Notre héritage selon la foi des chrétiens

Publié le par Père Maurice Fourmond

Journées Nationales Jonathan Pierres Vivantes

6 Octobre 2018

 

Notre héritage selon la foi des chrétiens

 

À l’occasion de la célébration du 40ème anniversaire de notre association, nous voulons prendre conscience de tout ce que nous avons reçu de Jonathan Pierres Vivantes et plus largement de ce qui fait que nous tenons debout et continuons notre route. Ce sont tant de rencontres, d’amitiés qui nous ont soutenus et continuent à nous soutenir dans notre épreuve. Jonathan Pierres Vivantes porte en elle un héritage qu’il nous appartient de faire vivre.

Dans la charte de notre association, est inscrite comme élément fondamental cette affirmation : « L’amour est plus fort que la mort ». Pour nous chrétiens, cette affirmation prend un sens particulier : nous la recevons comme le coeur de notre espérance, nous recevons cette parole comme un héritage essentiel pour notre vie. Pour les chrétiens, c’est le Dieu de Jésus qui en est la source. Pour nous, « L’amour est plus fort que la mort » est un héritage divin que je voudrais avec vous essayer de comprendre et d’accueillir à travers les quelques réflexions qui vont suivre. Quels sont les fondements où s’enracine notre foi. Comment définir et comprendre cet héritage que Dieu ne cesse de nous donner et qui peut nourrir notre confiance et notre espérance au creux de ce deuil qui nous touche si douloureusement.

 

1 - Nous sommes les filles et les fils de Dieu

Le fondement de notre héritage, c’est que nous sommes aimés par Dieu comme ses filles et ses fils. Nous recevons la capacité d’aimer de notre être divin que nous sommes comme filles et fils de Dieu. Cela nous est affirmé à maintes reprises en particulier dans le Nouveau testament.

Je partirai d’une parole de l’auteur de la première lettre de saint Jean. Au chapitre 3, il est écrit : « Voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur » (1 Jn 3, 1-3).

Nous sommes héritiers de Dieu parce que nous sommes reconnus par Dieu comme ses enfants bien aimés. Citons encore d’autres passages de l’Écriture. Ainsi dans le prologue de l’évangile de Jean, faisant allusion à Jésus de Nazareth, nous lisons : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu (Jn 1, 12-13). Saint Paul a repris cette affirmation dans plusieurs de ses lettres comme dans sa lettre aux Galates : « Tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. » (Ga 3, 26).

Toutefois cette filiation divine qui nous fait « héritiers de Dieu » (Rm 8, 16-17), a sa source dans un texte fondateur du livre de la Genèse. Il est écrit dans le premier chapitre : « Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance... Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Gn 1, 26-27).

Nous pouvons relier ces deux affirmations de notre foi : nous sommes filles et fils de Dieu et nous sommes à la ressemblance de Dieu. En effet, si nous sommes vraiment filles et fils de Dieu, nous avons certainement une certaine ressemblance avec Dieu comme un enfant a des ressemblances avec ses parents. L’enfant est porteur de gènes qu’il a hérité de ses parents. Notre foi nous dit que tout être humain est habité par quelque chose qui l’apparente à Dieu. J’ai envie de dire qu’il y a en toute personne humaine comme un gène divin. Les chrétiens lui donne un nom : ils disent que tout être humain est habité par l’Esprit Saint, par l’Esprit de Dieu. Qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela ne veut pas dire que nous sommes programmés par Dieu comme des robots et que nous sommes esclaves de cet Esprit. Contrairement aux gènes reçus à notre naissance de nos parents, la présence en nous de l’Esprit de Dieu, non seulement ne limite pas notre liberté, mais tout au contraire elle la nourrit, la provoque. L’Esprit Saint n’a pas d’autre désir que la vérité de cette liberté pour nous. L’Esprit ne veut que des êtres libres, nous en reparlerons plus longuement plus loin.

