La Transfiguration

Publié le par Père Maurice Fourmond

2ème dimanche de Carême B 
Marc 9, 2-10
Homélie

    Les évangiles nous présentent deux récits où il est dit que Dieu s’adresse directement à Jésus. C’est le récit du baptême du Seigneur dans les eaux du Jourdain et celui de la transfiguration que l’Église nous propose aujourd’hui. Toutefois, la parole venue du ciel est différente selon les récits. Au baptême, elle s’adresse à Jésus lui-même : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » Mc 1, 11. À la transfiguration, elle s’adresse aux témoins, Pierre, Jacques et Jean : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Au baptême, la parole confirme Jésus dans sa vocation, à la Transfiguration, elle s’adresse à nous et nous demande de reconnaître le Christ comme le Fils bien aimé du Père et d’écouter sa parole. Ainsi, le premier message de cette fête nous invite à regarder le Christ, à le contempler dans sa vie filiale avec Dieu, et à nous nourrir de sa parole.


    Mais quel est le sens de cette transfiguration, Marc parle des vêtements resplendissants « d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille », Matthieu et Luc ajoutent le changement de son visage « qui resplendit comme le soleil ». 


    L’évangile nous dit que Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean « à l’écart sur une haute montagne » ; on sait que la montagne symbolise une rencontre particulière avec Dieu. D’ailleurs le récit de Luc le dit explicitement : « il gravit la montagne pour prier ». C’est donc dans sa prière que Jésus est transfiguré. On ne sait pas quelle était sa prière ; on peut penser que, dans sa prière, Jésus était accordé pleinement à l’amour de son Père. L’homme Jésus était si totalement habité, rempli de cet amour divin qu’il en était transfiguré. L’intensité de cet amour divin a rejailli sur son corps et son apparence. N’est-ce pas ce qu’on appelle un état mystique dont de nombreux saints ont fait l’expérience ; on pense au rayonnement du visage de Moïse après sa rencontre avec Dieu au mont Sinaï « Lorsque Moïse descendit de la montagne ayant en mains les deux tables du Témoignage, il ne savait pas que son visage rayonnait de lumière depuis qu’il avait parlé avec le Seigneur » Ex 34, 29 ; et on peut citer beaucoup d’autres témoignages comme les stigmates de saint François.


    Ces signes extérieurs ne sont qu’une manifestation de l’intensité de la rencontre avec Dieu. Cet amour qu’est Dieu envahit toute la personne au point que cela modifie même son apparence. Mais la transformation extérieure est seconde, elle ne fait que manifester la transformation intérieure, la transformation du coeur, fruit de l’amour infini de Dieu. Même si la plupart des disciples de Jésus dont nous sommes, n’ont aucune manifestation extérieure de l’intensité de leur prière, il reste que toute prière sincère nous accorde à l’amour infini de Dieu et ne nous laisse pas indemnes.


    Cette transformation intérieure par et dans l’amour qu’est Dieu, n’est-elle pas un signe d’une résurrection déjà à l’oeuvre en nous ? On dit que ce récit de la transfiguration de Jésus est l’annonce de sa résurrection au moment de sa mort humaine. Ne peut-on pas dire que l’amour de Dieu travaillant notre vie est déjà, en chacun de nous, un travail de résurrection. 


    L’amour de Dieu nous habite déjà dès le premier instant de notre vie. Il est en chacun une semence de résurrection qui va peu à peu grandir au rythme de la transformation qu’opère en nous cet amour chaque fois que nous l’accueillons. On peut dire que nous sommes tous en travail de résurrection en attendant notre pleine et définitive transformation de tout notre être, corps, esprit, âme au moment de notre mort. Au fond cette transfiguration de Jésus nous dit ce que nous pouvons vivre chaque fois que nous nous efforçons de nous accorder à l’amour infini de Dieu. Nous pouvons laisser peu à peu l’amour de Dieu nous transformer, nous transfigurer intérieurement.


    Nous pouvons le vivre si nous prenons au sérieux la parole adressée aux trois apôtres témoins de la puissance transfigurante de cet amour divin : « Écoutez-le ». Écoutez-le est le chemin de lumière qui nous est proposé en cette belle fête.


    Certes les trois apôtres ont dû avec Jésus redescendre de la montagne et reprendre la vie quotidienne ordinaire.  Certes, cette expérience ne les a pas empêchés d’abandonner leur maître au jardin des oliviers. Toutefois on peut penser que ce moment est resté gravé dans leur coeur et leur a permis d’avancer peu à peu vers leur propre résurrection après qu’ils aient donné leur vie par amour à l’exemple de Jésus. 

Publié dans Homélies du dimanche

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