Nous sommes responsables les uns des autres

Publié le par Père Maurice Fourmond

23è dimanche A

Le 4 septembre 2011

Homélie  Matthieu 18, 15-20

 

De l’évangile que nous venons d’entendre, je voudrais relever trois enseignements essentiels pour notre vie de chrétiens. 


Le premier, c’est la prise de conscience que nous sommes responsables les uns des autres. Cette responsabilité est exprimée dans l’évangile par ces mots : “Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul”. Comment faut-il l’entendre ? Il est certes bien difficile de porter un jugement sur le péché de mon frère même si nous estimons à juste titre que tel acte qu’il a commis est répréhensible. C’est pourquoi, il me semble qu’il faut voir plus loin. Ce que Jésus nous demande, c’est d’être attentifs à la vie de mon frère. C’est le contraire de l’indifférence : “Tu fais ce que tu veux, cela ne me regarde pas” ou “Tu peux être dans la détresse physique ou morale, ce n’est pas mon problème !”. Comment ne pas évoquer le récit de la Genèse concernant Caïn et son frère Abel, Dieu interroge Caïn : “Où est ton frère Abel ? Je ne sais, répondit-il. Suis-je le gardien de mon frère ?” Gn 4, 9. Tout l’évangile nous montre à quel point Jésus a été attentif à ses frères, aussi bien à leur souffrance physique qu’à leur peine morale. L’exemple le plus frappant est sans doute l’épisode de ce paralysé soutenu par quatre amis et descendu par le toit devant Jésus (Lc 5, 17-26). Jésus était occupé par une foule qui se pressait autour de lui dans la maison au point , nous rapporte l’évangéliste, que le paralysé ne pouvait pas accéder par la porte. Jésus va être attentif à cet homme et il saura discerner au-delà de sa paralysie physique, sa paralysie morale. C’est pourquoi il commence par lui dire : “Tes péchés te sont remis”, pour ensuite, bien sûr, soulager sa souffrance physique. C’est cette attention que Jésus nous demande d’avoir vis à vis de nos frères et soeurs, et nous savons que cette relation fraternelle s’étend à ces frères et soeurs que sont tant de gens dans le monde , et déjà à ceux qui sont notre prochain.


Le second enseignement de cet évangile, c’est l’importance de la communauté : “S’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes afin que l’affaire soit réglée par la parole de deux ou trois témoins”. Là encore il convient d’élargir le propos de l’évangéliste et parler de la responsabilité de la communauté chrétienne. Elle concerne notre communauté de Saint Hippolyte avec ces questions fondamentales : “Comment notre communauté soutient-elle ses membres et particulièrement les plus fragiles, les plus faibles. Et nous savons bien que notre fragilité peut-être en de multiples domaines : fragilité de santé, fragilité psychique, fragilité de la foi, fragilité devant les sollicitations perverses du monde. Cette responsabilité est une question permanente posée à notre communauté paroissiale. Quels sont les moyens que nous prenons afin de soutenir chaque paroissien, chaque membre de notre communauté ? Mais la responsabilité de notre paroisse va au-delà de ses membres. Quel visage présentons-nous qui permette à des frères et soeurs plus lointains de demander de l’aide, de s’ouvrir à la lumière, de reprendre courage, de grandir en humanité ?


Enfin mais tout à fait lié à ce que nous venons de dire, il y a l’assurance de la présence de Jésus : “Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux”. Comment ne pas rapprocher cette parole de ce qui était dit juste avant et faire le parallèle entre ces deux ou trois témoins dont nous parle Jésus afin d’éclairer et de réconforter un frère et la parole de Jésus nous assurant qu’il est là quand deux ou trois sont réunis en son nom.


Nous nous interrogeons souvent sur la présence réelle du Christ. Certes, s’il y a une présence “éminente” comme le dit le Concile Vatican II dans la présence du Christ à travers le pain et le vin de l’eucharistie, il y a une présence réelle du Christ par la lumière de son Esprit au sein de la communauté quand deux ou trois se réunissent en son nom.


Cette présence devrait sinon nous rassurer, du moins nous remplir de joie, d’audace, d’espérance. Quand nous sommes réunis au nom de Jésus, nous ne sommes pas seuls mais notre rencontre, notre réunion est habitée par cette présence mystérieuse du Christ ressuscité.


Dans cette eucharistie que nous célébrons ce soir, notre foi nous dit de reconnaître la présence du ressuscité se donnant en nourriture lorsque nous mangeons le pain consacré ; notre foi nous dit aussi que Jésus est présent dans notre assemblée pour porter notre prière et construire son corps en nous réunissant dans l’amour infinie du Père.  

Publié dans Homélies du dimanche

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