"La moisson est abondante"

Publié le par Père Maurice Fourmond

Évangile d’un jour

 

Lundi 26 janvier 2015

 

Év. selon saint Luc 10, 1-9

 

    Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. 

    Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. 

    Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord :”Paix à cette maison.” S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. 

    Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira. Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : “Le Règne de Dieu est tout proche de vous.”

 

    C’est un évangile très riche en messages concernant la mission des disciples de Jésus que nous sommes. J’en retiendrai quatre.

 

    Le premier c’est lorsque Jésus envoie ses amis « deux par deux ». Nous savons dans le contexte juif de l’époque qu’un témoignage avait besoin d’avoir deux témoins pour être reçu. Jésus se conforme ainsi à l’usage juridique de l’époque. Toutefois il convient de voir plus loin. En demandant de partir deux par deux, Jésus nous rappelle que notre témoignage n’est pas seulement celui d’un individu isolé, mais le témoignage de plusieurs en lien avec toute une communauté croyante. Si mon témoignage ne renvoie pas à la foi d’un groupe, d’une communauté, d’une Église, il a peu de crédibilité. D’autre part, le fait de partir à deux a plusieurs avantages. Il permet un discernement plus juste l’un éclairant l’autre ; mais aussi à deux, on peut se soutenir, s’encourager, se rendre du courage lorsque les difficultés risquent d’entraîner au découragement. À deux on est plus fort.

 

    Ma seconde remarque concerne l’objet de la mission. Jésus parle de moisson. J’ai toujours été interrogé par cette parole. Jésus n’envoie pas ses disciples semer, mais moissonner. Ceci nous aide à comprendre que Dieu nous précède dans le coeur des gens. La semence de l’amour divin est déjà au coeur de la vie de toute personne humaine, travaillent chacun et permettant de pouvoir aimer un peu à la manière divine. Nous ne venons pas apporter l’amour de Dieu à l’autre, mais lui révéler un amour qui l’habite déjà. La mission est principalement un acte de révélation : je viens simplement te dire ce que tu vis déjà sans en avoir une conscience claire afin que ta joie soit parfaite.

 

    Une troisième réflexion concerne bien sûr l’absence de moyens extérieurs : « N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales ». Le Concile Vatican II le rappelait, c’est la seule force de la vérité qui peut toucher le coeur et l’intelligence des hommes. Certes la mission va exiger un minimum de moyen et nous le savons bien dans nos paroisses respectives. Toutefois,ce n’est pas la puissance des moyens utilisés qui assure le succès de la mission, mais la force et la qualité de la parole, la vérité du témoignage, et profondément la vérité de la vie.

 

    Enfin une dernière remarque à partir de la finale de cet évangile : « Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : “Le Règne de Dieu est tout proche de vous.”. Ce qui est frappant, c’est l’ordre dans lequel est indiqué ce qu’il convient de faire : il s’agit d’abord de guérir, puis après d’annoncer la proximité de Royaume. Nous le savons, une parole n’a de portée que si elle est accompagnée d’actes qui lui donne à la fois du sens et du poids. Sans cette « guérison » c’est-à-dire sans ce travail de libération, notre témoignage n’aurait aucun sens ni aucune portée. N’est-ce pas d’ailleurs ce que Jésus n’a cessé de faire tout au long de sa vie. Dans l’évangile de jeudi dernier (22 janvier) il est précisé que qu’une multitude gens viennent à Jésus parce qu’ils avaient entendu « ce qu’il faisait » c’est-à-dire toutes les guérisons qu’il opérait. Quand Jésus entre dans une maison comme chez Simon-Pierre à Capharnaüm, il commence par guérir comme la belle-mère de Pierre. Toute mission est un travail de libération de tous nos esclavages, libération de ce qui empêche de construire notre véritable humanité dans notre corps, dans nos relations, et bien sûr dans cette relation filiale avec le Dieu de Jésus Christ.

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