« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Lc 4

Messe dimanche 27 Janvier

Évangile Luc 4

Homélie

Les deux premières lectures, en particulier le grand texte de saint Paul, nous aident à comprendre que toute société y compris religieuse a besoin d’avoir quelques critère d’organisation pour vivre et se développer. Saint Paul l’aborde en parlant des différentes fonctions dans la petite communauté chrétienne et il conclut en nous rappelant que nous sommes tous les membres d’un même corps, chacun ayant sa place indispensable pour la vie du corps.

Mais c’est l’épisode à Nazareth rapporté par Luc au chapitre 4 que je voudrais méditer avec vous. Nous voyons Jésus de retour à Nazareth « où il avait été élevé ». Luc précise que Jésus, « selon son habitude » se rend à la synagogue le jour du sabbat et, au moment de la lecture, il se lève et on lui remet le livre du prophète Isaïe. Luc nous dit que Jésus ouvre le livre et trouve le passage où Isaïe parle de l’action de l’Esprit qui est sur lui afin d’annoncer aux pauvres, aux captifs, aux aveugles, aux opprimés, la Bonne Nouvelle de leur guérison, de leur libération. Jésus lit ce passage, puis « rend le livre au servant et s’assit ». Selon la coutume, les participants attendent un commentaire, une interprétation de ce qui vient d’être lu. Et Jésus a seulement cette phrase : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ».

Cette parole de l’évangile que nous venons d’entendre ne s’adresse pas seulement aux auditeurs de Jésus, elle est une parole qui s’applique à nous aujourd’hui. Ainsi, ce matin, le Christ Jésus nous dit que la parole d’Isaïe s’accomplit aujourd’hui pour nous qui sommes réunis à Marie-Thérèse pour célébrer l’eucharistie. Jésus ne nous dit pas : mes amis, vous êtes pauvres, captifs, aveugles, dépendants, chacun de différentes manières, mais consolez-vous, demain vous serez libérés ! Jésus ne nous dit pas demain, mais aujourd’hui, comme les auditeurs de Jésus dans la synagogue de Nazareth pouvaient entendre que c’était aujourd’hui que cette libération annoncée par Isaïe  se réalisait pour eux. La Parole d’Isaïe s’accomplit pour nous aujourd’hui. Aujourd’hui, Dieu nous libère par la médiation de Jésus et de son Esprit. Comment cela peut-il se faire ? Nous sommes habitués à entendre cette question, comme Marie lors de la visite de l’ange. Par quel miracle cette parole s’accomplit pour moi aujourd’hui ? Il n’y a qu’une réponse : « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1, 37). Non pas que Dieu va modifier les événements de nos vies, mais il nous assure de sa présence, de la présence de son Esprit Saint pour nous aider à entreprendre dès aujourd’hui cette libération intérieure qui ouvre sur notre sainteté, sur une paix profonde et sur notre vie éternelle.

Cet évangile que l’Église nous propose en ce dimanche, ne nous renvoie pas seulement à un moment de la vie terrestre de Jésus, ni à un accomplissement après notre mort, mais à sa présence aujourd’hui, nous annonçant une bonne nouvelle pour l’aujourd’hui de notre vie. Saint Paul avait bien compris ce que Jésus avait dit dans la synagogue de Nazareth lorsqu’il affirme aux chrétiens de Corinthe : « En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut » (2 Co 6, 1-2). Oui, voici maintenant le moment favorable où s’accomplit la Parole de Dieu pour moi.

Mais en quoi la parole du prophète Isaïe dont Jésus nous affirma qu’elle s’accomplit aujourd’hui transforme-t-elle notre vie ?

Nous sommes invités à une double prise de conscience. L’une consiste à réaliser que sur certains aspects, nous sommes bien comme le décrit Isaïe. Il nous est possible de prendre conscience sans culpabilité ni découragement que notre vie a besoin d’être libérée, a besoin de lumière pour progresser sur le chemin de notre sainteté. Et il nous faut aussi entendre cette affirmation du Christ Jésus qui résonne comme une promesse : c’est aujourd’hui que tu peux grandir pour devenir ce que tu es vraiment, même si ce n’est qu’un pas modeste et moi ton Seigneur et ton frère je suis là pour te soutenir et te réconforter, assurer tes pas.

C’est donc vraiment une révélation, une Bonne Nouvelle qui nous est offerte à travers l’évangile de ce dimanche. Au lieu de regarder comme lointaine la promesse du Christ, entendons-la comme interrogeant ce matin notre existence, lui ouvrant une perspective de vie.

Quelle joie profonde de savoir que c’est aujourd’hui que le Seigneur vient nous soutenir afin que nous soyons vraiment libres comme le dit encore l’apôtre Paul « C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage » (Ga 5, 1). Comment ne pas être remplis de toute la force de vie du Christ Jésus qui nous est offerte dans cette eucharistie. Soutenus par cette énergie divine, nous pouvons trouver un chemin de libération pour notre bonheur et notre paix intérieure.