Retraite diacres 2017 3ème exposé

Publié le par Père Maurice Fourmond

Place de l’Esprit Saint dans ma vie 

    Je voudrais méditer sur la place de l’Esprit Saint dans nos vies. Nous ne pouvons pas vivre notre foi si ce n’est sous la mouvance de l’Esprit : “Nul ne peut dire : Jésus est Seigneur, si ce n’est par l’Esprit Saint” (1 Co 12, 3). Tout en étant imprévisible, insaisissable, la présence de l’Esprit court sur toutes les pages de la Bible. Il est représenté à travers des images à la fois très parlantes et pleines de contrastes. Dès la première page de la Bible, l’Esprit est désigné comme le souffle : “Le souffle de Dieu planait à la surface des eaux” (Gn 1, 2). Ce souffle, ce vent, “souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient  ni où il va” (Jn 3, 8). D’autres images désigne l’Esprit dans la Bible : ce sera le feu comme à la Pentecôte, ce feu qui, comme l’amour tend à se répandre. Ou encore la colombe symbole de la paix comme à la fin du déluge (Gn 8, 10-11), ou au baptême de Jésus (Mt 3, 16).


    Si l’Esprit Saint est si important dans nos vies, c’est que c’est l’Esprit qui a guidé Jésus toute sa vie, comme il nous guide toute notre vie. L’Esprit était présent en Jésus dès le premier instant de son existence. Jésus n’a pu remplir sa mission que par l’Esprit qui l’habitait tout entier. Nous aussi, nous ne pourrons être diacres de Jésus Christ ou femmes de diacres que si nous sommes disponibles à l’action de l’Esprit qui est présent en nous et dans le coeur de ceux qui sont confiés à notre ministère. Quel est donc le rôle de l’Esprit Saint tel que l’Écriture nous le dévoile ?

1 - L’Esprit Saint est à l’origine de toutes les naissances.
    L’Esprit est à l’origine de toutes les naissances qui construisent le monde et l’humanité. Cela va nous aider à comprendre la place de l’Esprit Saint dans nos vies.
    - L’Esprit est à l’origine de la naissance du monde. Les premiers versets de la Genèse nous disent que la terre était informe et vide et le souffle (la “ruah”) de Yahvé planait à la surface des eaux ; et la parole se fait entendre : Dieu dit et cela existe. Ainsi le souffle créateur va donner à la parole d’être efficace. Le souffle de la Parole fait naître le monde.


    - L’Esprit est à la naissance de l’homme. Toujours dans le livre de la Genèse, mais au chapitre 2 on peut lire : “Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant” Gn 2, 7. Nous retrouvons le souffle de Dieu, symbole de l’Esprit dans la naissance de l’homme. On peut d’ailleurs entendre l’affirmation " l’homme devint un être vivant " de deux façons, (mais l’une est, me semble-t-il, la plus exacte) : soit “vivant” au sens biologique du terme, soit plus vraisemblablement “vivant” au sens d’une vie destinée à rejoindre la vie même de Dieu. N’est-ce pas le sens de cette parole capitale : “Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa” Gn 1, 27. Ainsi on peut penser que c’est le “souffle” de Dieu, l’Esprit de Dieu qui habite l’être humain et lui donne de pouvoir recevoir et donner l’amour à l’image de la Trinité. C’est donc également cet Esprit qui lui donne de pouvoir “communiquer” avec Dieu, c’est-à-dire d’être fils et fille avec le Fils pour accueillir et rendre grâce, cette grâce qu’est le don du Père à son Fils et à chacun de nous, ses enfants.


    - L’Esprit est, selon beaucoup d’exégètes, à la naissance d’une conception de Dieu nouvelle et source de la foi juive en un Dieu unique selon ce que tout juif doit dire plusieurs fois par jour : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique » Dt 6, 4. C
Mais la révélation de la vérité de Dieu est spécialement manifestée dans le récit de la rencontre entre Dieu et Élie à l’Horeb quand Dieu se  manifeste dans le souffle ténu d’une brise légère. Élie qui a vécu au 9ème siècle avant Jésus Christ avait une conception de Dieu très semblable à celle des Baal païens : au mont Carmel,  le Dieu d’Élie se comporte comme les dieux païens, il entre en compétition avec eux. À l’Horeb, tout change, Dieu se manifeste non plus dans la violence mais dans le souffle léger qui est celui de l’Esprit Saint ; il est le Dieu des hommes quel que soit leur chemin.


