Profession de foi de Pierre

Publié le par Père Maurice Fourmond

21è dimanche A

Évangile selon Saint Matthieu 16, 13-20 

Homélie

 

On peut se demander pourquoi Jésus interroge ses disciples sur ce que les gens pensent de lui. Jésus ne se situe nullement comme une vedette cherchant quel est son taux de popularité. Il semble bien qu’à travers cette question, Jésus s’interroge lui-même sur sa mission : Est-ce qu’il réalise la volonté du Père qui, par lui Jésus, est de sauver les brebis perdues d’Israël. Mais les pensées de Dieu ne sont pas les pensées des hommes et ses amis découvriront, au-delà de l’échec apparent de sa mission qu’en fait, le projet d’amour de Dieu pour tous les hommes se réalisait par la fidélité de Jésus, fidélité qui le conduisait jusqu’à accepter sa mort, entouré seulement d’une poignée d’amis.

À la question de Jésus, ses apôtres répondent en rapportant ce qu’ils ont entendu : les uns pensent que tu es Jean-Baptiste, Élie, Jérémie ou l’un des prophètes envoyé par Dieu.


Mais au fond, ce qui interresse Jésus, ce qui le touche, ce qui est susceptible de le réconforter, c’est ce que pensent ses plus proches amis, ceux qui le voient vivre chaque jour. Cette question essentielle posée aux compagnons de Jésus, est adressée aujourd’hui à chacun de nous : “Mais pour toi, qui suis-je ?” Jésus n’attend pas une réponse impersonnelle mais une réponse qui engage. C’est ainsi que notre réponse à la question de Jésus ne peut être qu’une réponse personnelle qui engage chacun personnellement. À la question de Jésus, personne ne peut réponre à notre place même sinotre réponse est éclairée par le témoignage de nombreux coyants au cours des siècles. Même cette affirmation : Je crois ce que crois l’Église est insuffisante, ce n’est pas un acte de foi tant que je n’ai pas rejoins celui que l’Église désigne. Pierre Ganne exprimait très bien cette exigence dans son livre posthume intitulé « Qui dites-vous que je suis ? » en inventant un dialogue entre Dieu et le croyant : Dieu interroge : « Qui dis-tu que je suis ? - Euh... ben... Seigneur, je dis ce que dit l’Église, ton Église... - Mmm... faux jeton ! C'est pas ça que je te demande. Je ne te demande pas ce que dit de moi mon Église. Tout le monde le sait, ça. Pas la peine d'avoir la foi pour savoir ce que dit l’Église du Christ : il suffit de savoir lire ! Je te demande ce que tu dis, toi, en t'engageant dans ta parole ! Et malheur à toi si tu adhères à un langage dont tu ne peux pas dire qu'il est ta parole ! Tu es aliéné dans un langage qui n'est pas le tien ». Nous voyons ainsi que l’acte de foi qui nous est demandé comme chrétien est exigeant car il suppose l’adhésion personnelle à quelqu’un, au Christ avec tout ce que suppose ce lien d’amitié, et, en même temps un effort permanent pour mieux connaître celui que nous aimons ou du moins pour tenter d’approcher son mystère.

 

C’est le combat de la foi au dedans de nous, un combat qui prend deux aspects : l’un consiste à surmonter les insuffisances de notre amour seul véritable critère de notre lien avec Jésus et sa Parole. L’autre consiste à surmonter le doute  ou encore les interrogations qui se lèvent quand nous cherchons à comprendre le mystère de Dieu, et à renouveler notre confiance totale en celui qui a montré la fidélité de son amour en acceptant de mourir par amour pour nous.


Dans ce combat de la foi nous avons la chance d’avoir ces témoins que sont les premiers compagnons de Jésus comme aussi tant et tant de saint qui ont vécu ce beau combat de la foi malgré la nuit. Nous savons que de grands saints ont vécu ce combat douloureux de la foi. Pour ne citer que deux femmes rpoches de nous, je pense à Sainte Thérèe de l’Enfant Jésus et à Mère Thérèsa. Le 9 juin 1895, deux ans avant sa mort, la petite Thérèse écrivait à sa mère prieure : “Ma Mère bien-aimée, je vous parais peut-étre exagérer mon épreuve, en effet si vous jugez d’après les sentiments que j’exprime dans les petites poésies que j’ai composées cette année, je dois vous sembler une âme remplie de consolations et pour laquelle le voile de la foi s’est presque déchiré, et cependant... ce n’est plus un voile pour moi, c’est un mur qui s’éléve jusqu’aux cieux et couvre le lirmament étoilé... Lorsque je chante le bonheur du Ciel, l’étemelle possession de Dieu, je n’en ressens aucune joie, car je chante simplement ce que je veux croire. Parfois il est vrai, un tout petit rayon de soleil vient illuminer mes ténébres, alors l’épreuve cesse un instant, mais ensuite le souvenir de ce rayon au lieu de me causer de la joie rend mes ténébres plus épaisses encore”.


Nous savons que Mère Thérèsa a vécu pendant 50 ans une “nuit de la foi”. Elle avait dit  : “Si jamais je deviens sainte - je serai certainement une sainte des ténèbres". Parlant de sa vie spirituelle, elle avait confié en 1979 à son confesseur : « Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j'écoute et n'entends pas ».


Alors, dans cette eucharistie, demandons au Seigneur de fortifier notre foi, de nous rendre solides dans la confiance malgré les épreuves, les obscurités, la nuit. C’est la confiance inébranlable en un Dieu dont nous croyons à l’amour infini, qui nous donne de trouver la joie de croire et, à notre tour d’être fidèles à cette présence mystérieuse en nous du Dieu que Jésus nous a révélé.

 

Publié dans Homélies du dimanche

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