Assomption de Marie

Publié le par Père Maurice Fourmond

Homélie 15/8/2019 Année C
Evangile de la Visitation

Pour cette fête de l’Assomption, l’Église nous propose comme évangile le récit de la visite de Marie à sa cousine Élisabeth. Ce récit exprime bien la vocation de Marie à l’image de son fils Jésus. Contrairement aux rabbis de son époque, Jésus a été un itinérant, allant visiter les bourgs et les villages. En arrivant, il commençait par soulager la souffrance des gens, témoignant ainsi de l’amour de Dieu pour les hommes. Nous voyons que Marie a la même attitude. À peine a-t-elle reçu l’annonce qu’elle était enceinte d’un fils, habité par l’Esprit de Dieu, qu’elle quitte son village pour aller aider sa cousine Élisabeth âgée et qui devait accoucher dans trois mois.

Marie va exprimer son « oui » de l’Annonciation par le service. A l’Annonciation elle a dit « Je suis la servante du Seigneur » et à la Visitation, elle traduit en acte ce don généreux en étant la servante de sa cousine âgée. Sans doute, Jésus a appris à être serviteur, en voyant sa mère se mettre au service des gens, comme elle le fit pour Élisabeth qui avait besoin d’elle.

Le « oui » que nous essayons de dire à notre Dieu, si fragile soit-il, doit, comme Marie, comme son fils Jésus, se traduire en service. C’est en étant servante, serviteur, que nous réalisons ce que nous sommes en vérité, certes des filles et des fils aimés de Dieu, mais aussi des soeurs et des frères les uns pour les autres et que nous aimons en vérité en donnant de nous-mêmes dans un service généreux.

Mais, méditons quelques instants sur cette rencontre entre Marie et sa cousine. À travers les paroles des deux femmes, nous voyons à la fois le respect réciproque et aussi que chacune permet à l’autre de mieux reconnaître le mystère de leur vie. Chacune confirme à l’autre la profondeur de sa vie. C’est la salutation de Marie qui éveille le mystère d’Élisabeth, le mystère de

cet enfant qu’elle porte : « l’enfant a tressailli d’allégresse dans mon ventre ». Et c’est la parole d’Élisabeth « comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Sauveur vienne jusqu’à moi ». Cette parole éclaire à nouveau le mystère de Marie, elle vient confirmer ce qu’elle est, la mère du Messie attendu. Ainsi ces deux femmes sont « prophètes » l’une pour l’autre ouvrant l’autre au mystère de sa vie.

Cette rencontre n’est-elle pas un exemple pour nous qui, de par notre baptême, avons à être prophètes les uns pour les autres. N’avons-nous pas comme mission de révéler à l’autre qui il est ? Lorsque des adultes viennent demander le baptême, le rôle des accompagnateurs n’est pas d’abord de leur apprendre des choses sur Dieu, sur Jésus Christ, mais de leur révéler qu’ils sont déjà habités par le Dieu qui les aime et que l’Esprit Saint est déjà au travail dans leur vie.

Qui est au coeur de la rencontre si profonde entre Élisabeth et Marie, quelle en est la source ? L’évangile nous le dit : c’est l’Esprit Saint. L’Esprit Saint qui habitait Marie (« L’Esprit saint te couvrira de son ombre »), l’Esprit saint qui habitait Élisabeth (Élisabeth fut remplie de l’Esprit saint et s’écria d’une voix forte »). C’est l’Esprit Saint qui est le « grand communicateur », c’est lui permet une communication d’amour ; il permet l’échange d’amour en Dieu entre le Père et le Fils. Pour nous, c’est l’Esprit saint qui nous permet de voir l’invisible, de le comprendre et d’en faire notre joie.

Cette rencontre d’Élisabeth et de Marie, avec l’étonnant dialogue entre ces deux femmes où elles expriment des réalités cachées essentielles, n’a pu avoir cette profondeur, n’a pu laisser l’Esprit Saint éclairer et soutenir leurs paroles, que parce que l’une et l’autre avait un coeur disponible. C‘est cette disponibilité que nous pouvons demander en cette fête de Marie. La disponibilité ne demande pas des choses exceptionnelles, elle est à notre

portée avec nos générosités et nos faiblesses. Chez Élisabeth, c’était son recueillement étonné dans une vie de fidélité à Dieu ; Luc nous dit que Zacharie et son épouse « étaient des justes devant Dieu ». La disponibilité de Marie s’est exprimée par son « oui », « qu’il m’advienne selon ta parole » dira-t-elle au messager de Dieu, mais aussi par sa hâte à rendre service à sa cousine. C’est ainsi que, remplies de l’Esprit Saint, elles purent se révéler l’une à l’autre les merveilles que Dieu accomplissait en elles.

Pour notre vie, un aspect important de cette rencontre entre Marie et Élisabeth est la joie qui s’en dégage. « L’enfant tressaille d’allégresse... Heureuse es-tu... Mon esprit exulte ». Le service des uns pour les autres est source d’une joie profonde. Nous avons tous certainement éprouvé une joie intérieure après avoir aidé quelqu’un qu’il soit un ami ou un inconnu. C’est ce que Jésus entant nous dire dans la parabole des serviteurs qui ont bien fait leur travail : entre dans la joie de ton Seigneur » (Mt 25, 21).

N’est-ce pas le sens de cette fête de l’Assomption de Marie. Elle signifie l’accomplissement de ce qui était déjà commencé dès le premier instant de sa vie, cette transparence à l’amour et à la présence de Dieu, cette disponibilité intérieure et ce don d’elle-même dont sa visite à Élisabeth est un bel exemple.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :