Discerner ce qu'il convient de faire

Publié le par Père Maurice Fourmond

Évangile d’un jour

7 septembre 2018

Luc 5,33-39

 

« En ce temps là les pharisiens et les scribes dirent à Jésus : « Les disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, les tiens mangent et boivent ! »

Jésus leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, en ces jours-là, ils jeûneront. »

Il leur dit aussi en parabole : « Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le morceau qui vient du neuf ne s’accordera pas avec le vieux. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues. Mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves.

Jamais celui qui a bu du vin vieux ne désire du nouveau. Car il dit : “C’est le vieux qui est bon.” »

 

Dans la première partie de l’Évangile des pharisiens et des scribes posent une question à Jésus concernant le jeûne et la prière que les disciples de Jésus ne semblent pas observer. Jésus va répondre en disant que ce n’est pas le moment pour ses disciples de jeûner en raison de sa présence au milieu d’eux. Au-delà de l’aspect symbolique de la présence et de l’absence du Christ avant et après sa mort, il me semble que le message pour nous aujourd’hui est ailleurs. Je pense que Jésus veut nous rappeler qu’il y a un temps pour chaque chose.

C’était déjà ce que disait l’auteur de l’Écclésiaste (en grec le Qohéleth), mot qui désigne le président d’une assemblée. Au chapitre 3, nous lisons ce texte bien connu qui commence par ces mots : « Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour donner la vie, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ». On pourrait dire : un temps pour l’ascèse et un temps pour la joie et le plaisir. Au fond Jésus nous invite à réfléchir à ce qu’il convient de faire à tel ou tel moment de notre vie, de notre journée. Il y a des moments pour la prière et des moments de silence, des moments où il convient d’avoir une attitude ascétique et des moments où il faut se dépenser pour le service d’autrui.

Quand j’étais jeune, on m’avait parlé de Guy de Fontgalland, cet enfant mort à 11 ans et qui avait un vrai sens de la vie avec Dieu. On m’avait raconté qu’à la question : "que ferais-tu si tu savais que tu dois mourir dans quelques minutes ? " Ce jeune enfant aurait répondu : "je continuerais à jouer". Il s’agit bien d’être et d’agir à chaque moment selon ce qu’il nous est demandé de faire. Mais le plus important est moins ce que l’on fait que la façon dont nous allons le vivre. Le plus important est ce qui nous habite et qui donne du sens à ce que nous décidons de faire.

Lui-même Jésus a su se réjouir au repas de noces à Cana, comme il a pu se retirer tôt le matin pour prier. Mais dans la joie des noces ou la nuit de l’épreuve, il avait toujours présent au coeur un amour indéfectible pour Dieu son Père et pour ses frères. C’est cet amour qui donnait du sens à tout ce qu’il faisait.

 

La seconde partie de l’évangile n’est pas simple. Là encore, dépassons l’opposition trop souvent avancée entre le vieux et le neuf, entre la tradition et la créativité. Je pense qu’il nous faut réfléchir plus loin pour prendre conscience que la vie est, par définition, évolutive. Tout ce qui est vivant évolue. Notre propre vie en est la preuve évidente. La vie est toujours en train de bouger, d’évoluer ; ce qui ne bouge plus est mort. Ceci est valable pour chacun, comme pour toute institution, y compris notre Église. La parabole de Jésus nous invite à comprendre que ce qui est vivant bouge, évolue, change. Cela ne comporte aucunement un jugement négatif sur le passé. Simplement ce qui était bon à une époque ne l’est plus nécessairement, tout au moins de la même façon à une autre. Jésus concluait sur la bonté du vin vieux montrant ainsi qu’il respecte tout à fait ce qui est ancien. Cela ne doit pas nous fixer sur des manières de penser et d’agir immobiles. L’évolution du monde exige des disciples de Jésus de trouver des formes nouvelles pour faire entendre la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

Alors ma prière au cours de cette eucharistie serait de demander à l’Esprit-Saint la grâce du discernement dans ces deux aspects que nous suggère l’évangile : le discernement pour choisir ce qui est bon à tel moment et le discernement sur cette évolution qui, si elle comporte des aspects qui détruisent l’homme, exige aussi des transformations personnelles et institutionnelles nécessaires pour répondre en vérité à l’appel du Seigneur.

Seigneur donne-nous, par la médiation de Jésus Christ, de savoir choisir ce qui est bien en sorte que ton Royaume de vérité et de paix puisse grandir dans notre vie et dans la vie du monde.

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