Ascension du Seigneur

Publié le par Père Maurice Fourmond

Ascension

10 mai 2018

 

Évangile

Homélie

 

Entre l’Ascension et la Pentecôte, l’Église nous propose un passage du chapitre 17 de saint Jean, chapitre appelé la prière sacerdotale de Jésus. Même si saint Jean rassemble ici ce qu’il a compris et médité de la pensée de son maître, on peut penser que Jean a écrit ce chapitre comme le testament spirituel du Seigneur avant son arrestation et sa mort. Il a donc une porté particulière pour les chrétiens que nous essayons d’être.

 

Le court extrait que nous venons d’entendre comporte donc un message essentiel pour notre vie de chrétien. On peut distinguer trois parties distinctes, mais en lien étroit les unes avec les autres.

La première partie est une prière pour l’unité de ses amis, unité qu’il développera un peu plus loin dans cette grande prière. Jésus prie son Père pour que nous soyons unis aussi étroitement qu’il est avec son Père : « Qu’ils soient un, comme nous-mêmes » est-il écrit. Mais quelle est cette unité telle que Jésus l’a vécue et nous l’a révélée ? Elle n’est pas une sorte de clonage qui effacerait la personnalité de chacun. En Dieu le Père n’est pas le Fils ni le Fils le Père. L’unité, qu’avec nos pauvres mots humains nous pouvons tenter de définir, est une communion si parfaite que tout est partagé, tout est offert, tout est donné. Jésus a été ajusté à Dieu son Père bien plus étroitement que deux morceaux de bois dans la main d’un maître en ébénisterie.

L’unité que Jésus souhaite pour nous est cette unité d’amour réciproque. Il s’agit d’un amour qui est un don total de soi-même à l’autre. Dieu se donne à son Fils et le Fils se donne pleinement à son Père. Nous pouvons le croire à partir de tant de paroles rapportées dans les évangiles, montrant Jésus faisant en tout la volonté du Père, remettant tout entre les mains du Père y compris sa propre vie, affirmant que son Père l’exauce toujours, que son Père et lui ne font qu’un, que sa vie est totalement entre les mains de la tendresse de son Père..

Cette prière de Jésus nous ouvre sur un idéal divin que nous ne pouvons qu’approcher de loin grâce à la présence en nous de cet Esprit Saint qui est justement la source de cette communion d’amour entre Dieu et Jésus.

 

La suite de notre évangile peut prêter à confusion. Jésus nous dit que, comme lui, nous n’appartenons pas au monde. Quel monde ? Le monde n’est-il pas aimé de Dieu ? Toutefois, il y a dans ce monde des forces de mal qui risquent de détruire ce monde et plus spécialement ces hommes et femmes que Dieu aime comme ses enfants bien aimés. C’est ce monde obscur qui est un monde de mensonge et d’égoïsme, dont Jésus se démarque... et nous aussi dans la mesure où nous voulons être les disciples et les amis de ce Jésus.

On voit le lien entre ces deux aspects de la prière de Jésus  : si l’unité désirée par Jésus est une unité dans l’amour, l’amour est incompatible avec une certaine manière d’être au monde. Il y a en effet une opposition entre l’amour qui vient de Dieu et les rapports de domination et de pouvoir qui commandent trop souvent les relations entre les hommes. Jésus a dit : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». « Donner sa vie » est donc le signe de la vérité de notre amour mais c’est en contradiction avec les façons trop souvent habituelles de vivre dans le monde.

 

Les relations fraternelles entre tous, voulues par Dieu et à l’image de Dieu, constituent un idéal qui nous dépasse. Aussi Jésus poursuit sa prière pour demander à son Père que nous soyons « sanctifiés dans la vérité ». c’est la dernière partie de notre évangile. Cette vérité  dans l’Esprit saint est vraiment ce que Jésus a vécu toute sa vie, ce pour quoi il a été envoyé par son Père. C’est ce qu’il dira à Pilate lors de son faux procès : « Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix » (Jn 18, 37).

La vérité est un élément essentiel à un amour divin. Le monde de Jésus est un monde de vérité à l’opposé d’un monde de mensonge. Jésus nous dit que le père du mensonge est le diable, mot qui veut justement dire « celui qui divise, qui sépare » tout le contraire de l’unité voulue par Dieu. C’est la vérité qui nous rend libre, libre pour aimer comme le Christ et donc pour éaliser cette unité en nous et autour de nous.

 

Un dernier mot sur cette parole merveilleuse de Jésus au coeur de cet évangile. Jésus nous explique le but de tout ce qu’il désire pour nous : « Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés ». Suivre Jésus est difficile, exige un effort constant pour laisser la lumière inonder notre coeur et notre esprit. Mais nous en faisons l’expérience à un moment ou à un autre, suivre Jésus est la source de notre véritable joie.

Alors que cette eucharistie que nous célébrons en communion avec tous ceux que nous aimons et qui nous ont quittés soit comme l’écrivait Philippe : « la source de notre espérance vers un monde nouveau » pour lequel il nous est donné de travailler à la manière de notre maître Jésus.

Publié dans Homélies du dimanche

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