Jésus envoie ses disciples en mission

Publié le par Père Maurice Fourmond

14è dimanche ordinaire

Le 7 Juillet 2013

Évangile selon Saint Luc 10, 1-12.17-20

Homélie

 

    L’évangile de Saint Luc nous rapporte l’envoi par Jésus de 72 disciples. Vous vous rappelez l’affirmation de Jésus dans la synagogue de Nazareth : «Aujourd’hui, cette parole s’accomplit pour vous». La parole de l’évangile que nous avons entendu s’accomplit pour nous aujourd’hui, ce qui veut dire qu’aujourd’hui, le Christ Jésus envoie les disciples que nous sommes afin de permettre aux coeurs sincères de s’ouvrir à la venue du Christ. Regardons quel est cet envoi de Jésus afin de comprendre ce que le Christ attend de nous.

 

    La première chose qui frappe dans notre évangile c’est que Jésus envoie ses disciples non pour semer, mais pour moissonner : «La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux». Derrière cette parole nous est confirmé que Dieu nous a précédé dans le coeur de ceux auxquels il nous envoie. Ce n’est pas nous qui semons, c’est Dieu lui-même qui a déjà inscrit la graine de son amour dans la vie de chacun. Dieu a déjà semé la graine par cette ressemblance mystérieuse qui fait que tout être humain est habité par un amour divin. Et cet amour n’est par comme un objet inerte, mais comme un feu, comme un appel, comme un dynamisme interne qui travaille toute vie humaine quelque soit sa race, sa culture, sa religion ou son athéisme. Il nous est demandé de «moissonner» c’est-à-dire en priorité de révéler à l’autre ce qui est déjà au coeur de son coeur. Comme les disciples réveillant Jésus dormant dans la barque battue par le vent et la tempête, il nous est demandé, par notre témoignage, de «réveiller» chez les autres une présence déjà là et qui ne demande qu’à offrir le calme et la paix. Si la dernière parole de cet évangile «Le règne de Dieu est tout proche de vous» s’applique en priorité à Jésus lui-même, on peut tout à fait penser que cette proximité est celle de l’amour de Dieu présent au coeur de chacun.

 

    Ensuite, nous voyons que Jésus envoie ses disciples deux par deux. Certes, à l’époque de Jésus, un seul témoin n’était pas recevable, il fallait en justice au moins deux témoins pour que le témoignage soit reçu. Mais au-delà de cette nécessité juridique à l’époque de Jésus, on peut aussi comprendre que Jésus ne nous envoie jamais seul, même si, apparemment, nous sommes seuls. C’est toujours une communauté qui envoie et qui accompagne, même si c’est un individu seul qui est porteur du témoignage. À travers cela, Jésus confirme l’importance de la communauté. C’est ainsi que, pour notre paroisse Saint Hippolyte, toutes les actions pastorales d’annonce ou de témoignage que ce soit à travers le catéchuménat, le catéchisme, la solidarité, tous ces témoignages sont et doivent être portés par la communauté tout entière. La communauté doit se sentir responsable du témoignage donné par l’un ou l’autre de ses membres. On n’est pas chrétien tout seul, mais on n’est pas témoin tout seul.

 

    Un troisième aspect de l’envoi par Jésus, c’est l’indication de n’emporter «ni argent, ni sac, ni sandales». Cette prescription souligne l’urgence de la mission, mais aussi Jésus entend nous dire que le témoignage n’est pas d’abord une question de moyens, même si certains moyens sont nécessaires, mais d’abord la vérité du témoin. C’est elle seule qui peut rendre crédible le témoignage. C’est ainsi que Jésus, non pas oppose, mais montre la priorité qui doit habiter le témoin : ce n’est pas les moyens matériels mais le bien apporté aux personnes, ce bien que Jésus traduit quelques lignes plus loin par le verbe «guérir». Mais Jésus nous prévient que ce ne sera pas facile. La difficulté du témoignage est exprimée à travers le rapport entre les agneaux et les loups. Non seulement le témoignage risque de laisser indifférent comme les Athéniens disant à l’apôtre Paul : «On t’entendra une autre fois», mais il risque de provoquer une opposition parfois meurtrière comme d’ailleurs ce fut le cas pour Jésus : «Le serviteur n’est pas plus grand que son maître ; s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi» Jn 15, 20.

 

    Enfin, soulignons que le témoignage est d’abord une parole de paix : «Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : Paix à cette maison». La première parole du témoin n’est pas une parole qui juge, qui condamne, mais une parole de paix. Encore faut-i s’entendre sur cette paix. Elle n’est pas la sérénité, un dépassement des angoisses ou des souffrances que la vie nous inflige. La paix de Jésus est à la fois cet accord intérieur où nous nous sentons ajustés à nous-mêmes et à Dieu, et à la fois une confiance inébranlable en la présence d’un Dieu dont l’amour ne nous abandonne jamais.

 

    Alors, dans cette eucharistie, rendons grâce à Dieu qui nous envoie pour être les témoins de son amour et qui nous en donne la force par cette nourriture qu’est la vie même de son Fils, Jésus ressuscité. 

Publié dans Homélies du dimanche

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