Mais alors quel est le sens de sa présence en nous ? Il y a une publicité à la télévision à propos de l’achat d’un appartement ; le vendeur, au moment de le montrer à des acheteurs, éteint la lumière tout en continuant son exposé. La pub entend nous dire qu’il faut être éclairé pour choisir un appartement en pleine conscience. J’ai envie de dire que le rôle de l’Esprit Saint en nous n’est pas de nous forcer, mais de nous éclairer. Notre héritage divin est une lumière qui nous aide à orienter notre vie vers ce qui nous est possible et bon dans la situation qui est la nôtre en particulier après la mort de notre enfant. Cette présence divine n’enlève pas nos blessures mais nous donne la force et l’espérance pour avancer quand même sur notre chemin.

Mais comment cet Esprit se manifeste-il à chacun de nous ? La foi nous dit que cette présence de l’Esprit Saint fait référence et nous renvoie à la personne de Jésus de Nazareth. C’est lui qui est la plus juste manifestation de l’héritage reçu de Dieu. Voyons en quoi Jésus est héritier de Dieu et comment nous participons au même héritage.

 

2 - Le Christ héritier de Dieu

Nous avons évoqué tout à l’heure un passage de l’apôtre Paul dans sa lettre aux Romains. Voici ce texte : « C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire. » (Rm 8, 16-17).

« Héritiers avec le Christ », Jésus est donc particulièrement « héritier de Dieu », comment cela peut-il se faire ? Quand nous relisons les évangiles, nous constatons que Jésus ne s’est jamais déclaré directement « fils de Dieu », toutefois, lorsqu’il s’adresse à Dieu, il lui donne toujours le nom de « Père ». Les exemples sont innombrables. Après avoir prié dans la montagne, lorsque ses disciples lui demandent de leur apprendre à prier, Jésus commence par ces mots : « Quand vous priez, dites « notre Père ». Jésus a pu dire cela à ses amis parce que lui-même se sentait le fils bien aimé de Dieu. Après sa résurrection, ses amis ont compris qu’il l’était de façon unique. Ce caractère unique de Jésus comme fils de Dieu est affirmé dans le prologue de saint Jean : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1, 14).

 

a) Jésus a hérité de Dieu un amour universel

En quoi Jésus est-il l’héritier par excellence ? Je pense qu’il a hérité de Dieu son amour gratuit pour tous ceux qui l’entourent sans distinction de condition sociale, de race ou d’appartenance nationale, sans s’enfermer dans une appartenance religieuse. C’est cet amour universel qui fait de Jésus l’héritier par excellence. Donnons-en quelques exemples.

Pas d’exclusion sociale : Jésus va fréquenter et prendre son repas aussi bien chez un chef des pharisiens comme Simon que chez un collecteur d’impôts comme Matthieu ou un simple pêcheur sur le lac de Galilée comme Pierre. Il associe à sa mission aussi bien des hommes que des femmes ; celles-ci sont nombreuses à suivre Jésus comme le rapporte l’évangéliste Luc : « "Jésus proclamait et annonçait la bonne nouvelle du Règne de Dieu. Les Douze étaient avec lui et aussi des femmes qui avaient été guéries d’esprits mauvais et de maladie : Marie, dite de Magdala, dont étaient sortis sept démons; Jeanne, femme de Chouza, intendant d’Hérode; Suzanne et beaucoup d’autres qui les aident de leurs biens. » (Lc 8, 1-3). D’autre part, Jésus a une attention toute particulière pour ceux qui sont méprisés les petits, les malades, les exclus de la société.

Pas d’enfermement national. Jésus respecte à la fois la loi divine et les lois romaines avec cette parole claire : « Alors rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Lc 20, 25).

Pas d’exclusion religieuse. Même si Jésus dit qu’il est venu pour les brebis perdues de la maison d’Israël (« Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15, 24), il va répondre à la demande d’une païenne, une Cananéenne et même admirer sa foi. Alors que les gens de la région de Samarie sont rejetés par le juifs de Juda, Jésus va avoir un long entretien avec une femme de Samarie, entretien qui va bouleverser totalement cette femme.

