« Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! »

Publié le par Père Maurice Fourmond

Messe du 19 octobre 2016

Évangile de Luc 12, 39-48

 

Homélie

    Je voudrais partager avec vous deux réflexions que cet évangile me suggère. La première concerne la belle béatitude dite sur le bon serviteur : « Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! », c’est-à-dire comme il est précisé juste avant : en train de distribuer en temps voulu la ration de nourriture à ceux dont il a reçu la charge.

    Ainsi, dans ce passage, le maître déclare heureux le serviteur qu’il trouve lorsqu’il survient, en train de faire son travail. La parabole nous invite à être prêt pour la venue imprévisible du Seigneur. Or, « être prêt » ne consiste pas à se tenir sans cesse en prière, mais à accomplir fidèlement sa tâche dans la certitude qu’accomplir sa tâche est la prière qui nous tient le plus près de Dieu. Ce n’est pas pour sous-estimer les moments de prière où on se tient exclusivement près de Dieu, mais c’est pour signifier que « faire la volonté de Dieu » c’est accomplir toutes les tâches que demande notre condition de fils et filles de Dieu, de frères et soeurs les uns pour les autres ; c’est la façon la plus juste de se tenir prêt pour la venue de Dieu.

    Mais quelle est la tâche que Dieu nous a confiée ? Certes, il y a les tâches particulières qui viennent de notre histoire, de nos capacités, de nos choix. Mais pour chacun la tâche essentielle consiste à devenir ce que nous sommes c’est-à-dire à grandir en humanité, cette humanité que Dieu aime et qu’il appelle à partager son bonheur. Pour grandir en humanité, nous avons le bel exemple de Jésus de Nazareth. Nous avons sa vie, ses paroles, ses actes tels que ses amis les ont compris et nous les ont transmis.

    C’est en travaillant à faire grandir en nous et autour de nous l’humain, cette humanité selon Dieu, que nous serons prêts à accueillir le Seigneur.

    N’est-ce pas d’ailleurs ce que Jésus n’a cessé de faire. Certes, Jésus a passé beaucoup de temps dans la contemplation silencieuse de ce Père aimant et aimé. Cependant quand Jésus nous dit qu’il fait en tout la volonté du Père, il parle de la mission qui est la sienne et pour laquelle il a tout donné y compris sa vie.  Nous comprenons la mission de Jésus à travers tout ce qu’il a fait, déjà dans cette vie cachée que n’ont pas connue les apôtres, et bien sûr, à travers ce qu’il a fait pendant les deux ou trois ans de vie publique. Dans sa rencontre avec le centurion Corneille, Pierre va ainsi définir la mission de son maître : « Ce Jésus issu de Nazareth, vous savez comment Dieu lui a conféré l’onction d’Esprit Saint et de puissance ; il est passé partout en faisant le bien, il guérissait tous ceux qui étaient asservis par le mal, car Dieu était avec lui » Ac 10, 38.         Ainsi, la meilleure façon de nous tenir prêts pour la venue du Seigneur, est de faire sincèrement, humblement ce que nous montre l’exemple de Jésus.

    Cette béatitude dans cet évangile, nous met en face de nos responsabilités. Chacun de nous a reçu des dons, des capacités à sa mesure, à la mesure de son histoire qui l’a façonné. Nous avons à gérer ces dons pour le service des autres. Il nous en sera demandé compte. Nous savons que la véritable humilité ne consiste pas à se mépriser, à se considérer comme bon à rien, mais à mettre en oeuvre ce que nous avons reçu, en reconnaissant que nous ne pouvons pas nous enorgueillir de ce qu’il nous est donné de faire selon la parole de l’apôtre Paul : « As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? » 1 Co 4, 7.

    Ainsi une question grave nous est posée : qu’as-tu fais des dons que tu as reçus ? Il ne s’agit pas de se décourager ou de culpabiliser, mais, en nous appuyant comme Jésus sur l’Esprit Saint qui nous habite, reprendre le service selon nos possibilités et avancer dans l’espérance.

 

    L’autre réflexion que je voudrais partager avec vous porte sur la finale de notre évangile : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage ». C’est une parole que j’ai toujours gardé devant les yeux, conscient personnellement d’avoir énormément reçu. C’est cette parole qui hantait le vieux Saint Vincent de Paul. À la question de la reine : « Mais Mr. Vincent,  qu’auriez voulu faire que n’avez pas fait ? » Saint Vincent de Paul répond par un seul mot : « Davantage ».

    Encore une fois la parole de l’évangile ne nous est pas offerte pour nous culpabiliser mais tout au contraire pour nous demander de regarder l’avenir avec espérance.. Car cet avenir s’il nous appartient de continuer courageusement à le construire, nous sommes sûr de la présence discrète mais efficace de l’Esprit Saint.

    C’est pourquoi, la conclusion de cet évangile est de nous ouvrir à une totale confiance en celui qui, paradoxalement est à la fois un maître absent c’est-à-dire silencieux, mais aussi un Seigneur présent au coeur de nos vies par toute la présence de son amour infini.

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