    - L’Esprit est bien sûr à la naissance du Fils de Dieu incarné. Cela est dit explicitement dans l’évangile de l’Annonciation : “L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre” (Lc 1, 35). Permettant la création de l’univers, permettant la création de l’homme à l’image de Dieu, l’Esprit permet cette création inouïe : un fils d’homme conçu dans le ventre d’une femme et qui est en toute vérité présence de Dieu dans la condition humaine.


    - Mais l’Esprit Saint a été aussi à la naissance de l’Eglise. On discute pour savoir quel fut le point de départ de l’Eglise. Même si certains le situe sur la croix dans le côté ouvert de Jésus, ou encore dans la parole de Jésus ressuscité envoyant ses apôtres comme témoins de la Bonne Nouvelle, la tradition place la naissance de l’Eglise dans l’événement de la Pentecôte. Dans ce récit des Actes des Apôtres, l’Esprit est symbolisé à la fois par le souffle et par le feu. On pense à juste titre que la Pentecôte est l’acte de naissance de l’Eglise en raison de la transformation radicale du groupe chrétien, d’abord réunis tous ensemble dans la peur, voilà qu’ils sortent pour annoncer par la bouche de Pierre : Jésus est vivant et nous aussi nous sommes appelés à vivre de sa vie. Les disciples de Jésus vont “sortir” de la maison où ils s’étaient enfermés comme au moment de la naissance le petit homme sort du ventre maternel. L’Eglise est un peuple de témoins et le premier témoignage explicite de Jésus vivant a été produit grâce au don de l’Esprit.


    - Enfin nous savons que notre baptême, notre nouvelle naissance, ce moment privilégié où Dieu nous reconnaît comme son enfant bien-aimé et nous invite à une relation d’amour avec lui en communion avec le Christ, est l’oeuvre de l’Esprit. Jean Baptiste annonçant le nouveau baptême que son cousin Jésus devait apporter, disait : “Moi, je vous baptise dans l’eau en vue de la conversion... Lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu” (Mt 3, 11). Seul en effet, l’Esprit Saint peut nous permettre de “communiquer”, d’échanger dans une relation d’amour avec Dieu.


    Ainsi nous voyons comment l’Esprit Saint est mystérieusement présent pour faire naître le monde, permettre une création nouvelle, donner naissance à une relation d’amour de l’humanité entière avec Dieu. Nous pouvons demander à l’Esprit Saint de nous faire naître chaque jour à ce à quoi nous sommes appelés et cela pour notre bonheur.

2- L’Esprit Saint, le grand “communicateur”. Il fait l’unité.
    Si nous avions à définir en un mot le rôle de l’Esprit Saint, j’aurai envie de dire qu’il est le grand “communicateur”. Il est celui qui met en relation, il est celui qui permet la communication, il est celui qui assure la communion.


    Déjà au sein de la Trinité, la réflexion théologique nous dit que l’Esprit est ce qui permet la communication et l’unité du Père et du Fils. Il permet au Père de se donner totalement au Fils, et au Fils de rendre au Père la totalité de l’amour reçu. L’Esprit Saint est comme le “catalyseur” de l’amour du Père et du Fils, il permet la communication et l’échange mystérieux de l’amour qui est la vie même de Dieu. Il est ce troisième terme qui permet la rencontre sans qu’il y ait confusion ni distance. Il assure l’unité en Dieu. Cette réflexion est confirmée par les recherches des psychologues parlant dans la personne humaine d’un “lieu” de communion qui ne serait ni “je”, ni “tu”, mais un “nous” c’est-à-dire  ce qui assure la communion entre les personnes. 


    C’est aussi l’Esprit qui assure le lien entre l’humanité et la divinité˙ de Jésus. La parole de l’Annonciation est claire : “L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre” (Lc 1, 35). C’est ce “grand communicateur” qui seul permet l’union en Jésus de l’humanité et de la divinité, “sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation” selon les paroles du Concile de Chalcédoine (DS 301-302). Il assure l’unité en Jésus.


    C’est aussi l’Esprit Saint qui permet la communion entre Dieu et chacun de nous. Il est le grand communicateur qui, en nous, dit à Dieu “Père” : vous avez reçu “un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père” (Rm 8, 15).


