«Je crois, viens au secours de mon incroyance !»

Publié le par Père Maurice Fourmond

Lundi de Pentecôte

20 mai 2013

Homélie

Marc 9, 14-29

 

    L’épisode que nous rapporte Marc est la guérison par Jésus d’un enfant épileptique. Cet évangile souligne la différence entre le pouvoir des disciples et le pouvoir de Jésus. Les premiers, devant la supplication du père, se sont montrés impuissants alors que Jésus va guérir l’enfant. Mais l’essentiel du récit se trouve dans les deux dialogues le premier entre le père de l’enfant et Jésus, le second entre les disciples et Jésus. Reprenons ces deux dialogues.

 

    Le père, déçu par l’impuissance des disciples a d’abord cette parole hésitante : «Si tu y peux quelque chose, viens à notre secours par pitié pour nous». Jésus reprend les mots du père «si tu peux» pour affirmer : «Tout est possible en faveur de celui qui croit». Juste avant, Jésus s’était plaint de l’incrédulité des gens : «génération incroyante». À La parole de Jésus, le père retrouve confiance et s’écrie aussitôt : «Je crois, viens au secours de mon incroyance !».

 

    Nous nous reconnaissons bien dans les réactions du père. Il y a en nous à la fois une volonté de croire mais aussi une part de doute et d’incrédulité. Notre prière rejoint celle du père : nous disons au Christ que nous croyons en lui, en sa Parole, mais aussi nous lui demandons l’aide de son Esprit Saint pour nous fortifier dans notre foi. C’est cette prière que nous chantons parfois avant notre profession de foi : «Oui, Seigneur, nous croyons, fais grandir en nous la foi». Nous prenons ainsi conscience que notre foi est en même temps un acte de confiance au-delà de nos doutes et en même temps un don de Dieu.

 

    Lorsque Jésus dit au père «tout est possible en faveur de celui qui croit», il n’entend pas affirmer qu’ainsi nos demandes seraient exaucées à la lettre, mais que notre prière est efficace pour opérer en nous ce qui paraissait impossible. Or ce qui est impossible sans le secours de Dieu est moins la guérison physique que la conversion intérieure qui oriente notre vie vers un amour plus authentique. D’ailleurs tous les miracles de Jésus ne sont que des «signes» pour nous inviter à entrer dans une nouvelle intelligence de notre vie en accueillant  la présence de l’Esprit filial en nous, nous conduisant comme dit Jésus «vers la vérité tout entière».

 

    Venons-en au second dialogue de Jésus avec ses disciples. Ceux-ci s’étonnent de n’avoir pas pu guérir l’enfant. Dans la pensée de l’époque, ce qui arrivait à l’enfant n’était pas attribué à une maladie, mais à la présence d’un esprit mauvais. Jésus n’avait pas de connaissances particulières et il pensait ce que l’on pensait à son époque. Il voit donc dans l’attitude de l’enfant l’oeuvre d’un esprit mauvais. Aujourd’hui, nous pouvons interpréter le geste de Jésus et comprendre sa réponse aux disciples sur la prière comme concernant la part mauvaise qui nous habite et habite tous les humains. Jésus rappelle que pour nous défendre de cette part mauvaise, c’est seulement avec l’aide la prière que nous pourrons nous convertir, guérir. Ainsi, l’évangile nous parle, à travers la guérison physique de l’enfant, de la capacité qu’a Jésus de guérir l’homme, de rendre quelqu’un à la vie. D’une vie blessée, d’une vie qui s’apparente à la mort, Jésus par sa parole en fait une vie debout : « L’enfant devint comme mort, si bien que tous disaient : « Il est mort. ». Mais Jésus, en lui prenant la main, le fit lever et il se mit debout». Voilà le fruit de la prière : nous remettre debout afin de vivre non pas d’abord d’une vie physique, mais d’une vie spirituelle, celle qui construit en nous notre résurrection.

 

    Mais nos esprits cartésiens peuvent interroger : dans le cas concret du récit, nous pouvons dire aujourd’hui qu’il s’agissait non d’un esprit mauvais, mais d’une maladie, alors comment comprendre l’importance de la prière dans la guérison ? Comme nous le disions, les miracles de Jésus nous renvoient à la visée spirituelle de notre vie. Quelque soit l’origine du mal qui affectait l’enfant, la prière de Jésus à son Père a été efficace et la guérison physique manifeste principalement la puissance spirituelle de Jésus, la puissance de sa prière à son Père comme il l’a dit devant le tombeau de Lazare : «Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces toujours». Ne nous attachons pas à savoir s’il s’agit d’une maladie ou d’un esprit mauvais, mais simplement à la puissance de la prière de Jésus qui ouvre à la vie.

 

    C’est dans ce sens qu’il convient de comprendre la parole de Jésus aussi le récit s’achève par une invitation à la prière. Prenons conscience de son importance pour construire notre vie, pour faire disparaître l’obscurité qui risque sans cesse de nous envahir. La prière qui nous permet, comme pour l’enfant de l’évangile, de nous relever, de nous remettre debout. Aussi rendons grâce à notre Seigneur Jésus Christ qui ne cesse de prier pour nous.

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