"Seigneur, à qui irions-nous ?"

Publié le par Père Maurice Fourmond

Dimanche 26 août 2018

21ème dimanche année B

Évangile Jean 6, 60-69

Je voudrais faire trois remarques à partir de ce passage de l’évangile selon Saint Jean qui clôt le grand discours sur le pain de vie.

Ma première remarque est à propos de la réflexion de beaucoup de disciples de Jésus qui, entendant ses paroles disent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » En quoi et pourquoi les paroles de celui qui s’est voulu « doux et humble de coeur », qui affirmait « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous procurerais le repos », en quoi les paroles de cet homme sont-elles « rudes » au point que beaucoup de ses disciples vont le quitter.

Plusieurs réponses peuvent être avancées. Les paroles de Jésus heurtent l’esprit rationnel ou même le bon sens et suscitent un rejet. On peut alors penser qu’il s’agit d’une mauvaise interprétation des paroles de leur maître, mais interprétation qui l’emporte sur ce qu’ils ont vécu d’important auprès de Jésus. Mais il y a une réponse peut-être plus juste. La réponse serait que construire sa vie, construire un monde fraternel où il fait bon vivre n’est pas une tâche évidente tant nous sommes habités par notre souci d’un bien être personnel, notre individualisme, notre désir de posséder... toutes choses qui nous détournent de notre véritable bonheur. La parole de Jésus est rude car elle fait appel au meilleur de nous-mêmes alors que, par ignorance, lâcheté ou perversité nous nous détournons de notre véritable bien. La vie est un combat, la sainteté est un combat et il nous faut accepter de tenter avec générosité d’orienter nos vies dans le sens de notre vrai bonheur ce qui est bien souvent considéré comme difficile, comme rude : « cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »

Cependant et ce sera ma seconde remarque, ceux qui vont s’écarter de Jésus sont ses disciples, ceux qui l’ont suivi, qui ont découvert en lui un maître de sagesse, plus encore un maître spirituel qui ouvrait leur vie sur Dieu. On ne peut pas minimiser la générosité et le désir de ces disciples. Alors ? Pourquoi vont-ils quitter Jésus ? C’est que suivre le Christ est un choix libre qu’il convient de réaffirmer en particulier dans les moments où les choses sont plus obscures et difficiles. C’est le choix que Jésus demande à ses plus proches disciples, ses apôtres : « Voulez-vous partir vous aussi ? » Parole douloureuse de Jésus mais qui laissait ses apôtres libres de partir ou de continuer à le suivre.

Le choix de suivre Jésus est sans cesse confronté aux aléas d’une vie qui n’est pour personne « un long fleuve tranquille ». Même si nous avons fait ce choix un jour dans l’élan et la générosité de notre coeur, il convient de refaire ce choix chaque jour. C’est tous les matins qu’il nous faut redire : « Seigneur, je fais le choix de te suivre malgré les obscurités et les difficultés de ma vie. Mais sur quoi fonder son choix ?

Ma dernière remarque va reprendre comme une invitation pressante qui nous est adressée, le choix de Pierre. Pierre, prenant la parole pour lui-mêmes, mais aussi au nom de tous ses compagnons : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ». Et il ajoute cette belle profession de foi : « Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu ».

Le choix de Pierre comme le nôtre n’est pas un choix irréfléchi, ni un pari à la manière de Pascal. Il est fondé sur son expérience. Les autres disciples qui ont choisi de quitter Jésus avaient aussi une certaine expérience d’une vie partagée avec ce Jésus, mais ils n’ont pas su ou pas pu l’interpréter, en comprendre la portée. C’est pourquoi, la fidélité est l’objet à la fois de notre décision personnelle, mais aussi d’une grâce divine.

La parole de Jésus ce dimanche nous renvoie donc à un choix pour l’aujourd’hui de notre vie et à notre propre expérience que la parole de Jésus est une parole de vie et de vie éternelle.

On me demande parfois pourquoi je continue à croire en ce Jésus qui a vécu voilà plus de 2000 ans. Ma réponse rejoint, je cois, la réponse de Pierre. Je m’attache au Christ Jésus parce que sa vie, ses paroles donnent du sens à ma vie, m’ouvrent sur un accomplissement que je ne peux pas imaginer, donnent une espérance et un dynamisme qui soulèvent ma vie malgré ses difficultés, ses obscurités et ses faiblesses. Oui, je peux dire à la suite de Pierre : « Seigneur tu as vraiment des paroles de vie, des paroles qui me font vivre et ouvrent ma vie sur l’éternité de Dieu ».

Au cours de cette eucharistie, redisons notre choix de continuer à suivre le Christ Jésus car il a vraiment pour chacun et pour notre humanité toute entière, des paroles qui font vivre

Publié dans Homélies du dimanche

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