Je suis invité par Dieu

Publié le par Père Maurice Fourmond

28è dimanche A 

Le 12 Octobre 2014

Halte spirituelle CVX

Évangile : Matthieu 12, 1-14  les invités aux noces.

 

Homélie

 

    L’évangile de ce 28è dimanche n’est pas directement en rapport avec le thème de notre halte spirituelle. Toutefois, la parabole que Jésus nous propose nous invite à une profonde réflexion. Relisons cette parabole pour en recueillir les messages de bonheur.

 

    En effet, le premier point que  la parabole nous suggère est que je suis invité par Dieu et invité non pas pour rendre un service, pour un travail comme dans d’autres paraboles comme pour aller travailler à la vigne, mais Dieu nous invite pour notre joie et notre bonheur ; la parabole parle de noces, des noces du fils du roi. Ainsi, quand Dieu invite, c’est pour la joie et le bonheur, symbolisés par le repas de fête. Nous avons parfois la représentation d’un Dieu sévère, d’un Dieu qui compte nos bonnes et nos mauvaises actions et qui ne manque pas de nous culpabiliser tant nous nous connaissons faibles et fragiles. Tel n’est pas le Dieu de Jésus Christ. Le roi invite les bons et les mauvais ; Jésus a dit : « Je ne sous pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » Mt 9, 13. Et le premier signe de l’amour de Dieu au début de la vie publique de Jésus a été, au cours d’un repas de noces, de transformer l’eau en un vin délicieux et cela en surabondance.

 

    La vie chrétienne, si elle exige un effort de notre part, a comme objet d’apporter du bonheur. C’est ce que Dieu souhaite le plus pour nous. Alors, prenons conscience que Dieu nous invite à être heureux et cela malgré les difficultés et les souffrances de la vie.

 

    Le second message de cette parabole, c’est la liberté que nous avons d’accepter ou de refuser l’invitation de Dieu. Nous savons que Dieu, malgré toute la puissance de son amour ne peut forcer personne à l’aimer. C’est une des limites infranchissables de la toute puissance de Dieu. Ce n’est que dans la liberté que je peux dire à Dieu que je l’aime ; c’est moi et personne d’autre qui peut répondre à l’invitation personnelle que Dieu m’adresse. Alors,soyons dans l’action de grâce pour cette liberté qui est notre dignité et cela malgré nos hésitations et nos refus.

 

    Une troisième remarque, c’est que l’invitation de Dieu passe toujours par des médiations humaines dont bien sûr la plus décisive a été ce don que Dieu a fait à l’humanité en Jésus de Nazareth. C’est le sens de ces serviteurs que le roi envoie sur les routes. Jésus est le serviteur qui est venu nous chercher pour nous inviter à partager la joie de son Père. Dans notre vie spirituelle, nous voudrions parfois avoir une relation directe avec Dieu, nous voudrions que Dieu parle sans intermédiaires. Mais l’être de Dieu nous échappe totalement, il est le Tout-Autre et c’est seulement par des médiations à notre portée, des médiations humaines que nous pouvons entrer en relation avec lui. C’est par des signes humains que Dieu nous adresse son invitation. 

 

    Nous sommes donc appelés à l’humilité pour reconnaître et accueillir les signes que Dieu ne cesse de nous envoyer et à travers lesquels il nous dit son désir de nous rencontrer et de nous offrir sa joie. Ces signes sont multiples, discrets et ils demandent d’avoir un coeur ouvert pour les reconnaître. Ce sera la parole de Dieu, la parole d’un frère ou d’une soeur qui va nous toucher, tel événement de notre vie. Demandons à l’Esprit Saint de nous permettre de reconnaître ces « serviteurs » porteurs de l’invitation de Dieu.

 

    La parabole nous offre encore un autre message : nous sommes invités par Dieu alors que nous nous constatons certes bons pour une part de nous-mêmes, mais aussi mauvais par bien des côtés. Les bons et les mauvais ne sont pas deux catégories de personnes, mais le bon et le mauvais coexistent en chacun de nous. Et nous sommes tous ainsi ; même l’apôtre Paul le constate en lui : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas » confesse-t-il aux chrétiens de Rome (Rm 7, 19). C’est là que nous percevons que Dieu est père. La faiblesse de ses enfants ne le rebute pas, j’allais dire tout au contraire, il est plus attentif encore à la pauvreté et à la misère de tel ou tel de ses enfants. Et c’est la parabole de la brebis égarée ou du fils prodigue.

 

    Continuons notre lecture : la salle des noces est pleine. Ceci pour dire que chacun a sa place comme le dit Jésus  : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? » Jn 14, 2. Chacun, quel qu’il soit, a sa place tout près du coeur de Dieu, chacun est aimé « personnellement », chacun est unique, précieux et chacun est l’objet de toute la sollicitude de notre dieu et Père.

 

    Enfin comment ne pas dire un mot à propos de l’homme qui ne porte pas un habit de noces. Les exégètes pensent que ce paragraphe a été rajouté dans la communauté matthéenne parce que certains en prenaient à leur aise : puisque tout le monde est invité, puisque tout le monde est sauvé, pourquoi se donner du mal. La parabole nous rappelle qu’aimer est un grand travail, qu’il demande bien des renoncements, mais c’est pour notre joie et notre bonheur. Ce vêtement de noce n’est autre que le désir d’aimer un peu à la manière de Dieu dans le don de soi, cet amour qui nous apparente à Dieu, qui fais que nous sommes reconnus de la famille de Dieu, partageant le même repas de l’amour infini.

 

    Alors que notre eucharistie soit comme son nom le demande une action de grâce car nous sommes invités chaque jour à partager cette nourriture de bonheur qu’est l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants.

Publié dans Homélies du dimanche

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