La vigne et les sarments

Publié le par Père Maurice Fourmond

5ème Dimanche de Pâques B

Jean 13, 1-8

Homélie

 

Les champs de vigne étaient certainement familiers à Jésus, aussi il est bien naturel qu’il ait choisi l’allégorie de la vigne de des sarments pour parler du lien intime qu’il nous faut avoir avec lui afin de réussir pleinement notre vie.

 

Pour construire notre vie, il est essentiel que les sarments que nous sommes, soient bien rattachés à cette vigne qu’est le Seigneur Jésus. Le Christ nous le dit avec insistance : « Demeurez en moi comme moi en vous ». À travers cette parole, Jésus entend nous dire qu’il y a un lien de vie entre lui et nous. Dans notre foi, nous croyons que le Christ est en nous dans la mesure où nous nous laissons habiter par son Esprit c’est-à-dire par la lumière de sa Parole et la force de cet amour divin qui dirigeait chaque instant de sa vie.

 

« Demeurer » désigne quelque chose de permanent et signifie une présence efficace. Nous avons un exemple saisissant de l’itinéraire de cette présence de Jésus dans l’histoire de Zachée (Lc 19, 1-10). Vous connaissez bien cette histoire. Tout commence par un désir, le désir de Zachée ce collecteur d’impôts : il voulait voir Jésus et comme il était de petite taille, il grimpe dans un arbre afin d’apercevoir celui dont il a tellement entendu parler. Pour demeurer avec Jésus, il nous faut le désirer. Pour nous, le désir de connaître Jésus, de vivre avec lui est le point de départ de toute relation avec lui. Vient ensuite l’initiative du Seigneur : Jésus aperçoit Zachée, s’arrête et s’adresse à lui :  « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » . Notre désir va rencontrer le désir du Christ. Zachée lui n’hésite pas, il répond immédiatement : « Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie ». Enfin il y a une quatrième étape dans ce récit, c’est le fruit de cette présence du Seigneur qui a voulu demeurer dans la maison de Zachée. Zachée est bouleversé parce que Jésus s’intéresse à lui, petit homme plutôt voleur et méprisé de tous. Sa vie est transformée : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. ». Cette présence de Jésus a permis à Zachée de réussir sa vie jusque-là bien abîmée.

 

En essayant de vivre chaque jour de la présence du Christ, comme Zachée il nous est donné de réussir notre vie, non pas selon les critères de ce monde, mais selon les critère de la vie selon Jésus et de la vie éternelle. Comme le dit Jésus : «  Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ». C’est parce que Jésus a été demeurer dans la maison de Zachée que cet homme a changé sa vie. C’est la présence de Jésus qui lui a permis de porter du fruit, un fruit qui était pour lui un fruit heureux parce qu’un fruit de vie.

 

L’évangile continue : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent » Cette parole de Jésus semble bien dure. Il nous faut la comprendre. Pour cela, comprenons que la sève qui irrigue les sarments, n’est autre qu’un amour, don de soi, qui seul apporte la vie. Si ma vie n’est plus irriguée par cette sève, si je n’ai pas d’amour, je ne suis rien. C’est bien ce que nous dit saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens : saint Paul nous rappelle que la science, la foi, la générosité, ces plus hautes activités humaines, s’ils ne sont pas habités par l’amour, cela ne sert à rien, pas de fruit. Dans sa seconde affirmation, Paul va même plus loin, non seulement sans amour ce que je fais ne sert à rien, mais je ne suis rien : « J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien ». Alors on peut comprendre que les sarments qui ne sont pas irrigués par cet amour dont la source est Dieu, se dessèchent, ils ne servent plus à rien qu’à être brûlés.

 

 L'avant dernière phrase de notre évangile nous dit que si nous demeurons dans le Christ ainsi que ses paroles, alors notre prière sera réellement efficace. Pourquoi ? Parce que, si nous sommes ainsi unis au Seigneur Jésus, alors notre désir coïncidera avec le désir de Dieu et le désir de Dieu est toujours efficace. Jésus le disait déjà de sa propre prière devant le tombeau de Lazare  : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours » (Jn 11 41-42). En étant irrigué de la sève d’un amour divin, notre prière devient celle-là même de Jésus et participe à l’efficacité de sa prière.

 

Alors dans cette eucharistie, demandons à l’Esprit Saint que nous puissions toujours demeurer en Jésus le Christ et lui en chacun de nous. Ainsi nous trouverons la paix intérieure et la joie que nul ne peut nous enlever. N’est-ce pas le sens profond de toute eucharistie ?

Publié dans Homélies du dimanche

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