Le Salut, la Rédemption, par quels chemins ?

Publié le par Père Maurice Fourmond

Notre-Dame de la Gare

Accompagnateurs

Le 18 Mai 2014

conférence de l'après midi

II- Gratuité de Dieu

Je voudrais voir avec vous cet après-midi quatre aspects de la foi chrétienne qui sont parfois mal compris. Le premier est l’absolue gratuité de Dieu, le second est le sens du péché, le troisième concerne la notion de jugement, enfin nous verrons le sens de ce passage par la mort et la résurrection qui marque le baptême.

1- La gratuité.

Vous vous rappelez que Jean dans sa première lettre définit Dieu comme étant l’amour même (1 Jn 4, 8). Or nous savons qu’une des composantes essentielles de l’amour est justement la gratuité. Certes, on peut donner des raisons à l’amour que nous portons à telle ou telle personne : nous l’aimons en raison de sa bonté, de son intelligence, de sa beauté, d’une certaine affinité avec ce que nous vivons et pensons... Mais ces raisons ne suffisent pas à définir l’amour. L’amour est sans raison, en tous cas sans raison qui justifient réellement l’amour. À sa manière, Saint Paul le disait dans sa lettre aux Romains : «Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs» Rm 5, 6-8. Ce n’est donc pas pour nos mérites que Dieu nous aime puisque Jésus a donné sa vie pour nous alors que nous sommes encore pécheurs. Cela montre bien la gratuité de l’amour de Dieu.

Nous employons parfois la notion de mérite. Je pense que cette notion n’est pas chrétienne. Nous ne pouvons en aucun cas mériter l’amour et plus encore l’amour de Dieu. Si nous nous efforçons de répondre à l’amour qui nous est offert, cela ne nous donne aucun droit sur l’autre et encore moins sur Dieu. Dans le registre de l’amour, dans l’univers de Dieu nous ne sommes pas dans une relation de droit, «j’ai droit à», mais seulement dans une relation de gratuité, je donne gratuitement et je reçois sans aucun mérite de ma part.

Cette gratuité est manifestée principalement par l’Incarnation, ce don qui nous est fait en Jésus de Nazareth. Dieu a manifesté la profondeur de son amour pour l’humanité en prenant le risque de se faire homme comme chacun de nous.

La lecture des évangiles nous montre que Jésus ne fonctionne pas selon les mérites des gens. Cela est manifeste par l’accueil qu’il fait à chacun quel qu’il soit. Rappelons-nous la réponse de Jésus aux pharisiens qui s’indignaient de le voir à table avec les pécheurs : «Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs» Mt 9, 13. Si Jésus est venu appeler les pécheurs, ce n’est évidemment pas en raison de leurs mérites, mais par pure miséricorde, gratuitement.

La gratuité de Dieu est manifesté à maintes reprises dans les évangiles. Pensons par exemple à la parabole dite du «fils prodigue» dont on dit que l’image du père est sans doute la plus belle représentation de Dieu. Or nous voyons le père qui accueille son fils sans réserve ; il ne lui pose aucune question, il ne lui fait même pas de reproches, il n’exige aucune réparation ; il le réintègre totalement dans sa dignité de fils ; ce qui l’habite, c’est seulement la joie d’avoir retrouvé son fils : «Le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer» Lc 15, 22-23. Comment ne pas être touché par cet amour totalement gratuit que le père manifeste à son fils prodigue.

Enfin comment ne pas citer le bon larron sur la croix. Seule la vérité exprimée par ce bandit lui ouvre le coeur de Dieu et Jésus lui promet de partager aussitôt le paradis. Qu’est-ce qu’a pu mériter ce bandit ? Rien sinon le fait d’avoir reconnu la vérité de sa vie.

Cette gratuité de Dieu s’exprime vis à vis de chacun de nous ; elle est contenu dans le premier regard d’amour que Dieu porte sur chaque personne humaine. Avant toute attitude signifiant une relation filiale, Dieu offre la gratuité de son amour et de sa vie à chacun. Cette gratuité non seulement n’est pas la porte ouverte à la licence, au droit de faire n’importe quoi, tout au contraire, la gratuité porte en elle-même une exigence plus grande que toute relation de droit. Le droit marque des limites en deça desquelles on peut se penser juste. N’était-ce pas la position des pharisiens selon lesquels l’observance de la Loi suffisait pour être déclaré un homme juste. par contre l’amour vrai ne se donne pas de limites. C’était la réponse de Saint Vincent de Paul à la reine qui lui demandait : «Mais Monsieur Vincent qu’auriez voulu faire que n’ayez fait ? Et monsieur Vincent de répondre : «Davantage». Ainsi la gratuité ouvre sur une réponse libre dont l’exigence ne peut s’enfermer dans quelques observances.

