« Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux »

Publié le par Père Maurice Fourmond

12ème Dimanche A

Le 25 Juin 2017

 

Évangile Matthieu 10, 26-33

Homélie

 

    Je voudrais réfléchir avec vous sur deux aspects de l’évangile que nous venons d’entendre.

    Le premier porte sur cette parole pleine d’espérance dans la première partie de l’évangile : « Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ». À travers cette parole, je peux en vérité penser que je vaux beaucoup aux yeux de Dieu. Aux yeux de Dieu, je suis sans prix, je vaux plus que tout puisque je suis unique, je suis précieux pour Dieu comme il est dit dans le livre du prophète Isaïe : « Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime » Is 43, 4.

 

    Nous avons souvent la tentation de nous « dévaloriser ». Devant nos fragilités, nos faiblesses, nous pensons parfois que nous « ne valons rien ». Or Jésus nous dit le contraire. Aux yeux de Dieu, nous valons beaucoup puisque chacun de nous a été « racheté » (pour reprendre l’expression de Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens : « Vous avez été rachetés à grand prix » 1 Co 6, 20), au prix du don total de la vie de Jésus. Si le Christ a donné sa vie pour moi, c’est que je vaux quelque chose, que ma vie a du prix pour Dieu.

 

    Certes, Dieu n’occulte nullement nos propres faiblesses, Dieu est réaliste, il n’a pas une idée imaginaire de notre vie, il la voit dans sa réalité mélangée, et donc à la fois dans sa fragilité et dans sa grandeur, dans ses limites et aussi dans l’extraordinaire capacité qui nous est donnée d’aimer en vérité.

    Alors, nous pouvons accueillir, pour en vivre, le mot qui revient si souvent dans la bouche de Jésus : « Soyez donc sans crainte ». Cette confiance de Dieu vis à vis de chacun de nous, nous donne d’avoir confiance en nous-mêmes et ainsi d’avoir l’audace d’ouvrir notre vie et la vie du monde sur un amour qui transforme et qui apporte la paix. Appuyons-nous sur ce regard de Dieu pour reprendre confiance et avancer sur notre chemin sans crainte.

 

    J’en viens maintenant à ma seconde réflexion à partir de cette phrase déconcertante : «Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux ». Disons que cette parole doit être interprétée car elle contredit l’attitude constante de Jésus. J’en veux pour preuve l’attitude Jésus à l’égard de son apôtre Pierre. Pierre avait renié son maître et même par trois fois dans la cour du grand prêtre Caïphe. Selon la parole de notre évangile, Jésus aurait dû le renier devant son Père. Or, bien au contraire, après sa résurrection, non seulement il ne renie pas Pierre devant son Père, mais il va lui confier la mission de confirmer les disciples dans la foi, évangile de Jean au chapitre 21,15-17. Alors, comment comprendre la parole entendue tout à l’heure ?

 

    Je pense, en suivant l’avis de plusieurs commentateurs, que l’interprétation juste serait le respect de Jésus de la liberté humaine. Ainsi, Jésus entendrait  dire : si tu ne veux pas de mon amour, de ma vie, je ne peux pas te forcer. On pourrait alors traduire : si tu me renies, je ne peux qu’accepter douloureusement ton attitude. Jésus ne nous rejette pas après nos erreurs ou nos fautes, il continue à espérer en nous, à espérer que nous pourrons comme son ami Pierre pleurer amèrement devant nos lâchetés et nos infidélités.

    Jésus n’oblige personne à le suivre. La porte du Royaume et toujours ouverte à chacun comme à tous ; encore faut-il librement désirer en franchir le seuil.

 

    Ainsi cet évangile nous place devant nos responsabilités : Dieu nous fait une totale confiance, ce que nous sommes, ce que nous vivons le touche, il nous donne ce qui est nécessaire pour avancer sur notre chemin. À nous de dépasser nos peurs et, nous appuyant sur la confiance de Dieu, sur le roc de son amour et de sa présence, construire notre vie dans toute sa beauté par delà nos défaillances. Dieu fait confiance à l’amour que nous lui portons dans la vérité mais aussi dans la fragilité de nos vies.

Publié dans Homélies du dimanche

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