    C’est l’Esprit Saint qui nous communique les paroles de Jésus. Le Seigneur l’avait annoncé à ses amis : “L’Esprit Saint que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit” (Jn 14, 26). L’Esprit n’est pas la parole, mais il fait que la parole soit entendue et que le message soit perçu.


    C’est l’Esprit Saint qui assure le lien entre chacun et l’intime de Dieu. C’est lui qui fait l’unité du corps, de ce corps filial en Jésus. Dans l’allégorie de la vigne au chapitre 15 de saint Jean, Jésus est la vigne et nous sommes les sarments. Le Seigneur précise que c’est l’amour qui nous permet de “demeurer” attachés à la vigne. L’amour est comme la sève qui irrigue la vigne tout entière et nous croyons que c’est l’Esprit Saint qui irrigue chacun des membres du corps du Christ.
    Alors, demandons à l’Esprit Saint de faire le lien entre nous, de nous conduire par son souffle de vie jusqu’en la vie intime du Père.

3- L’Esprit Saint est notre “défenseur”
    Le terme de “Paraclet”  vient d’un terme grec qui désignait celui qui se tenait à côté d’un accusé pour le défendre ; en latin c’est le “ad-vocatus” celui qui est appelé à côté de quelqu’un et qui a donné le mot “avocat”. Jésus désigne ainsi l’Esprit Saint au chapitre 14 et 15 de saint Jean. Au chapitre 15 Jésus précise : “Lorsque viendra le Paraclet que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité”. Il est intéressant de faire le rapport entre l’Esprit comme défenseur et l’Esprit de vérité. L’Esprit Saint ne nous défend pas devant le Père, il nous défend contre nous-mêmes et cela, en nous conduisant vers la vérité ; c’est ce que Jésus nous dit un peu plus loin : “Lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière” (Jn 16, 13).


    Nous sommes des êtres faibles et le récit de la première tentation au livre de la Genèse ne fait qu’exprimer ce que nous vivons difficilement chaque jour. Face à l’Esprit de vérité nous trouvons le “père du mensonge”, le diable qui “puise dans son propre bien parce qu’il est menteur et père du mensonge” (Jn 8, 44). Dans ce combat, nous ne sommes pas seuls, l’Esprit de vérité qui, selon la promesse de Jésus “restera avec vous pour toujours” (Jn 14, 16), est notre défenseur vis-à-vis de nous-mêmes. Il nous défend contre la part obscure de notre coeur. Il nous défend par l’appel à faire la vérité dans nos vies.


    L’Esprit Saint défend l’humanité contre elle-même chaque fois qu’il inspire à des personnes, croyantes ou non,  de chercher et de faire la vérité.

4- L’Esprit Saint nous donne un esprit filial
    L’Esprit Saint nous donne d’être et de vivre en fils et filles de Dieu. L’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains déclare : Vous avez reçu “un Esprit qui fait de vous des fils adoptifs et par lequel nous crions : Abba, Père. Cet Esprit atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu” (Rm 8, 15-16). Comment Paul peut-il être aussi affirmatif ? C’est que, dans sa foi, il sait que Jésus vit et agit comme Fils de Dieu par l’action en lui de l’Esprit Saint qui fait de lui un fils. C’est bien ce qui est exprimé lors du baptême de Jésus : “Dès qu’il fut baptisé, Jésus sortit de l’eau. Voici que le cieux s’ouvrirent et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu’une voix venant des cieux disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir” (Mt 3, 16-17). Le lien entre l’Esprit et la désignation de Jésus comme fils est clair. Or c’est cet Esprit que Jésus nous a donné comme il le dit à ses amis après sa résurrection : “Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint” (Jn 20, 22).


    C’est donc seulement sous la mouvance de l’Esprit Saint que nous pourrons vivre et agir en fils de Dieu. Saint Paul le rappelle fortement dans ce passage de sa lettre aux Galates: « Vous, frères, c’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement, que cette liberté ne donne aucune prise à la chair ! Mais, par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres. Car la loi tout entière trouve son accomplissement en cette unique parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais, si vous vous mordez et vous dévorer les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. Écoutez-moi : marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire. Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit et l’Esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme ; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez. Mais si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi.


    On les connaît, les oeuvres de la chair : libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, rivalités, dissensions, factions, envie, beuveries, ripailles et autres choses semblables ; leurs auteurs, je vous en préviens, comme je l’ai déjà dit, n’hériteront pas du Royaume de Dieu.


    Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ; contre de telles choses, il n’y a pas de loi. Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit.” (Ga 5, 13-25).


    Alors, écoutons l’apôtre Paul et laissons-nous conduire par l’Esprit de Jésus. C’est en nous laissant conduire par l’Esprit Saint que nous serons vraiment libres. Que cet Esprit qui nous façonne en fils et filles de Dieu, en frère et soeurs les uns des autres, que l’esprit de notre baptême nous donne la joie des enfants de Dieu, cette joie que personne ne pourra nous ravir (Jn 16, 22).

5- Les dons du Saint Esprit
    Le prophète Isaïe annonçant qu’un rameau sortirait de la souche de Jessé ajoute : “Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de vaillance, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur” (Is 11, 2). Les juifs ont vu dans cette prophétie l’annonce d’un “messie” et les chrétiens affirment que ce Messie est Jésus de Nazareth, le Fils bien-aimé du Père. Comme pour Jésus, nous aussi, pour vivre cette vie de relation filiale avec Dieu, nous avons besoin que “sur nous repose l’Esprit Saint” avec toute la puissance de ses dons. Disons un mot sur l’Esprit de force, de vaillance.


    Vivre votre vie de diacre n’est pas “un long fleuve tranquille”. L’équilibre personnel, les responsabilités qui vous sont confiées, bref la vie réelle est semée de tentations et d’obstacles. Nous avons à mener un combat spirituel pour être bien à votre place de diacre. Si nous pouvons compter sur le soutien fraternel des amis, chrétiens ou non, nous ne pouvons pas tenir sans cette force intérieure qui est l’oeuvre de l’Esprit.


    Ce courage n’est pas seulement ni d’abord un acte de volonté, même si la volonté est indispensable. Cette force nous vient de cette certitude intérieure que nous sommes aimés de ïDieu, reconnus par Dieu. Or c’est l’Esprit Saint qui le murmure à notre coeur, lui qui est celui qui communique l’amour et fait que le Père reconnaisse son Fils et que le Fils reconnaisse le Père. Parce que nous nous savons aimés, parce que nous sommes reconnus dans notre dignité d’enfant de Dieu, alors nous aurons la force nécessaire pour tenter, humblement de conformer notre vie à cet amour, à cette espérance de Dieu. Rendons grâce à l’Esprit Saint qui nous assure de ce regard confiant de Dieu sur nous.

6) Prière à l’Esprit Saint, prière par l’Esprit Saint.
    Le don de l’Esprit est à la fois l’objet de notre prière et la source de notre prière. Il est la demande essentielle de toute prière, la seule prière d’ailleurs dont on soit sûr de l’efficacité selon la parole de Jésus dans l’évangile selon Saint Luc : " Si donc vous qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent " Lc 11, 13.


    C’est l’Esprit Saint qui est aussi la source de notre prière. Cela est dit explicitement par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains : “L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut, mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables, et celui qui scrute les coeurs sait quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu en effet que l’Esprit intercède pour les saints” Rm.8, 26-27. C’est ainsi que la première démarche de la prière consiste à rendre son coeur disponible à l’Esprit Saint. La première démarche de la prière consiste à nous mettre dans une attitude de “pauvreté d’amour”, c’est-à-dire reconnaître que nous avons besoin de l’Esprit Saint pour prononcer une parole d’amour à Dieu, que nous sommes des pauvres pour communiquer avec Dieu et en même temps qu’il y a en nous un intense désir d’aimer Dieu et de le lui dire.


    Pourquoi implorer le don de l’Esprit• ? Il y a beaucoup de raisons ; j’en souligne seulement quelques unes qui me semblent essentielles. La première, c’est que seul l’Esprit Saint peut nous révéler qui nous sommes au plus profond de nous-mêmes. En nous unissant au Christ, il nous révèle notre condition de filles et fils de Dieu. C’est lui, l’Esprit filial qui se joint à notre esprit pour que nous puissions en vérité nous adresser à Dieu en le nommant " Père ". 


