Les ouvriers de la dernière heure

Publié le par Père Maurice Fourmond

Les ouvriers de la dernière heure
25ème dimanche année A
24 septembre 2017
Messe dans une maison de retraite
Matthieu 20, 1-16


    La parabole de Jésus comme toute parabole doit être interprétée. S’il était question de justice sociale, les ouvriers de la première heure auraient raison de protester ; ils auraient le droit de manifester dans la rue contre le maître du domaine. Mais la parabole de Jésus a un tout autre sens. Puisque le domaine est le monde et que le maître est le Dieu de Jésus Christ, nous savons que le travail qui nous est demandé consiste à faire grandir dans ce monde un peu d’amour et de fraternité. C’est seulement ainsi que pourra fructifier ce Royaume des cieux dont il est question au début de cette parabole.
    Or pour ce travail, chacun est appelé à n’importe quel moment de sa vie. Cette invitation de Dieu nous est adressée dès le premier instant de notre vie, mais nous n’en prenons conscience que peu à peu. Pour certains ce sera très tôt dans leur vie, pour d’autres beaucoup plus tard et même pour certains vers la fin de leur vie. Je pense évidemment à celui qu’on appelle le bon larron, crucifié à côté de Jésus ; il est vraiment l’ouvrier de la dernière heure, appelé à témoigner humblement de la vérité de sa vie : « Pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 41-42). Et, comme un bon ouvrier, il reçoit le même salaire que ceux qui ont travaillé toute leur vie : « En vérité, en vérité je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (v. 43).
    Pour faire ce travail, chacun est appelé à le faire selon ses capacité et ses possibilités du moment. On peut faire grandir l’amour dans le monde quand on est en pleine forme ou au contraire très diminué, quand on a tous ses moyens physique et intellectuels ou quand on a perdu ses moyens en raison de la maladie ou de la vieillesse.  Chacun à sa mesure et quelle que soit sa situation, peut faire grandir l’amour et la fraternité dans le monde.
    C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il faut comprendre la dernière phrase de l’Evangile : « Les derniers seront premiers et les premiers seront derniers » : souvent ceux qui sont considérés aux yeux des hommes comme les derniers en raison de leur handicap physique ou mental, sont aux yeux de Dieu des personnes qui font un magnifique travail et construisent parfois mieux que beaucoup d’autres le Royaume de Dieu, par l’amour et la fraternité dont ils témoignent au sein même de leur handicap.
    Enfin un mot sur le « salaire ». Le salaire dont Jésus parle n’est autre que Dieu lui-même se donnant tout entier. Nous croyons dans notre foi que Dieu nous a déjà tout donné, il nous a déjà donné tout ce qui est nécessaire à notre véritable vie, il ne peut plus que se donner lui-même. Mais quand Dieu se donne, il se donne tout entier, que nous soyons les premiers ou les derniers car Dieu se donne dans une gratuité absolue, dans un amour qui ne regarde pas en arrière, sans mesurer ni comparaître les mérites des uns et des autres. C’est pourquoi ce don ne peut être que le même pour tous. N’est-ce pas ce Jésus a dit au bon larron sur la croix : il se donne sans regarder les fautes ou les mérites de celui qui est crucifié comme lui, mais à la seule vue de l’attitude du coeur de cet homme, acceptant humblement la pauvreté de sa vie.
 

Publié dans Homélies du dimanche

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