Je vous donne ma paix

Publié le par Père Maurice Fourmond

Mardi 24 Mai 2011

Jean 14, 27-31a

 

“A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. Désormais je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car le prince de ce monde va venir. Certes, il n’y a rien en moi qui puisse lui donner prise, mais il faut que le monde sache que j’aime mon Père, et que je fais tout ce que mon Père m’a commandé.»

 

Cet évangile me suggère deux réflexions. L’une à partir de la parole de Jésus au début de cet évangile : “C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne” Saint Thomas d’Aquin définissait la paix comme “la tranquillité de l’ordre”. L’ordre dans notre monde est bien souvent le prix de la domination d’une personne sur une autre ou d’un peuple sur un autre. On l’appelle la paix des armes. La paix ne vient que parce qu’il y a un vainqueur et un vaincu. Telle n’est pas la paix de Jésus Christ. Même si la paix intérieure suppose un certain ordre encore faut-il s’entendre sur le sens que nous donnons à ce mot “ordre”. En fait il faudrait sans doute mieux parler d’un “accord” entre le dire et le faire, entre ce que je crois et ce que je fais. C’est cette cohérence profonde qui est source de la paix. 

 

C’est cette cohérence qui habitait Jésus. Cela est dit très explicitement dans la dernière phrase de cet évangile : “J’aime mon Père et je fais tout ce que mon Père me commande”. C’est pourquoi Jésus était dans la paix même dans les souffrances de sa passion et de la croix car il était à chaque moment en plein accord entre ce qu’il vivait et son désir le plus profond : répondre pleinement au désir aimant du Père. Certes, pour nous, cet accord est fragile, imparfait, souvent menacé par notre propre faiblesse, par nos incohérences. Mais nous pouvons toujours demander au Christ qu’il réalise en nous sa promesse : C’est ma paix que je vous donne”.

 

L’autre réflexion m’est suggérée par la parole de Jésus : “Je m’en vais et je reviens vers vous”. Par ces mots, nous sommes confrontés, dans notre foi, au mystère de l’absence et de la présence : l’absence visible de ce Dieu que nous aimons et sa présence invisible au plus secret de notre vie. Dans son livre “Le Petit Prince”, Saint-Exupéry fait dire au renard au moment de quitte le Petit Prince : “L’essentiel est invisible pour les yeux”. Comment le percevoir ? C’est la confiance en la parole de celui que nous aimons. Jésus nous a assuré de sa présence jusqu’à la fin des temps, présence invisible, mais réelle et dont nous ne pouvons que découvrir après coup de l’efficacité de cette présence aimante.

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