Ainsi Jésus a bien hérité de Dieu un amour universel, amour qu’il nous est donné à nous aussi de vivre.

 

b) Héritier d’une présence intime avec Dieu.

Jésus a hérité de Dieu cette présence intime qui lui faisait dire : « Le Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10, 30). Cette union intime avec son Père est manifestée à maintes reprises. De nombreuses paroles de Jésus nous le laissent entendre, par exemple : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » (Jn 8, 29). Et il faudrait relire tout le chapitre 17 de saint Jean avec ces paroles essentielles : « Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi » v.10, ou encore : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » v. 21.

c) Enfin Jésus est l’héritier de Dieu en étant l’héritier d’une promesse de vie.

Il l’a annoncé à ses amis à plusieurs reprises en particulier lorsqu’il pense pouvoir ouvrir leur coeur et leur intelligence à la véritable destinée du Messie. Après la belle profession de foi de l’apôtre Pierre, Jésus leur déclare : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite » (Lc 9, 22).  C’est cette promesse fondamentale que la mort n’est pas le dernier mot de la vie que Jésus hérite de son Père pour nous la transmettre.

 

3 - Nous sommes héritiers avec le Christ.

Tirons quelques conclusions de ce que nous venons de dire à propos du Christ Jésus. J’ai cité tout à l’heure la parole fondamentale de l’apôtre Paul : « Puisque nous sommes ses enfants (de Dieu), nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ » (Rm 8, 17). En quoi l’héritage que Jésus a reçu de son Père devient notre propre héritage orientant fondamentalement notre vie ? En quoi cet héritage est-il source d’espérance et de paix pour chacun de nous ? Je reprendrai brièvement ce qui a été dit de Jésus pour l’appliquer à notre propre vie.

 

a) La filiation divine

Nous l’avons affirmé tout au début de notre entretien, comme le dit saint Jean, nous sommes vraiment les filles et les fils de Dieu. Cela change radicalement notre relation avec la divinité. Certes nous ne devons pas oublier que c’est Dieu qui nous donne l’existence comme il est dit dans les Actes des apôtres : « Car c’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. Ainsi l’ont également dit certains de vos poètes : Nous sommes de sa descendance » (Ac 17, 28). Il convient donc de reconnaître la grandeur de Dieu, une grandeur qui nous dépasse infiniment. Cependant, nous ne devons pas oublier que nous sommes surtout ses enfants. Dieu est pour nous d’abord comme un Père qui n’abandonne aucun de ceux qu’il aime y compris dans nos épreuves dont il souffre avec nous.

Nous sommes donc appelés à vivre avec Dieu non pas dans la crainte, mais dans une totale confiance, non pas que Dieu puisse changer les événements de nos vies, mais les porter avec nous. Saint Paul nous le rappelle fortement : « Ainsi tu n’es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c’est l’œuvre de Dieu. » (Ga 4, 7). Comment pouvons-nous avoir peur devant ce Dieu dont nous sommes en vérité les enfants bien aimés ?

 

b) La fraternité

Héritiers de Dieu comme filles et fils de Dieu, nous héritons, par le fait même, d’une fraternité universelle. La raison la plus fondamentale qui nous permet de regarder toute personne humaine, quelque soient ses origines sa race, sa culture ou sa religion, comme des frères et soeurs, c’est que tous nous sommes les enfants spirituels d’un même Père, Dieu.

 

c) La promesse d’être avec le Christ jusque dans sa gloire

Héritiers avec le Christ, nous bénéficions de la même promesse. Demain à la Messe, nous prendrons ce passage dans l’évangile de Jean où Jésus nous dit : « Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn 14, 3).

 

4 - Alors, quelles conséquences pour notre vie de chrétien ?

J’en soulignerais simplement trois : Cet héritage que nous avons reçu de Dieu ouvre notre vie sur une vraie liberté ; il nous permet de vivre un amour de vérité en donnant la priorité au don de soi ; enfin il nous ouvre sur une espérance libératrice.

 

a) Une vraie liberté.

C’est la conséquence directe de notre filiation divine. Cette relation filiale avec Dieu nous libère de tout esclavage, de toute manipulation, de toute tentative pour forcer notre pensée comme nos actes. Parce que nous sommes enfants de Dieu, parce que nous appartenons au monde de Dieu, au monde du Christ Jésus, nous ne sommes inféodés à aucune idéologie, nous sommes libres y compris à l’intérieur de notre appartenance chrétienne. Cette liberté n’est pas le refus ou le détachement de toute appartenance. Cela ne veut pas dire que nous devons nous retirer de tout engagement dans le monde, tout au contraire. Cette liberté de fille et fils de Dieu nous incite à engager notre vie afin de faire grandir notre humanité. Mais il nous est donné, à partir de notre lien filial avec Dieu, de discerner à tout moment ce qui est conforme ou non à cette qualité de fille et de fils de Dieu, ce qui est conforme à ce monde que Dieu aime et pour lequel Jésus nous a donné tous les éléments qui peuvent faire grandir cette humanité. Cette liberté ouvre notre vie et nous permet de construire avec d’autres une humanité qui puisse réaliser le meilleur d’elle-même pour le bonheur de tous et le bonheur de Dieu.

Mais cette liberté peut être dévoyée. Dans notre vie, nous avons hélas la liberté de dilapider notre héritage. N’est-ce pas ce qui nous est raconté dans l’évangile de Luc (chapitre 15) à travers la parabole du fils prodigue  Celui-ci avait dilapidé son héritage. On aurait pu penser qu’ainsi ce fils était perdu. Or l’amour de son père est si absolu, si fort, qu’il est sans cesse en attente d’un retour de ce fils prodigue. Il scrute sans cesse l’horizon au cas où son enfant reviendrait. Et quand il l’aperçoit, il se précipite à sa rencontre, le prend dans ses bras et le réintègre dans sa totale condition de fils.

Notre vision chrétienne de Dieu nous dit qu’il nous réintègre toujours dans notre héritage de fils et fille de Dieu. L’héritage divin reçu à notre naissance nous est sans cesse redonné en sorte qu’il nous est toujours possible d’en vivre réellement malgré nos faiblesses répétées.

 

b) Un amour à la manière de Dieu.

Co-héritiers avec le Christ, nous portons en nous la source d’une véritable amour pour tous nos frères humais si nous essayons d’avoir des relations entre nous selon l’Esprit de Dieu tel que Jésus nous en a donné l’exemple. Notre héritage divin nous permet d’aimer un peu à la manière de Dieu. Nous pouvons repérer trois aspects d’un amour selon Dieu. Le premier est le service : aimer, c’est servir. Hans Kûng dans son livre sur Jésus parle du « courage du service ». Le service est l’expression la plus haute de l’amour véritable : c’est Jésus se mettant à genoux pour laver les pieds de ses apôtres avant son dernier repas avec ses amis.

Un autre aspect de l’amour selon Dieu est le pardon ; aimer, c’est pardonner. Ce qui est presque incompréhensible dans le pardon de Dieu est qu’il pardonne au pécheur que nous sommes avant même que nous ayons commencé à nous convertir. Son pardon gratuit vient toucher le pécheur dans sa faiblesse afin qu’il découvre combien il est aimé et qu’ainsi il puisse s’ouvrir à un changement de comportement. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’affirmation du Christ concernant l’amour des ennemis : en voyant qu’il est regardé avec amour par celui-là même qu’il a blessé, il peut alors découvrir qu’une autre relation est possible et, peut-être se convertir, changer d’attitude. C’est l’espérance de l’amour.

