La transfiguration de Jésus

Publié le par Père Maurice Fourmond

2ème dimanche de Carême, année C

La transfiguration de Jésus, Luc 9, 28b-36

 

Nous trouvons ce récit de la transfiguration dans les trois évangiles de Matthieu, de Marc et de Luc, mais seul Luc met ce récit en rapport avec la prière de Jésus. Luc écrit : “Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre”. La transfiguration est reliée à la prière de Jésus. On peut dire qu’elle est la manifestation extérieure d’une réalité intérieure, celle que Jésus vivait dans sa prière. Nous ne savons pas ce qui se passe dans ce lien intime entre Jésus et Dieu. On peut penser qu’en lui, Dieu le Fils s’unit tellement à son humanité et la relation filiale de l’homme Jésus à son Père est si forte que cela rejaillit, transparaît sur son visage et ses vêtements. L’amour du Père qui habite Jésus envahit l’homme Jésus au point que la transformation intérieure se manifeste à l’extérieur. Nous disons d’ailleurs parfois de certaines personnes qu’elles “rayonnent”, indiquant ainsi que ce qu’elles vivent à l’intérieur d’elles-mêmes se manifeste sur leur visage.


Méditant le récit de la transfiguration de Jésus, les commentateurs disent que cette transfiguration est l’annonce, le prélude de la résurrection du Christ. Je pense qu’il faut aller plus loin, cette transfiguration n’est pas seulement l’annonce de la résurrection de Jésus, mais elle manifeste cette résurrection déjà au travail dans sa vie d’homme. La transfiguration de Jésus est le signe que sa résurrection, comme la nôtre d’ailleurs, est déjà commencée. Certes, elle ne sera plénière qu’au moment de la mort, mais elle est déjà à l’oeuvre en nous, comme elle l’est en Jésus.


Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous croyons que l’amour de Dieu est présent au coeur de chacun de nous, nous croyons que son amour est efficace, qu’il agit en nous et nous transforme peu à peu dans la mesure où nous le laissons nous toucher. Cette transformation par et dans l’amour de Dieu, c’est cela qu’on appelle  “la résurrection”. 


Ainsi, la transfiguration de Jésus nous montre la présence en lui comme en chacun de nous de l’amour de Dieu nous transformant peu à peu en cet amour même. La prière de Jésus le situait en totale disponibilité à l’amour du Père présent au coeur de sa vie. Elle permettait à cet amour infini de le façonner à l’image de cet amour même. La résurrection n’est pas autre chose que cette transformation progressive en cet amour divin qui nous habite, jusqu’au jour où cet amour aura envahi la totalité de notre existence, de notre corps, de notre personnalité en sorte que nous soyons remplis totalement, pleinement de la vie même de Dieu.


Nous voyons donc à quoi nous sommes appelés. Nous sommes appelés à devenir image de Dieu, c’est-à-dire image de cet amour qu’il est infiniment. Nous comprenons alors que Jésus ait résumé toute la Loi et les Prophètes au seul commandement de l’amour, l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Nous comprenons aussi pourquoi Saint Jean a pu écrire dans sa première lettre : “Quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu”. C’est la résurrection déjà commencée et qui s’achèvera par la transfiguration de tout notre être au moment de notre mort. Cette perspective mettait sur les lèvres de Paul ce cri : “Je suis pris dans ce dilemme : j’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ, et c’est de beaucoup préférable, mais demeurer ici-bas est plus nécessaire à cause de vous” Ph 1, 23-24.


L’évangile continue avec la parole de Dieu adressée aux trois apôtres témoins de la transfiguration : “Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le”. Nous qui croyons au Christ, nous n’avons pas d’autre exigence que d’écouter le Christ. Certes, les apôtres avaient cette chance de pouvoir écouter directement leur Seigneur, ce qui avait fait dire à Pierre : “À qui irions-nous, tu as des paroles de vie éternelle” Jn 6, 68. Nous, pour écouter le Christ, nous n’avons pas de ligne directe avec lui, mais avons les Écritures, ces témoignages des contemporains de Jésus. Nous avons le témoignage de l’Église qui, au cours des siècles, s’est efforcée par les saints de suivre l’enseignement de Jésus. Nous avons nos frères et soeurs qui, s’il sont chrétiens s’efforcent dans leur vie d’écouter l’évangile ou, s’ils ne sont pas croyants, essaient de suivre la voix de leur conscience là où est l’esprit de Jésus. Nous sommes aussi aidés par la voix du magistère de l’Église qui nous offre une lecture autorisée de la Parole de Dieu. Nous pouvons sans cesse écouter le Christ nous montrant le chemin de notre résurrection.


Enfin nous voyons les apôtres qui redescendent dans la plaine. Il n’était pas question de planter des tentes pour rester dans l’éblouissement de la vision du Christ transfiguré, mais de poursuivre la route à la suite de Jésus. Pour nous aussi, il s’agit de retrousser nos manches afin de témoigner dans notre vie quotidienne de cette espérance que nous donne le travail de l’Esprit Saint qui, en nous et avec nous, construit notre résurrection en nous apprenant à aimer.

Publié dans Homélies du dimanche

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