Joseph un homme juste

4ème dimanche de l’Avent - année A    

Matthieu 1, 18-24

Homélie

    L’évangile de ce 4ème dimanche de l’Avent nous rapporte le songe de Joseph. Marie est enceinte alors qu’elle n’a pas encore habité chez Joseph. Joseph, un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement mais la renvoyer en secret. Une nuit  Joseph a un songe à travers lequel Dieu lui fait comprendre que l’enfant que porte Marie vient de Dieu et il est le Messie attendu par le peuple d’Israël. Joseph ne doit pas craindre de prendre chez lui Marie. Et l’évangile se termine par cette parole qui exprime bien la droiture et la simplicité de Joseph : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse ».

    Je voudrais contempler avec vous Joseph, cet homme juste et voir quel message Dieu nous adresse aujourd’hui à travers ce récit.

    Notons d’abord selon le récit de Matthieu la droiture de Joseph. Ce qui lui arrive bouleverse sa vie ; il ne comprend pas ; il a certainement un profond respect pour Marie sa future épouse ; c’est pourquoi loin de vouloir mettre cette histoire sur la place publique, il envisage de le régler en sorte que la réputation de Marie soit sauve. Joseph est un homme de miséricorde, un exemple pour nous qui réagissons souvent violemment lorsqu’on a le sentiment d’avoir été trahi ou d’avoir subi un préjudice grave. Nous connaissons la parole de Jésus : « Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » Mt 5, 39 ; ou encore « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés » Lc 6, 36-37. Joseph a été miséricordieux envers Marie, il a mis en pratique la miséricorde divine qui l’habitait.

    Mais allons plus loin. Joseph avait fait de beaux projets pour sa vie ; il allait épouser une jeune fille avec qui il serait heureux et qui lui donnerait de beaux enfants. Tout s’écroule. Ce qu’il avait prévu se trouve bouleversé et, dans son sommeil, Dieu lui fait comprendre que sa vie s’ouvre sur une tout autre perspective qui allait changer radicalement sa vie. Nous aussi dans nos vies, nous faisons de magnifiques projets. Et il arrive que ces projets s’écroulent en raison d’un accident, d’une maladie, d’un échec... On a alors souvent un sentiment d’injustice, un profond désarroi, peut-être un certain désespoir. Puisque ce que j’ai projeté pour mon bonheur ne se réalise pas, alors, la vie n’a plus de sens ; ma vie et fichue.

    Mais nous savons que Dieu n’abandonne jamais ses amis et qu’à travers notre épreuve, il va nous donner la force de repartir sans doute autrement, mais avec courage et espérance. Ainsi le message que Dieu nous adresse aujourd’hui à travers ce récit est de ne pas nous désespérer lorsque les choses ne vont pas comme nous le souhaitons, que l’avenir est sombre et parait totalement bouché. Dieu nous promet « d’être avec nous » comme il l’a dit à tous ses prophète, à tous ses amis comme par exemple à Isaïe : « Je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur... Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime... Ne crains pas, car je suis avec toi » Is 43, 3-5. Quand notre vie est bouleversée, entendons cette parole qui s’adresse à nous dans notre épreuve : « Je suis avec toi ».

    Les événements de nos vies sont parfois déconcertants, ils surviennent alors que nous pensions tout autre chose pour nous. Au lieu de nous affoler, remettons ces changements imprévus entre les mains d’un Dieu dont nous sommes les enfants bien-aimés.

    Le dernier message que nous livre le récit du songe de Joseph est dans l’obéissance calme et paisible de Joseph. L’obéissance intérieure n’est nullement une attitude infantile ou une attitude d’esclave, elle est l’expression de notre confiance éperdue en ce Dieu qui est l’amour même. Ce fut l’attitude constante de Jésus qui pouvait affirmer «  Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » Jn 4, 34. Paul l’a bien compris qui affirme aux chrétiens de la ville de Philippes « Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » Ph 2, 8. Alors vivons les événements heureux ou les moments d’épreuve et de doute, avec la même confiance paisible que Joseph, assurés que Dieu nous accompagne  de sa présence fidèle et efficace. L’Eucharistie que nous célébrons nous le redit avec beaucoup de force.