modifié son regard sur les choix qu’elle fut amenés à faire.

 

2 - À quelles conditions pouvons-nous changer notre regard ?

À partir des exemples bibliques que nous avons regardé, voici quelques repères spirituels que nous pouvons tirer pour notre vie de chrétiens.

 

La première est notre désir, même flou ou inchoatif, mal perçu ou non exprimé. C’était le désir de Zachée le collecteur d’impôts ou même de la Samaritaine ou du jeune homme riche. J’ai mes habitudes, mes convictions, mes idées auxquelles je tiens, mais je ne suis pas fermé à évoluer et même je pense qu’il serait bon que je ne reste pas dans mon passé. Je crois que j’ai beaucoup de choses à découvrir qui vont probablement me faire évoluer. Cependant il peut être bon de « creuser » son désir c’est-à-dire approfondir les motifs qui nous ont poussé à vouloir nous tourner vers le Christ, les motifs qui ont construit nos convictions intérieures et qui ont façonné les regards que nous avons sur Dieu et sur les autres.

 

La seconde est une rencontre. Certes parfois ces rencontres sont imprévues, parfois on peut les provoquer comme en allant parler avec quelqu’un en qui nous avons confiance. Changer son regard a besoin le plus souvent d’être provoqué par autre que soi. Ce peut être l’occasion des réunions en équipe MCR ou bien sûr telle rencontre ou tel évènement imprévu. La rencontre peut être ou non une interrogation sur ma façon de regarder et de juger. Si la rencontre est profonde, en général elle peut nous interroger dans la mesure où elle a fait apparaître des façons de voir, de juger non seulement différentes des miennes, mais dans lesquelles je discerne une part de vrai et de beau qui pourrait enrichir ma propre vision des choses. Cela suppose une disponibilité au changement et une certaine « curiosité » dans le sens où je cherche à découvrir les richesses des autres, ce que je ne connais pas, ou que l’autre peut m’apporter. Cette disponibilité implique que, sans pour autant abandonner mes convictions, j’ai le sentiment que je peux m’enrichir dans l’accueil d’une manière de voir différente de ce qui m’a construit jusqu’ici. Quand le jeune homme riche est venu trouver Jésus, il est dit que Jésus l’aima. Comment accueillir l’autre si je n’ai pas la conviction que sa démarche est belle et son coeur droit. C’est ce qu’avait ressenti Jésus et qui a fait naître en lui un véritable amour pour cet homme. La disponibilité demande une vraie bienveillance, un regard positif sur l’autre, regard qui déborde le seul désir de connaître l’opinion de l’autre, mais ce qu’il est plus profondément. C’est cet amour simple qui nous donne l’espérance que cette rencontre nous fera grandir en humanité, nous apportera une meilleure vision d’un Dieu qui est l’amour même, modifiant ainsi ma vision des choses, mes comportements, la construction de ce qui me fait vivre jusqu’ici.

 

La 3e condition consiste à prendre conscience du changement qui s’est opéré en moi pour notre joie et la joie des autres. C’est un moment de discernement : en quoi ce qui va changer dans certains aspects de ma vie est en cohérence avec ce que je suis, ce que j’étais avant cette rencontre. Il s’agit de maintenir la cohérence qui donne du poids à ma vie. Ce discernement n’est pas seulement ni d’abord une réflexion intellectuelle, mais consiste à voir en quoi ces changements apportent de vérité, de beauté, d’espérance dans ma vie et dans la vie des autres ; en quoi elles enrichissent les convictions fondamentales qui m’habitent, en quoi elles répondent à ma responsabilité devant Dieu et devant mes frères et soeurs. Pour mesurer la valeur et la richesse de ce qui a changé pour moi et pour les autres, il est sans doute très utile de prendre conseil auprès de personnes de confiance.

