"Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non” Mt 5, 17-37

Publié le par Père Maurice Fourmond

Dimanche 12 février 2023

 

Évangile Matthieu 5, 17-37 (lecture brève)

« En ce temps là, Jésus disait à ses disciples : 20 Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. 21 « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. 22 Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. 27 Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. 28 Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. 33 Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur. 34 Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout. 37 Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais »

 

Homélie

 

Je voudrais réfléchir avec vous sur le sens de la finale de l’évangile que nous venons d’entendre : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais »  La méditation de la Parole de Dieu en particulier dans le sermon sur la montagne du chapitre 5 de saint Matthieu présente de nombreuses exigences de vie pour celui qui veut suivre le Christ. L’évangile d’aujourd’hui nous présente plusieurs.

Devant les exigences de l’évangile dont Jésus nous dit qu’elles doivent dépasser la justice des scribes et des pharisiens et qu’elles sont un chemin  de vie pour ses disciples, nous trouvons que beaucoup de ces exigences sont bien difficiles à vivre jusqu’au bout. En effet, en réfléchissant sur celles qui nous sont proposées aujourd’hui, nous pensons : comment ne pas porter de jugement sur ceux qui nous entourent, comment avoir toujours un regard et une parole de bienveillance vis à vis de ceux ou celles que nous rencontrons ou côtoyons tous les jours. Ou encore, comment ne pas être touché par la beauté de telle ou elle personne. Comment ne pas exprimer avec force nos points de vue et affirmer que nous avons raison !!!

Nous avons la tentation permanente de discuter la portée de ces exigences évangéliques, d’en relativiser l’importance, ou tout simplement de dire qu’elles sont impossibles à vivre. Aussi, en parlant au Christ, nous lui disons souvent : Jésus, tu vas trop loin, je ne peux pas suivre tout ce que ta parole me demande.

 

Heureusement, Dieu est « réaliste »; il connait nos limites et nos faiblesses. Il sait que nous ne pouvons pas être parfaits. La parole de Jésus nous montre un idéal de vie selon l’évangile, idéal que nous n’atteindrons qu’imparfaitement ici bas mais vers lequel il nous faut tendre et travailler, avec la force de l’Esprit Saint.

Nous savons bien que notre vie est complexe, elle est souvent ambigüe, mais la parole du Christ n’est pas pas un jugement sur notre vie, mais un encouragement. Au fond, le Christ nous demande d’essayer dans chacun de nos choix, dans chacune de nos actions, d’être vrais c’est-à-dire d’être en accord avec ce que nous pensons et ce qu’il nous est possible accomplir à tel moment.

Quand Jésus nous dit : Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non, il n’entend pas juger nos comportements, il nous demande d’avoir une certaine cohérence dans notre pensée et dans nos choix. Plutôt que de parler de cohérence, il faudrait mieux parler d’honnêteté. C’est dans ce sens que parle le psaume de ce dimanche en particulier le premier couplet : « Heureux les hommes intègres dans leurs voies qui marchent suivant la loi du Seigneur ! Heureux ceux qui gardent ses exigences, ils le cherchent de tout coeur ! »

Je crois que répondre dans la mesure de nos limites aux exigences évangéliques nous demande simplement d’être honnête. Être honnête c’est ne pas tricher avec le jugement que nous pouvons porter sur nous-mêmes. Si, dans tel cas, notre décision est équivoque, mélangeant le bien à accomplir avec un intérêt égoïste, l’honnêteté consiste à le reconnaître humblement. Notre oui ou notre non n’a pas été clair et il nous faut le reconnaître.

Alors demandons au Seigneur de mieux saisir comment notre justice peut dépasser celle des scribes et des pharisiens, demandons à son Esprit saint de nous éclairer sur nos choix et, si nous n’avons pas la force de dire un oui ou un non sans ambiguïté devant une décision à prendre, reconnaissons avec humilité notre faiblesse et, fortifiés par le don de l’Eucharistie qui nous est offert ce matin, avançons selon les paroles de saint Paul, comme un homme nouveau, une femme nouvelle sur le chemin de ce Royaume qui est promis à tous ceux qui s’efforcent d’être fidèles à la Parole de Dieu.

Publié dans Evangile de Matthieu

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