"Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?»

Publié le par Père Maurice Fourmond

3è Avent A

Évangile Matthieu 11, 2-11

Homélie

 

     La figure de Jean Baptiste nous touche. Cet homme est en prison et même s’il a quelques contacts avec ses disciples, il vit une dure situation. On peut comprendre que, dans le silence de sa cellule, il relise sa vie. Sa vocation était de préparer le chemin du Seigneur et, sur les bords du Jourdain, il avait proclamé un baptême de conversion puis lorsque Jésus était passé, il l’avait reconnu et déclaré comme étant le Messie attendu. Mais voilà que, dans sa prison, il s’interroge, le doute s’installe dans son coeur, son cousin «est-il vraiment celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?» et c’est pourquoi il envoie des disciples voir Jésus afin qu’il mette fin à son hésitation.

 

    Cette interrogation de Jean Baptiste nous traverse parfois l’esprit, la foi n’est pas une évidence mais une relation confiante et bien des questions se posent qui restent sans réponse. Nous ne pouvons entendre de nos oreilles la réponse de Jésus, mais nous pouvons justement renouveler notre confiance et redire les paroles de Pierre : «À qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle». 

 

    L’interrogation inquiète de Jean Baptiste est la question qui nous est souvent posée : votre Christ est-il vraiment l’envoyé de Dieu, sa vie, sa mort ouvrent-elles vraiment un chemin de salut ? Qui est ce Jésus auquel vous croyez ?

 

    Vous avez sans doute remarqué que Jésus ne répond pas aux envoyés de Jean en affirmant son identité, il ne dit pas, oui, c’est bien moi le Messie. Sa réponse, me semble-t-il est plus forte, va plus loin, il dit simplement «rapportez à Jean ce que vous voyez» et il énumère : les aveugles voient, les boiteux marchent et les pauvres reçoivent une bonne nouvelle. Certes, les signes que donne Jésus renvoient aux propos du prophète Isaïe qui annonçait la libération des captifs déportés à Babylone. Mais cette libération annonçait un monde nouveau manifesté par les mêmes signes libérateurs. Nous parlons beaucoup d’évangélisation. Ne faut-il pas comme Jésus inviter les gens à juger sur ce qu’ils voient ? La question est capitale : Qu’est-ce que nous donnons à «voir», chacun de nous, notre communauté de Saint Hippolyte, notre Église ? Jésus a donné des «signes» de la vérité de sa personne et de son message. Ne nous est-il pas demandé à nous aussi de donner des «signes». Or, les signes que Jésus donne sont tous des signes libérateurs. : Quels signes libérateurs nous donnons à voir et qui seraient des signes de ce monde nouveau que Jésus a inauguré ? En ce dimanche de l’Avent, nous pouvons réfléchir à cette question, sans culpabilité certes, mais avec vérité.

 

    L’évangile d’aujourd’hui continue par l’éloge que Jésus fait de Jean Baptiste. Jésus ne reproche nullement à son cousin ses doutes, il admire au contraire la droiture de ce prophète, et même il va plus loin : «Amen, je vous le dis : Parmi les enfants des hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste». Quel bel éloge fait par celui qui est le Fils bien aimé de Dieu. 

Plusieurs fois dans l’évangile nous voyons Jésus plein d’admiration : pour la foi du centurion à Capharnaüm, pour l’amour que Marie de Magdala, une pécheresse avait manifesté. Si Jésus pouvait avoir la même admiration pour chacun de nous, pour la qualité de notre recherche de Dieu, pour la vérité de notre vie, pour l’amour que nous témoignons autour de nous !

 

    Curieusement Jésus termine en disant que «le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que Jean». Pourquoi ? On peut avancer la raison suivante : Jean Baptiste se situe comme le dernier des prophètes de l’Ancienne Alliance et Jésus entend dire que le plus petit dans la nouvelle Alliance est plus grand que lui, ce qui veut dire que le disciple de Jésus a franchi une étape essentielle dans le projet de Dieu. Il ne s’agit pas d’opposer l’Ancien et le Nouveau Testament, nous savons qu’on ne peut pas comprendre la vie de Jésus sans faire référence à tout ce que le peuple d’Israël a vécu et dont Jésus est l’héritier et l’aboutissement. Toutefois, cette petite phrase de Jésus peut nous faire ressentir la joie de notre foi en Jésus de Nazareth. Nous avons la chance de connaître le Christ et d’essayer de suivre son exemple. Rendons grâce à Dieu de ce que nous vivons ces temps nouveaux où la promesse est accomplie en Jésus notre frère et notre Dieu.. 

Publié dans Homélies du dimanche

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