« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Mt 14, 22-33

Publié le par Père Maurice Fourmond

Homélie du 9 août 2020

(Mt 14, 22-33)

Je voudrais méditer avec vous l’attitude de l’apôtre Pierre dans l’évangile que nous venons d’entendre.
Pierre, nous le savons est un homme attachant, spontané, impulsif, voire souvent présomptueux. C’est lui qui le premier prend la parole quand Jésus demande à ses amis ce qu’ils pensent de lui, c’est lui après la résurrection de Jésus qui se jette à l’eau lorsque son compagnon Jean lui dit que l’étranger sur le rivage est le Seigneur vivant, c’est lui qui, à la dernière Cène affirmera qu’il n’abandonnera jamais son maître et pourtant, c’est lui qui le reniera trois fois dans la cour du grand prêtre.

Mais il est tout prêt à faire confiance à Jésus, aussi quand il demande à son maître d’aller vers lui et que Jésus lui dit « viens », il n’hésite pas et marche sur l’eau.
Nous aimerions avoir la même confiance que Pierre et nous engager sans hésitation sur la route de notre vie, soutenus par le souffle de l’Esprit Saint. D’ailleurs, j’en suis sûr, nous avons donné de nombreux signes de notre fidélité au Seigneur.

Mais la mer est mauvaise et les vents violents, Pierre a peur, il pense qu’il est perdu et qu’il va périr. Cela nous arrive aussi souvent à nous. Quand tout va bien, on se sent apaisé et tranquille, mais quand surviennent des événements difficiles, douloureux, nous perdons pied. Comme Pierre, il nous arrive d’avoir des moments où nous nous sentons perdus, où nous avons l’impression que notre vie n’a plus de sens, que la mort est la seule issue, et comme le prophète Élie fuyant la colère de la reine Jézabel, nous disons : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » (1 Rois 19, 4).

Dans cette situation, Pierre pense à son ami Jésus et c’est son cri : « Seigneur, sauve-moi ! ». Nous aussi, dans les moments difficiles de notre vie, quand nous avons le sentiment que tout est perdu, nous pouvons nous tourner vers le Christ Jésus pour lui crier comme Pierre « Seigneur, sauve- moi ! ».

Et l’évangile de Matthieu continue, rappelez-vous : « Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit ». Nous croyons que le Christ Jésus est attentif à ce que nous vivons, il voit le danger où nous sommes et sans tarder, il nous prend la main. Certes, il ne modifie pas les événements de nos vies, il ne va pas agir à notre place. Mais il nous prend la main, ce qui signifie qu’il entend partager notre vie telle qu’elle est, avec ses joies mais aussi avec ses difficultés et ses épreuves. Savoir que le Christ nous tient la main, vient nous redonner confiance, et nous donne la force d’affronter ce qui nous arrive en sorte que, malgré tout, l’événement nous fasse grandir dans cet amour qui est source de vie éternelle.

Vient alors dans l’évangile une petite phrase qui nous fait réfléchir. C’est Jésus qui s’adresse à Pierre : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Bien sûr, nous savons dans notre foi que Dieu ne nous abandonne jamais ; le fait d’avoir pris en Jésus notre condition humaine en est la preuve, mais nous l’oublions ou hélas nous doutons de sa présence, de sa compassion, de l’efficacité de cette présence divine au creux de nos détresses. C’est alors qu’il nous « faire mémoire » comme dans l’eucharistie que nous célébrons, faire mémoire de la présence de cet amour divin victorieux du mal. N’est-ce pas d’ailleurs le sens de l’évangile d’aujourd’hui.

L’eau peut être un symbole de mort, montrer Jésus marchant sur l’eau est le signe qu’il est vainqueur du mal et de la mort. C’est cette con fiance en un amour de Dieu plus fort que la mort qu’il nous est demandé de renouveler particulièrement dans les moments de détresse.

Alors, comme dit l’évangile : « Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba ». La confiance en la présence de Dieu dans notre vie n’empêche pas la souffrance de l’épreuve, mais en même temps, elle nous apporte cette paix intérieure, ce calme qui est le fruit de cette présence aimante.

Que notre eucharistie nous permette d’entrer dans l’attitude de l’apôtre Pierre en comprenant que nous sommes ce matin dans la barque avec Jésus calmant le vent mauvais de notre vie.

Publié dans Evangile de Matthieu

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