    Nous prions l’Esprit Saint car c’est lui qui nous aide à faire la vérité dans nos vies. On comprend d’ailleurs pourquoi : si l’Esprit Saint est le grand “communicateur” (Jésus lui-même emploie ce mot : “car l’Esprit ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu’il entendra et il vous “communiquera” tout ce qui doit venir” Jn 16, 13), il ne peut être qu’un esprit de vérité puisqu’il nous communique la pensée et les paroles de Jésus, Jésus lui-même étant vérité : “Je suis... la Vérité” Jn 14,è 6. Mais aussi parce que l’Esprit nous situe exactement par rapport à ce que nous sommes réellement, créés à l’image de Dieu, il nous ramène sans cesse à la vérité de notre destin : partager l’intimité de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui nous permet de nous situer à chaque instant à notre juste place.


    Une autre raison pour implorer la venue de l’Esprit, c’est qu’il est le souffle créateur, le souffle porteur de la Parole créatrice de Dieu. C’est lui qui nous ouvre à l’intelligence des Écritures. C’est lui qui nous permet d’entendre la Parole de Dieu comme une Bonne Nouvelle, comme une parole neuve, comme une parole qui vient éclairer toute notre existence. C’est l’Esprit qui nous conduit ainsi vers la vérité tout entière.

7) L’Esprit Saint et notre mission de témoins
    C’est l’Esprit Saint qui fait de nous les témoins du Christ ressuscité : " Vous recevrez une force, dit Jésus, celle du Saint Esprit... vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre " Ac 1, 8. ". L’Esprit Saint “porte” avec nous et en nous notre témoignage. Nous avons reçu du Christ la mission de continuer la sienne : “vous serez mes témoins”. Cette mission demande intelligence, force, persévérance. N’est-ce pas là un aspect des dons du Saint Esprit qui nous sont promis : “Esprit de courage et de force, Esprit de sagesse et d’intelligence”. Dès les débuts de l’Eglise, nous voyons clairement le rôle de l’Esprit dans le témoignage des apôtres. C’est rempli de l’Esprit que Pierre au jour de la Pentecôte va porter témoignage au Christ ressuscité. Jésus avait averti ses amis des difficultés qu’ils rencontreraient dans leur mission de témoin, mais il ajoutait : “Mettez-vous en tête que vous n’avez pas à préparer votre défense. Car moi, je vous donnerai un langage et une sagesse que ne pourront contrarier ni contredire aucun de ceux qui seront contre vous” Luc 21, 15. C’est l’Esprit qui éclaire le coeur et nous donne d’être des témoins de Jésus.


    Tous les dons de l’Esprit sont donnés à chacun selon ses charismes propres, non seulement pour soi, mais pour le bien des autres. Dans la première lettre aux Corinthiens, Saint Paul écrit : " A chacun est donné la manifestation de l’Esprit, en vue du bien de tous" (1 Co 12, 7).  


     A la Pentecôte, les Actes nous disent que les apôtres sont enfermés dans la maison, comme l’enfant dans le ventre de sa mère ou entre les barreaux de son berceau. L’Esprit Saint va leur insuffler la force de sortir et c’est la première annonce de la résurrection de Jésus par l’apôtre Pierre. 


    Jésus avait dit : " Vous serez mes témoins... jusqu’aux extrémités du monde ". Certes, le baptême fait de nous des témoins de la puissance de l’amour de Dieu qui a ressuscité Jésus et l’onction d’huile, en nous associant au Christ roi, prophète et prêtre, rappelle la triple responsabilité du chrétien : service de l’homme, service de la vérité, service de la prière. Le baptême nous introduit dans cette mission qui est celle de Jésus. La confirmation ouvre les portes et les fenêtres afin que nous puissions assurer effectivement la tâche reçue. Ou encore, le baptême nous confie une tâche, la confirmation nous donne de l’accomplir. L’Esprit Saint nous donne de continuer cette mission qui fut celle de Jésus Christ : annoncer au monde la force de l’amour de Dieu. Mais l’ordination diaconale fait de cette mission notre tâche essentielle. Nous avons à construire le corps du Christ, c’est-à-dire un corps filial et fraternel.


    Ainsi l’Esprit Saint est cette présence de Dieu au coeur de chacun, nous reliant au Christ Jésus, nous articulant les uns aux autres comme membres du corps du Christ. Il est ce souffle de vie qui nous pousse vers le large dans un accord aimant au Dieu d’amour. Il est ce qui nous transfigure peu à peu en cet amour divin, prémices et annonce de notre pleine résurrection quand ce même Esprit nous conformera au Christ ressuscité et, en lui, nous introduira dans le face à face intime avec Dieu. 

Publié dans Conférences

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