La femme adultère

Publié le par Père Maurice Fourmond

5è dimanche Carême

le 17 Mars 2013

 

Évangile de la femme adultère Jean 8, 1-11

 

Homélie

 

De cet évangile étonnant, je voudrais retenir l’attitude du Christ vis à vis de la femme adultère et cette parole merveilleuse : «Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus». Le Christ ne dit pas que l’acte de cette femme est sans importance ; pour le désigner, il emploie le mot «péché». Mais l’essentiel du récit est ailleurs.


J’aurai volontiers appelé ce récit «l’espérance de Dieu». En effet, à travers la parole de Jésus, on peut lire toute son espérance concernant l’avenir de cette femme. Il croit qu’elle peut changer sa vie pour le bien. Jésus ne condamne pas cette femme parce qu’il perçoit en elle une capacité à transformer sa vie.


Les scribes et les pharisiens qui ont amenés cette femme devant Jésus ne croient pas qu’elle peut changer ou du moins ce n’est pas leur préoccupation. L’avenir de cette femme ne compte pas, seule compte l’application de la Loi. C’est pourquoi le verdict est sans appel, la sanction définitive. L’attitude de ces scribes et pharisiens nous interroge : qu’est-ce qui nous importe le plus, la personne qui est en face de moi ou la seule application de la règle ? Et d’ailleurs, qui sommes-nous pour juger les autres. Certes, une société a le devoir de protéger se membres et c’est le rôle de la loi, mais qui peut juger de la responsabilité de chacun ? L’attitude de Jésus est tout autre. Ce qui lui tient à coeur, c’est l’avenir de cette femme amenée devant lui.


L’attitude de Jésus nous rappelle que rien ni personne n’est perdu pour Dieu. À chaque instant Dieu nous souffle à l’oreille : «Je crois que tu es meilleur que ce que tu as fait !». Jusqu’au dernier instant de notre vie, Dieu croit en nous, il croit à notre capacité de conversion. Cette espérance de Dieu à notre égard est bien le coeur de son coeur. C’est cette espérance qui est la source de cette décision inouïe de venir partager notre condition humaine. L’incarnation est la preuve la plus forte de l’espérance de Dieu à l’égard de notre humanité fragile. Et le sacrement de la réconciliation vient nous le redire. En effet, le sacrement de la réconciliation est le sacrement de la confiance, non notre confiance en Dieu, mais la confiance de Dieu en nous, en notre avenir. Rien n’est perdu pour Dieu. C’est le beau témoignage que nous donne ce truand pendu sur une croix à côté de Jésus. Au terme de sa vie, son coeur découvre le mal qu’il a fait, il reconnaît que sa punition est juste : «Pour nous c’est juste, nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n’a rien fait de mal» (Lc 23, 41). Non seulement Jésus le le condamne pas mais il lui ouvre un avenir en l’assurant qu’il serait aujourd’hui près de lui dans le paradis. 


Nous ne savons pas ce qu’est devenue la femme de notre évangile. Saint Jean n’en dit rien. L’évangile nous laisse sur cette confiance inébranlable de Jésus en sa capacité de conversion et donc en la nôtre. C’est forts de cette confiance du Christ que nous pouvons à notre tour croire en nous-mêmes. Puisque Jésus croit en moi c’est donc que je vaux mieux que ce que je peux penser de moi-même. Si pour lui j’ai un avenir c’est donc que je peux continuer à construire cette vie qui s’achemine vers la joie du Père. 

 

Pour conclure, je reprendrai cette parole de Paul aux chrétiens de Philippe, parole qui devait habiter le femme de l’évangile comme elle habitait la samaritaine après sa rencontre avec Jésus au puits de Jacob comme elle peut nous habiter : «Oubliant ce qui est en arrière et lancé vers l’avant, je cours vers le but» Ph 3 , 13-14. C’est porté par la parole de confiance de Jésus qu’il nous est donné de reprendre la route.


Cette confiance de Jésus nous est personnellement confirmée par le don qu’il nous fait ce soir de  sa vie dans le pain consacré. Nous repartons habités par l’espérance de Dieu et par toute la force du ressuscité.

 

Publié dans Homélies du dimanche

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