Les vignerons homicides

Publié le par Père Maurice Fourmond

Dimanche 27ème A
8-10-2017
Matthieu 21, 33-43

    Cet évangile des vignerons homicides peut être lu selon plusieurs interprétations. La première et la plus proche de l’époque de Jésus consiste à entendre la vigne comme  le Royaume confié au peuple élu, le peuple d’Israël. Devant l’infidélité du peuple, Dieu a envoyé d’abord des prophètes puis son fils bien aimé que l’on a saisi et tué "hors de la vigne ». La finale annonce que la vigne, le Royaume de Dieu, sera confié à d’autres nations, en fait à l’humanité tout entière.


    Mais cet évangile peut être lu comme s’adressant aujourd’hui à chacun de nous. Cette vigne qui est le monde aimé de Dieu, est confiée à chacun. Et Dieu attend que nous produisions un fruit de vérité et de liberté pour tous les hommes et ainsi manifester la gloire de Dieu et, comme le dit l’évangile, que nous reconnaissions que « c’est là l’oeuvre du Seigneur ; la merveille devant nos yeux ».


    Or nous avons tendance à nous approprier les dons de Dieu, à faire comme si nous en étions les seuls auteurs, la source, l’origine et la fin. Nous avons tendance à nous approprier Dieu comme ce fut la tentations de nos premiers parents selon le mythe du livre de la Genèse ; nous avons tendance  à nous laisser séduire par le serpent qui disait à la femme : « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal » Gn 3, 5. « Vous serez comme des dieux », nous avons sans cesse la tentation de nous prendre pour Dieu. Dieu a donné aux humains de pouvoir gérer la terre mais en reconnaissant que « tout vient de lui ».


    Pourtant, saint Paul avait bien rappelé aux Corinthiens que ce qu’ils avaient était un don de Dieu : « As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? » 1 Co 4, 7. Cette reconnaissance nous situe dans la vérité et nous provoque à l’action de grâce.
    Mais il faut aller plus loin et, à la lecture du salut offert par Dieu selon la révélation qui nous en est faite, je voudrais modifier la finale de la parabole de Jésus.


    Ce fils qui sera tué n’est autre que Jésus acceptant de perdre sa vie par amour et dans le pardon à ses bourreaux « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » Lc 23, 34. La victime aimante et pardonnante devient la source du salut pour tous les hommes. Cet amour et ce pardon pour nous est tel qu’il manifeste la bonté infinie de Dieu à l’égard de notre humanité. Et c’est pourquoi je me permet de modifier la finale de la parabole de Jésus. J’aime penser que le maître du domaine c’est-à-dire Dieu s’adressant aux vignerons leur dirait : vous avez tué mon fils en pensant pouvoir ainsi devenir l’héritier du Royaume, mais malgré ce que vous avez fait, vous êtes mes enfants bien-aimés et je vous donne gratuitement le fruit de la vigne, je vous donne gratuitement ce Royaume que vous pensiez pouvoir vous approprier, je veux vous partager cette divinité dont vous pensiez pouvoir vous emparer.


    Ce que nous prétendions saisir par nos propres forces, nous est offert gratuitement par l’amour infini de notre Dieu.


    Alors rendons-lui grâce et poursuivons notre travail dans ce monde, assurés que, fortifiés et éclairés par l’Esprit de Dieu, nous pourrons produire du fruit en abondance.

Publié dans Homélies du dimanche

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