Ainsi, cet amour selon Dieu que nous avons en héritage, est le chemin d’une fraternité universelle. Le don gratuit est le seul chemin d’un véritable « vivre ensemble » qui dure, paisible et heureux.

Enfin, cet amour que nous avons reçu en héritage, cet amour selon Dieu demande toujours un certain renoncement : aimer, c’est renoncer. Le don de soi entraîne toujours un certain renoncement à nos propres désirs, à nos satisfactions centrées sur nous-mêmes, puisqu’il s’agit d’accepter la place de l’autre différent de moi. Mais c’est un renoncement aimé et qui nous construit l’un et l’autre.

 

c) Une espérance

De l’héritage reçu de Dieu, nous portons en nous une espérance fondée sur la confiance que nous avons en Jésus le Christ. Co-héritiers avec le Christ, nous avons l’espérance qui était celle de Jésus : cette espérance que Dieu nous accompagne à chaque instant de notre vie, dans les bons comme dans les mauvais moments. Mais notre espérance qui est celle-là même de Dieu est qu’au-delà de notre mort, Dieu nous fait entrer dans sa propre vie éternelle.

 

5 - Cet héritage nous donne d’être ce que nous sommes aujourd’hui.

Cet héritage nous a permis de vivre chaque jour avec courage et espérance. Il nous a été transmis par tant de femmes et d’hommes croyants mais aussi par tant de personnes qui vivaient de cet amour divin sans en avoir conscience. Mais cet héritage d’amour  nous a été aussi transmis par nos enfants. J’avais développé cet héritage dans les pages chrétiennes du bulletin n°225 de juin dernier. En voici un extrait : « Je pense que cet héritage, Dieu a déjà commencé à nous l’offrir lorsque, au premier instant de notre vie, il a lui-même touché notre vie de son regard d’amour, laissant en chacun de nous une trace divine nous donnant la capacité d’aimer un peu à sa manière. Pendant toute notre vie terrestre, nous nous efforçons de fair grandir cet amour divin, d’être habité par lui dans nos pensées comme dans nos actes. Nos enfants qui ont traversé leur mort humaine et que nous croyons vivants en Dieu ont maintenant déployé cet amour divin, devenant totalement transfigurés par cet amour et capables d’en rayonner la lumière et de le partager en vérité avec vous. Ainsi l’héritage de nos enfants n’est autre que cette communion d’amour, que cet amour divin que nous recevons de nos enfants qui sont aujourd’hui pleinement aimant à la manière de Dieu et en Dieu. Cette communion avec nos enfants nous fait grandir, nous fait aimer davantage et de façon plus authentique. C’est pourquoi l’héritage de nos enfants n’est pas seulement tout ce que nous avons reçu d’eux au cours de leur vie à nos côtés, mais ils continuent à nous aimer d’un amour dont la force et l’intensité s’apparente à la force et à l’intensité de l’amour de Dieu. Cet amour divin qui habite pleinement nos enfants est le plus bel héritage qu’ils peuvent nous transmettre et cela chaque jour ».

 

- L’accomplissement de l’héritage.

Notre foi de chrétien ne nous parle pas d’un héritage hypothétique, ou seulement après notre mort. Elle nous parle d’un héritage qui nous est déjà offert, mais dans la précarité et la faiblesse de notre condition humaine mortelle. Nous sommes en chemin ; notre foi nous parle d’un héritage qui trouvera son total accomplissement un jour en Dieu. Il est déjà donné, mais seulement  partiellement. Comme le dit Jean dans sa première lettre : « Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. » (1 Jn 3, 2).

Ainsi, pour chacun de nous, notre foi nous dit que cet héritage divin qui nous habite aura sa pleine réalisation dans le face à face avec Dieu, dans notre transformation en cet amour qu’est Dieu lui-même. Certes, nous ne pouvons ni comprendre ni représenter cet accomplissement de notre héritage. Mais nous faisons confiance au Christ. Et nous pouvons dire avec l’apôtre Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).

Publié dans Conférences

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