Le primat de la conscience

Publié le par Père Maurice Fourmond

 

Le primat de la conscience se fonde sur la responsabilité inaliénable de la personne humaine. Créés à la ressemblance de Dieu, nous sommes doués de raison et de liberté, même si l’une comme l’autre restent imparfaites. Cette imperfection donne des limites tant à notre raison qu’à notre liberté sans jamais les écarter car il y va de notre dignité d’hommes et de femmes.

On appellera donc la conscience ce qui est donné de raison et de liberté en chacun de nous, nous permettant de choisir et de diriger notre vie.


Mais nous savons que la raison comme la liberté ont besoin d’être “éduquées”. C’est ce que les moralistes appellent la conscience “éclairée”. Ceci pour dire que la sagesse comme la capacité de choisir ne sont pas spontanément justes, mais qu’elles ont besoin toutes deux d’être éclairées. Comment ? Nous avons plusieurs voies qui nous sont offertes. L’une est la reconnaissance par l’ensemble des humains d’une loi inscrite au plus profond d’eux-mêmes, les orientant vers ce qui est bon pour eux. Une autre voie est le regard et la parole donnés par des personnes en qui nous avons confiance. Ou encore, pour le chrétien, la Parole de Dieu partagée. Enfin plus profondément encore, notre disponibilité à l’Esprit Saint dans la prière.


Ces chemins sont indispensables pour “éduquer”, pour “éclairer” notre conscience. Si nous avons fait un effort “suffisant”  pour éclairer notre conscience, alors il est impératif de la suivre. Cette conscience est le critère dernier et unique qui oriente notre choix.


Trois remarques : L’une est que le résultat n’est pas un jugement sur le choix qui a été fait en conscience. Même si le résultat est négatif, infirmant la justesse du choix, celui-ci fait en conscience était “bon”. Si on avait choisi contre sa conscience suffisamment éclairée, on aurait mal choisi même si le résultat se serait avéré bon.


Ma seconde remarque concerne l’adverbe “suffisamment”. On peut toujours dire que nous n’avons pas assez cherché en vue d’éclairer notre conscience. Il reste qu’il nous est possible de dire en toute sincérité et loyauté que nous avons fait un effort réel bien qu’imparfait pour entourer notre conscience d’avis autorisés et donc de penser que notre conscience est suffisamment éclairée.


  Une troisième remarque concerne le risque. Même s’il est moralement bon et nécessaire d’agir selon sa conscience, la justesse et la “bonté” du résultat ne sont pas acquis automatiquement. C’est la possibilité de l’erreur, non pas une erreur dans la décision, mais une erreur dans le résultat.


Y a-t-il une part d’intuition dans nos choix ? Bien sûr car l’intuition n’est nullement une idée arbitraire, un coup de dés. L’intuition peut apparaître  à la conscience parce que, en amont, bien des éléments se sont combinés pour permettre cette espèce d’évidence intérieure. Certains l’appelle la “petite voix intérieure”. Elle est le fruit d’un long entraînement.


Ma conclusion serait donc l’importance de chercher à être “honnête”, “vrai” au moment de prendre une décision, en nous référant, dans une démarche spirituelle à la parole de Jésus qui nous a été proposée ces jours-ci : “Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous... Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité” Jn 14, 15-21.

 

Publié dans Essais

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