Le jugement

Publié le par Père Maurice Fourmond

Évangile d’un jour

Mercredi 30 Avril 2014

 

Jean 3, 16-21

 

16 Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. 17 Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. 18 Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. 20 En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne lui soient reprochées ; 21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses oeuvres soient reconnues comme des oeuvres de Dieu. »

 

    Cet évangile apparemment décousu est en fait d’une grande cohérence et très fondamental pour notre foi chrétienne. Je voudrais montrer le lien étroit entre trois paroles de ce passage ; d’abord le verset 17 : «Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé» ; puis la première phrase : «Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle» ; enfin la finale de ce texte : «Celui qui agit selon la vérité vient à la lumière». Ces paroles s’éclairent mutuellement pour faire grandir en nous l’espérance.

 

    Cinq mots vont nous permettre d’entrer peu à peu dans le mystère de notre relation avec le Dieu de Jésus Christ ; ce sont les mots de «jugement», «lumière», «amour», «vérité», et «vie éternelle».

 

    Le verset 17 affirme que Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour le juger. Il est donc question de jugement. Ainsi Dieu ne nous juge pas. Pendant des siècles les chrétiens ont vécu dans la peur du jugement de Dieu. Pratiquement une seule chose ressortait, c’était le péché qui encourait le jugement et la colère de Dieu. Quelle image de Dieu était véhiculée par cette vision de Dieu et combien en contradiction avec la première parole de ce passage. Il suffit de relire la parabole du fils prodigue en méditant l’attitude du père ou encore la parole de Jésus au bon larron sur la croix pour comprendre que Dieu ne nous juge pas. Nous nous jugeons nous-mêmes à la lumière d’un amour infini. Le fils prodigue de la parabole n’a vraiment compris ce qu’il avait fait qu’à la lumière de cet amour gratuit, sans jugement de son père qui court à sa rencontre, le prend dans se bras, l’embrasse et fait la fête. Le brigand crucifié à droite de Jésus lui aussi comprend la vérité de sa vie à la lumière de cet homme juste qui agonise à côté de lui: «Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal» Lc 23, 41. C’est seulement à la lumière de l’amour de Dieu pour moi que je peux prendre conscience du mal que j’ai fait. À la lumière de cet amour infini, je suis placé dans la vérité de ma vie. Le regard que je porte sur moi-même devient un regard vrai sans complaisance comme sans mépris, un regard qui comporte à la fois le regret et l’espérance.

 

    La lumière de l’amour de Dieu pour moi me place dans la vérité de ma vie avec la peine d’avoir trahi cet amour et aussi avec l’espérance que la profondeur de cet amour me donne. Cette rencontre ouvre notre vie sur la vie éternelle de Dieu qu’il me donne de partager.

 

    Cette rencontre se vit de nombreuses fois au cours de notre existence. Elle sera la rencontre définitive au moment de notre mort. Dieu ne nous jugera pas, mais placés dans la lumière éblouissante de l’amour qu’est Dieu en lui-même, nous nous jugerons dans la tristesse de toutes nos faiblesses et nos infidélités, mais aussi purifiés par cet amour, dans la joie immense d’un partage plénier de la vie, de la vie même de Dieu. 

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