 

Vient ensuite un moment où je consens à changer mon regard, avec les conséquences qui en découlent. Changer son regard n’est pas toujours facile même si nous en percevons la richesse pour soi comme pour les autres. Avoir modifié son regard sur le monde et sur les gens n’est pas toujours évident car nos certitudes antérieures sont tenaces et viennent s’interposer dans notre désir de changer sans parler des rancunes qui obscurcissent la vue. Et puis, nous ne sommes pas infaillibles et nous pouvons nous tromper dans nos appréciations même si elles nous paraissent sur le moment les meilleures. C’est là que, soutenus par le regard des autres il faut réactiver la conviction que ce changement est meilleur pour moi comme pour les autres. Il convient donc à ce moment d’écarter la tentation d’un retour en arrière et trouver un véritable bonheur dans notre nouvelle attitude.

 

3- Changer mon regard vis-à-vis de Dieu

Comme chrétien, j’ai à la fois une certaine vision de Dieu héritée de mon éducation, de mon parcours, des relations que j’essaie d’avoir avec le Seigneur, des rencontres et des lectures que j’ai pu faire, et en même temps le sentiment que ma relation avec Dieu est un chemin sans cesse à reprendre et elle est toujours en recherche de vérité, ce qui implique des transformations permanentes. Cependant, l’acquis peut parfois m’apparaître comme tellement sûr que la perspective d’un changement n’est pas envisageable. C’est le cas de certains chrétiens qu’on peut appeler conservateurs : ce qui a été découvert à certaines époques est certainement le meilleur et doit être maintenu. On aurait tort de penser qu’il s’agit de sauvegarder la Tradition qui, justement par définition, est évolutive car elle se construit à chaque moment de l’histoire.

 

Je pense que Dieu me sollicite en permanence pour que je vive dans sa présence intérieure et dans son désir que ma vie soit en conformité avec mon véritable accomplissement. Cette présence tellement discrète qu’il nous faut beaucoup d’attention pour la percevoir, nous invite à nous tourner vers lui dans une relation sans cesse à purifier, à approfondir. Purifier ma relation avec Dieu est le travail conjoint de ma réflexion et de l’Esprit Saint. Il est normal de comprendre que notre relation avec Dieu peut être chaque jour à la fois plus vraie, plus mystérieuse aussi et plus réconfortante, lorsque son amour pour moi et pour le monde devient la source essentielle de ce que nous essayons de vivre avec Lui.

 

4- Changer mon regard vis-à-vis de moi-même

Le regard de Dieu sur moi passe bien souvent par le regard des autres. Si nous sommes souvent réconfortés par le regard bienveillant d’autrui qui apprécie à tort ou à raison ce que notre vie laisse apparaître, par contre nous avons des personnes qui, par amitié ou au contraire par malveillance nous révèlent des failles dans notre manière de penser ou de vivre qui à leurs yeux sont préjudiciables à ce que nous souhaitons construire de notre vie. Si nous acceptons humblement d’entendre ce qui nous est dit, nous pouvons estimer que telle ou telle remarque négative est juste, et que pour « grandir » humainement et spirituellement, il conviendrait de changer certaines choses en nous. Si nous avons le courage de rectifier ce qui nous a été révélé comme contraire à ce que la Parole de Dieu souhaite pour moi, alors notre vie va effectivement grandir et il convient alors de rendre grâce à Dieu pour ceux qui, consciemment ou non, nous ont montré un chemin qui nous rapproche de ce que Dieu souhaite pour moi.

 

5- La joie et la paix après avoir changer son regard sur Dieu et sur ceux qui nous entourent

Changer son regard peut parfois bouleverser notre vie, mais l’expérience nous montre que ce changement nous apporte un bonheur profond. Les récits évangéliques le disent  clairement et c’est la joie de Zachée, la liberté de la Samaritaine et de l’aveugle guéri en contraste avec la tristesse du jeune homme riche qui, espérons-le provisoirement, après la réponse de Jésus « devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ».

 

Nous avons tous conscience de la paix et du bonheur que nous apporte le sentiment d’une réelle cohérence de notre vie, même si nous avons tous des aspects incohérents dûs à notre faiblesse devant les difficultés de l’existence. Changer notre regard quand les événements, les circonstances nous y invitent nous fait grandir pour notre joie et notre paix intérieure.

 

Maurice Fourmond

Publié dans Conférences

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :