L'annonce faite à Marie

Publié le par Père Maurice Fourmond

4è dimanche de l’Avant B

Le 18 décembre 2011

Homélie

 

Luc 1, 26-38  L’Annonciation

 

L’évangile de ce dimanche avant Noël nous invite à nous rendre dans ce petit village de Nazareth et à regarder cette jeune fille appelée Marie. Elle a grandi dans son village comme toutes les autres jeune filles. Selon la coutume, sa famille et celle de Joseph se sont entendus pour que leurs enfants se marient. Le mariage est décidé, la fête aura sans doute lieu dans peu de temps.


Comme toutes les jeunes filles juives, Marie vivait douloureusement l’occupation romaine et, connaissant les Écritures, attendait un Messie qui redonnerait toute sa splendeur à la royauté d’Israël. La réflexion chrétienne qui aboutit au dogme de l’Immaculée Conception nous permet de dire que Marie, dès son plus jeune âge, était parfaitement transparente à la présence de Dieu en elle. Elle était non seulement une juive pieuse, mais son coeur était toujours orienté vers le bien. Elle était certainement précieuse aux yeux de Dieu. C’est à elle que va s’adresser le message de Dieu pour lui annoncer que c’est elle, Marie, qui portera ce Messie tellement attendu.


Qu’est-ce que Marie a compris des paroles de l’ange, du messager de Dieu ? Sans doute que Dieu lui demandait de porter en elle ce Messie, ce nouveau roi d’Israël. La mention de l’Esprit Saint ne l’éclairait pas beaucoup. Quant à comprendre que l’enfant qu’elle allait porter serait Dieu, elle ne pouvait pas même l’imaginer. Mais là n’était pas l’essentiel. L’essentiel était, non pas qu’elle puisse saisir ce mystère inouï d’un Dieu se faisant homme, l’essentiel était sa disponibilité à l’action de Dieu : «Voici la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi selon ta parole». Même si le message de l’ange restait encore bien mystérieux, Marie a tellement confiance en Dieu que, même si elle ne comprend que peu de choses, elle accepte la parole qui qui est adressée. Marie se veut disponible à la parole de Dieu. 


Qu’est-ce que la disponibilité ? C’est faire passer le désir de l’autre avant son propre désir ou plutôt, c’est accorder son désir au désir de l’autre. Marie, sans toutefois saisir toute la portée de ce qui lui est demandé, parce qu’elle a toute confiance en Dieu, va accorder son désir au désir de Dieu. Elle fait que la parole de Dieu devienne sa propre parole. C’est ce que tu veux que je veux. C’est cette même disponibilité qui habitera le coeur de Jésus tout au long de sa vie au point qu’il pourra dire : «Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé» Jn 7, 34. Cette disponibilité demande à la fois une grande transparence de vie et un courage à toute épreuve. Une transparence de vie afin d’inscrire sa vie dans le projet de Dieu. Mais aussi un grand courage car son «oui» va bouleverser bien des choses, bien des espoirs, bien des relations, ces relations tellement importantes dans un petit village comme Nazareth. Dire «oui», accorder son désir au désir de Dieu ouvre un chemin certes de joie profonde, mais aussi d’épreuves dont Marie ne pouvait soupçonner l’importance. La confiance l’emporte sur la peur. Dieu ne peut abandonner celle qui a dit oui à son projet d’amour pour le monde. 


Cette disponibilité de Marie n’est-elle pas un modèle de l’attitude qui nous est demandée comme chrétiens ? Comme Marie, nous n’avons qu’une intelligence partielle du désir de Dieu. Comme pour elle, bien de choses de notre foi restent pour nous mystérieuses. Nous sommes alors partagé entre deux attitudes : la peur ou la confiance. La peur qui nous enferme ou la confiance qui nous ouvre.


La confiance consiste à s’appuyer sur l’amour infini de notre Dieu dans la certitude que, quelques soient les événements de notre vie, heureux ou malheureux, Dieu sera toujours avec nous pour nous soutenir et pour nous faire grandir en sainteté. La confiance, c’est s’appuyer sur quelqu’un dont nous sommes sûrs de la tendresse et de la présence. La confiance suppose un certain détachement de soi, accepter de ne pas tout maîtriser. C’est cette sorte d’abandon, non pas de résignation, mais cette espérance folle, mais la plus raisonnable qui soit, que Dieu n’abandonne jamais ceux qu’il aime. Cette confiance est source de paix. Ce n’est pas sans raison si le grand message de Noël tel que chanté par les anges, est un message de paix, en tous cas cette paix intérieure de ceux qui mettent toute leur confiance en Dieu.

Publié dans Homélies du dimanche

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