Christ Roi

Publié le par Père Maurice Fourmond

Christ-Roi

Le 25 novembre 2012

Homélie

 

Il faut bien reconnaître que cette appellation de Jésus comme «roi» est pleine d’ambiguïté. Jésus s’est toujours démarqué de ceux qui étaient les rois de ce monde. Rappelons-nous ce qu’il disait à ses disciples qui se querellaient sur celui d’entre eux qui serait le pus grand : «Les rois des nations agissent avec elles en seigneurs, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel. Au contraire, le plus grand d'entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert» Lc 22, 25-27. Et même lorsque devant Pilate , celui-ci lui demande de confirmer sa royauté, Jésus répond : «C’est toi qui dit que je suis roi». Et il ajoute comme pour déplacer la question de Pilate : «Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix» Jn 18, 37. Par ces mots, Jésus entendait nous dire que sa royauté n’était autre que le règne de la vérité.


Pourquoi alors avoir utilisé ce terme de «roi» ? C’est parfois le mot qui est utilisé par les amoureux «Tu es mon roi», voulant dire ainsi que l’autre est la référence majeure de sa vie. Je pense que nous pourrions employer ce mot de «roi» dans ce sens : le Christ est notre roi parce qu’il est la référence majeure de notre vie, il est ce qui nous fait vivre, qui donne son sens, toute sa saveur à notre vie. Dire au Christ : «Tu es mon roi» ne veut pas dire autre chose que la place centrale de Jésus dans notre vie, la place centrale de sa parole, de son espérance, de sa vie.


Mais que veut dire mettre le Christ Jésus au centre de notre vie ? Ce n’est pas être sans arrêt en prière, c’est être habité par un amour dont il est la source. «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés» Jn 15, 12. Mettre le Christ au centre de sa vie, c’est essayer chaque jour d’aimer comme lui. Nous voyons combien est forte et difficile une telle exigence quand on voit jusqu’où Jésus a été dans l’amour qu’il porte à notre humanité et à chacun de nous. Deux expressions peuvent nous aider à entrer dans cette royauté de Jésus : l’une est le don de sa vie et l’autre que nous avons rappelé tout à l’heure est l’attitude de serviteur. 


Jésus nous a dit : «Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis» Jn 15, 13. Et c’est ce qu’il a fait. Au-dessus de la croix Pilate avait fait mettre cette inscription : «Jésus de Nazareth, roi des juifs» Jn 19, 19. Au-delà de la dérision de l’écriteau, Jésus en donnant sa vie par amour exprimait parfaitement sa royauté non seulement pour les juifs, mais pour l’humanité entière. Si nous voulons partager la royauté de Jésus , il n’y a pas d’autre chemin que celui du don de soi. Et donner sa vie n’est pas forcément perdre sa vie physique pour autrui, donner sa vie passe par quantité de gestes quotidiens très modeste, mais dont la permanence demande une grande force d’âme. Donner sa vie, n’est-ce pas ce que Jésus résume par cette expression «porter sa croix» c’est-à-dire accepter de se détacher de ce qui nous empêche d’aimer en actes et en vérité comme le rappelle l’apôtre Jean dans sa première lettre.


L’autre expression est celle du service. Nous ne partagerons jamais la royauté de Jésus en dehors du service fraternel. Qui que nous soyons, nous avons tous comme le désir d’exercer un pouvoir si modeste soit-il. Nous avons l’impression qu’en faisant peser notre pouvoir sur autrui, nous existons ; mais c’est une illusion. Tout au contraire, c’est l’humble service qui donne du poids à notre existence. Et nous savons que cette expression «avoir du poids» traduit très exactement le mot «gloire». La gloire c’est ce qui a du poids. Le service est la gloire de Jésus, ce qui en fait le roi de toute l’humanité. De même pour nous ce sera le service qui fait de nous des rois et qui est seulement notre «gloire».


Ainsi reconnaître Jésus comme roi, ce n’est pas autre chose qu’essayer de vivre comme lui du moins dans ces deux attitudes de don et de service qui constituent sa plus belle couronne mais aussi la nôtre.

 

Dans cette eucharistie que nous célébrons, jésus manifeste exactement sa royauté : sous l’humble signe d’un pain et d’un vin consacré, le service de Jésus va jusqu’à se donner en nourriture  pour que nous ayons la vie. Soyons dans l’eucharistie, c’est-à-dire dans l’action de grâce pour cette étonnante royauté de Jésus.

Publié dans Homélies du dimanche

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