"Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure"

Publié le par Père Maurice Fourmond

5è Dimanche de Pâques

Le 18 Mai 2014

 

Évangile Jean 14, 1-12

 

Homélie

 

L’évangile que nous venons d’entendre est particulièrement dense. Retenons seulement deux ou trois points importants pour notre vie de chrétiens.

 

    Le premier est l’affirmation par Jésus qu’il y a beaucoup de demeures dans la maison du Père. Déjà nous savons que l’adverbe «beaucoup» dans la pensée biblique signifie une totalité de même que le pardon que Jésus demande de donner 70 fois 7 fois est également le signe d’une totalité, de toujours. Ainsi, beaucoup de demeures signifie que la maison de Dieu peut recevoir la totalité des hommes et des femmes de ce monde. Je pense que Jésus dans ce passage veut nous dire deux choses. L’une est que chacun quel qu’il soit a une place tout près du coeur de Dieu, personne n’est exclut de l’amour infini qu’est Dieu. Jésus vient redire à chacun de nous qu’il est unique, précieux. parfois nous avons la tentation de désespérer de nous-mêmes et de Dieu. Comment Dieu peut-il accorder une telle place au pauvre homme que je suis, accueillir même ceux qui le rejettent ou qui le trahissent ?

 

     L’autre aspect de cette affirmation de Jésus est que tous les hommes sont invités à prendre place dans cette maison de l’amour qu’est Dieu. Personne n’a le droit de réduire à quelques uns l’accueil dans la maison de Dieu. De quel droit pouvons-nous dire que tel ou tel n’est pas digne ou ne doit pas participer à la vie de Dieu. Nos critères humains ne peuvent pas définir ceux que Dieu accueille chez lui.

 

    Un autre aspect qui nous touche dans cet évangile est la réflexion de Thomas : « Nous ne savons même pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ?» Jésus dans sa réponse ne reproche pas à Thomas son interrogation. Nous avons tous le droit de dire nos questions, nos interrogations, nos doutes. Le Christ ne nous demande pas d’effacer nos questions, mais de les dépasser dans une confiance heureuse en lui et en sa parole. Certes, à l’inverse de Thomas, nous savons où a été Jésus, quel a été le terme de son chemin puisque nous savons que Jésus, après avoir traversé sa mort est dans la gloire de l’amour de Dieu, nous savons où il allait et où il est, toutefois comme Thomas, nous n’en avons pas l’évidence, et nous ne connaissons pas le comment de cette résurrection. Nous faisons confiance à la parole de Jésus quand il nous dit qu’il est «le chemin, la vérité et la vie». C’est une confiance, mais elle n’est pas aveugle car nous faisons l’expérience d’une joie intérieure profonde lorsque nous essayons de suivre le chemin de Jésus. Cette joie n’est pas une preuve mais l’assurance que ce chemin est un chemin de bonheur.

 

    Enfin je trouve très impressionnant le fait que Jésus dit à ses amis qu’ils feront des oeuvres encore plus grandes que celles qu’il a pu faire : «Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père». Qu’est-ce que Jésus veut nous dire par là ? Je ne crois pas que, parlant des oeuvres, Jésus désigne les signes, les miracles qu’il a pu accomplir. Je crois que pour Jésus, l’oeuvre du Père n’est autre que la manifestation dans le monde de l’amour inconditionnel de Dieu. C’était la mission de Jésus. Aussi je pense que lorsque Jésus nous dit que nous ferons des oeuvres plus grandes encore que ce que lui-même a pu faire, c’est pour nous dire que sa mission n’est pas achevée, que nous avons un chantier, un champ immense, plus grand que celui qu’il a lui-même labouré. Il me semble que par cette parole Jésus nous dit : je quitte visiblement ce monde que Dieu aime, je pars vers le Père, et je vous confie de continuer ma mission, de continuer l’oeuvre que le Père m’avait donnée. J’ai accomplie l’oeuvre du Père dans le cadre limité d’un petit espace et dans le temps limité d’une vie humaine. Mais je vous charge de continuer ma mission, et de la développer aux dimensions du monde. Vous ferez donc des oeuvres plus grandes. Dans le seconde lecture, Saint Pierre nous dit que Jésus est la «pierre angulaire». Il est donc le fondement solide sur lequel la maison va se bâtir. Mais la pierre angulaire si essentielle  soit-elle ne suffit pas, il faut plein d’autres pierres pour que la maison se construise. C’est en ce sens que Jésus nous dit : «il en accomplira de plus grandes». C’est donc une grande responsabilité que le Christ nous confie.

 

    Dans notre eucharistie, rendons grâce à Dieu qui accueille toute personne humaine dans sa maison, demandons à l’Esprit Saint la lumière et la force de poursuivre l’oeuvre de Jésus, mais aussi rendons grâce car Jésus, comme il l’a promis, nous prend «avec» lui, ce soir.

 

Publié dans Homélies du dimanche

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :