La résurrection n’est pas autre chose qu’être transformé par et dans l'amour divin qui nous habite

Publié le par Père Maurice Fourmond

Veillée Pascale 2019

Homélie

 

Chers amis, en cette veillée pascale, nous prenons conscience, à cause de Jésus mort et ressuscité, de notre véritable destinée. Le livre de la Genèse nous rappelait que toute personne humaine est créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, ce qui veut dire qu’il y a en chacun, quelque chose de divin, un amour divin qui est la source de toute vie humaine. Cette source commence à nous irriguer et à nous transformer dès le premier instant de notre vie. Cette source qui donne sens à notre vie, qui la transfigure a le nom de résurrection. La résurrection n’est pas autre chose qu’être transformé par et dans cet amour divin. Nous sommes donc en travail de résurrection dès le premier instant de notre vie. Nous construisons déjà notre résurrection chaque fois que nous laissons un amour vrai dont les chrétiens nomment la source, le Dieu de la vie, nous habiter et habiter nos pensées et nos actes. Nous croyons que c’est notre travail mais c’est dans le souffle vivant de l’Esprit saint.

 

C’est ainsi que nous avançons peu à peu, difficilement, avec des hauts et des bas vers notre accomplissement humain que nous appelons notre parfaite divinisation ou encore notre résurrection plénière et définitive. Ainsi notre résurrection trouvera son achèvement au moment de notre mort. Pendant notre vie terrestre, nous avançons peu à peu en laissant l’amour de Dieu habiter nos pensées et nos actes à travers des passages certains heureux d’autres douloureux, mais qui nous font grandir et dans lesquels nous pouvons reconnaître la présence de Dieu. Nous vivons déjà souvent une Pâque, un passage de la mort à la vie. Au moment de notre mort, nous serons pleinement divinisés avec et dans le Christ vivant.

 

Nous savons que la Pâque évoque le passage des Hébreux à travers la mer des joncs selon le texte de l’Exode que nous avons entendu tout à l’heure, passage de l’esclavage à la liberté. Mais pour nous chrétiens, ce mot évoque plus encore. Le Père Teilhard de Chardin, ce visionnaire mort le jour de Pâques 1955, voyait l’univers tout entier sous le signe du « passage » : passage de la matière à la vie, puis de la vie animale à une humanisation, enfin de l’humanisation à une divinisation.

 

Nous avons sans cesse à opérer des passages. En cette nuit de Pâques, nous célébrons le Christ Jésus qui nous a ouvert ce passage en nous associant déjà à sa résurrection. Lui-même Jésus a montré le chemin en vivant sa condition humaine dans le service et le don, habité par un amour divin qui l’a conduit jusqu’à donner sa vie pour nous. Mais l’amour du Père qui l’habitait l’a fait passer de la mort à la vie tout au long de son existence et définitivement dans sa mort sur la croix. Et Jésus nous associe tous à ce passage vers le partage de l’intimité de Dieu, le passage dans la vie divine, le passage de notre humanité divinisée, déjà dès maintenant et pleinement au moment de notre mort humaine. Ce passage est signifié dans le rite du baptême, et nous tous, dans cette nuit de Pâques, nous redécouvrons éblouis, ce nom qui surpasse tout les noms, celui de fils, de fille de Dieu, rien de moins, ce nom qui nous est offert à cause du Christ et avec lui. En cette nuit de Pâques, nous est redit notre véritable nom, notre véritable identité, notre véritable destinée : participer, avec le Christ, à l’amour qu’est Dieu lui-même.

 

Bien sûr, pour aucun d’entre nous le passage n’est achevé. Nous sommes encore au milieu de gué, ballottés entre des désirs contradictoires, entre l’appel à vivre à la manière de Jésus, selon l’évangile et les sombres désirs qui nous habitent et nous ramènent en arrière. Mais en cette nuit de Pâques, nous est donnée la certitude que Jésus nous entraîne sur ce chemin de vie et que, si nous acceptons de ne pas quitter sa main, nous traverserons le gué et nous déboucherons sur l’autre rive, celle de la lumière de Dieu.

 

La victoire de Jésus sur le mal et la mort est aussi notre victoire. C’est ce combat spirituel que Jésus a mené tout au long de sa vie terrestre, et que nous avons à mener chacun à notre mesure, dans la banalité de nos vies quotidiennes. Car la Pâque, le passage est à vivre chaque jour ; il s’agit de passer chaque jour de nos tendances égoïstes à la vérité de l’amour de Dieu et des autres.

 

Passer, veut toujours dire quitter quelque chose. C’est aussi cela le combat spirituel : abandonner cette obscurité dans laquelle nous nous complaisons, où nous sommes à l’aise, pour advenir à la vérité dure mais libérante de ce que nous sommes vraiment. C’est dans la contemplation du ressuscité que nous découvrirons notre véritable visage celui de filles et de fils bien-aimés de Dieu. Que ce soit notre joie en cette nuit de Pâques.

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