Où est ton trésor ?

Publié le par Père Maurice Fourmond

 

17è dimanche année A

Le 27 juillet 2014

 

Évangile selon Saint Matthieu 13, 44-52 Le trésor et la perle

Homélie

 

    Ces deux paraboles de Jésus interroge notre vie concrète. La première réflexion que je me suis faite est cette certitude : un trésor est caché dans ma vie. Qu’est-ce qui peut me faire dire cela ? Justement ma foi me le dit. Toute la Révélation nous dévoile la relation que Dieu souhaite avoir avec notre humanité. Dieu nous dit que chacun de nous est précieux, chacun est unique, chacun, comme le dit le livre de la Genèse, est créé à la ressemblance de Dieu. Ceci veut dire qu’il  y a en chacun de nous quelque chose de divin. Il y a en chacun de nous une présence divine qui n’est autre que l’amour infini de Dieu source de tout amour. Alors, ce trésor caché, cette perle précieuse ne seraient-ils pas cet amour divin, cette présence mystérieuse mais réelle de l’amour infini de Dieu en moi. 

 

    Alors, le premier enseignement de cet évangile serait de prendre ou reprendre conscience du trésor qui nous habite, du trésor qui habite ma vie ; prendre ou reprendre conscience que ce qui caché au plus profond de ma vie n’est autre qu’un amour divin habitant mon propre amour.

 

    Toutefois l’évangile précise qu’ayant compris qu’il y avait ce trésor ou cette perle, l’homme va vendre tout ce qu’il possède afin de les acquérir.  Faut-il tout vendre, tout perdre pour acquérir le trésor qui est caché en nous ? Pourtant c’est bien ce que Jésus nous a dit de multiples manières. Lorsque le jeune homme riche vient trouver Jésus et lui demande ce qu’il doit faire pour acquérir la vie éternelle, il a bien découvert un trésor qu’il appelle la vie éternelle, mais il n’est pas prêt à vendre tout ce qu’il a et il repart tout triste « car il avait de grands biens ». Ou encore lorsque Jésus dit : Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » Lc 12, 33-34. Et comment ne pas citer cette parole étrange : «Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera » Mt 10, 39.

 

    Pour acquérir le trésor de l’amour qui est caché au plus profond de nous, il faut accepter d’en payer le prix, non pas que l’amour s’achète, mais l’amour qui est don de soi suppose de se quitter ou comme dit Jésus de se perdre. Il est un mot qui peut désigner cet attachement mortel à soi-même, c’est le mot « égoïsme » ou encore l’égo centrisme. Le trésor va demander de quitter son ego car le trésor est celui d’un amour qui est don de soi.

 

    La dernière partie de notre évangile apporte un éclairage intéressant. D’abord avec la parabole du filet. J’ai envie d’interpréter cette parabole en la rattachant aux deux précédentes. Le trésor est bien là, mais, lorsqu’on l’a retiré, il comporte comme le filet du bon et du moins bon, ce qui veut dire que lorsque nous pensons avoir découvert le vrai trésor, encore faut-il ne pas se tromper. Pour rester dans l’esprit marin de cette dernière parabole, combien d’huitres ne faut-il pas ramasser avant de trouver celle qui contiendra la perle fine. Au fond Jésus vient nous dire : ne vous trompez pas de trésor, sachez discerner ce qui a de la valeur et ce qui ne vaut rien. Ce discernement est particulièrement important à notre époque où règne une certaine confusion des valeurs. Il nous faut prier l’Esprit Saint de nous aider à discerner comme dit la parabole « ce qui est bon et ce qui ne vaut rien ».

 

    Ce travail de discernement ne peut être fait tout seul. C’est en réfléchissant à plusieurs, en partageant notre quête spirituelle avec d’autres que nous pourrons recueillir une lumière suffisante pour ne pas nous tromper ou du moins pour y voir plus clair dans cette appropriation du trésor qui nous habite.

 

    Enfin la dernière phrase de l’évangile comporte encore bien des interrogations. Je vous la rappelle : « tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien ». Comment interpréter cette parole d’autant plus que Jésus a des paroles assez contradictoires lorsqu’il dit : « Personne ne pose une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement, car le morceau ajouté tire sur le vêtement, et la déchirure s’agrandit ». Il dit pareil pour les outres qui recueillent le vin en Saint Matthieu (9, 16-17) ; toutefois Saint Luc dans un passage parallèle remarque que tout de même le vieux vin est le meilleur (Lc 5, 39). Alors que penser de la parole de Jésus ? Jésus a été élevé dans la tradition juive ancienne dont il a respecté l’esprit, mais il a ouvert de nouveaux horizons. Alors peut-être que la parole de l’évangile nous invite à ne pas rejeter ce qui est ancien pour la seule raison que cela est ancien pas plus qu’il ne convient de s’enfermer dans le passé car la vie et la vie avec Dieu est toujours neuve, toujours nouvelle.

 

    Rendons grâce à Dieu dans cette eucharistie pour le trésor de son amour dont il nous donne sans cesse de nouveaux témoignages.

Publié dans Homélies du dimanche

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