2- Quel est le sens du péché.

Nous disons à nos catéchumènes qu’ils seront baptisés «pour le pardon des péchés» en référence à la parole de Pierre dans les Actes des Apôtres : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés» Ac 2, 38. Nous savons que dans la primitive Église, seul le baptême apportait le pardon des péchés. C’est une des raisons qui ont conduit bien des croyants, dans la primitive Église, à ne se faire baptiser que sur leur lit de mort. Mais quel est le sens du péché et quel est sa place dans la vie des chrétiens ?

Toute l’histoire de l’Église est marquée par l’importance donnée au péché dans la vie du chrétien. Il n’est question que de péché avec toute la culpabilité qui l’accompagne. Pourquoi cette omniprésence ? Nous en avons déjà dit un mot ce matin, c’est sans doute cette affirmation selon laquelle «Jésus est mort à cause de nos péchés» ou encore «le péché est responsable de la mort de Jésus». Moi qui suis pécheur, je suis donc coupable de la mort du Christ ! Comme les souffrances et la mort de Jésus ont envahis toute la mystique chrétienne, on peut comprendre l’importance qu’a pris le péché dans la vie du chrétien. Mais essayons de préciser trois choses : le désir de Dieu pour l’homme, la difficulté qu’il a à réaliser son véritable accomplissement et le sens du péché.

Nous l’avons déjà dit à propos du salut, le désir de Dieu est le bonheur de l’homme. Le récit de la Genèse est clair, après la création s’achevant avec celle de l’humain, il est dit : «Dieu vit que cela était bon». Il y a donc une bonté fondamentale de cette création et donc de l’être humain «créé à la ressemblance de Dieu». L’homme est bon. Ceci ne nie d’aucune manière la fragilité de l’homme et son état de pécheur, mais lui rappelle sa dignité fondamentale comme aussi que Dieu ne désire que son bonheur et enfin que ce bonheur est l’accomplissement de sa vie. Certes la foi chrétienne nous dit que toute personne humaine nait marquée par ce qu’on a appelé le péché originel. En fait le petit homme ne nait pas pécheur, mais il nait dans un monde dont l’orientation est marquée par un certain refus de sa finitude, ce que le livre de la Genèse exprime symboliquement à travers le mythe du fruit défendu. L’homme refusant sa finitude se met à la place de Dieu, prétend être Dieu alors qu’il n’est qu’un homme mortel. C’est dans cette contradiction que va naître toute personne humaine, nous en avons parlé ce matin. Le petit homme nait avec inscrite en lui cette frustration devant sa finitude qui est celle de notre humanité. Il lui faudra vivre avec cette frustration pour tenter de l’accepter afin de vivre dans la vérité de sa vie.

Le refus d’être ce qu’il est, un homme limité et fini et donc se vouloir Dieu l’incline au péché. Ainsi, le péché est un concept théologal, c’est-à-dire qui concerne la relation entre l’homme et Dieu. Sera considéré comme péché toute blessure à la relation filiale qui nous fait reconnaître notre dépendance vis-à-vis d’un Dieu qui est notre Père et la source de notre vie. Sera considéré comme péché toute blessure à la relation aimante que Dieu souhaite avoir avec nous. Cela ne concerne pas seulement nos refus de Dieu ou nos trahisons, mais aussi toute blessure faite à ceux que Dieu aime, c’est-à-dire à toute personne humaine qui est son enfant bien aimé. Cela est exprimé dans une très belle hymne chantée à Laudes du samedi : «Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? Qui donc est Dieu que nul ne peut aimer s’il n’aime l’homme ? Qui donc est Dieu qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme ?». En effet comme toute personne qui aime, toucher à la personne aimée est une atteinte à celui qui aime cette personne.

Nous avons la chance d’avoir l’exemple merveilleux d’un homme comme nous, le Christ Jésus. À travers ce que nous en ont dit les témoins du Nazaréen, nous avons un chemin d’accomplissement de notre humanité. Jésus avait dit : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie» Jn 14, 6. À travers l’exemple de Jésus, puis de tous ceux qui se sont efforcés ou s’efforcent aujourd’hui de suivre ce chemin, il nous est donné de pouvoir réaliser qui nous sommes, chacun, dans la vérité de sa vie.

Les chrétiens appellent «combat spirituel» cet effort permanent pour vaincre en nous ces tendances contraires à notre véritable humanité afin de vivre de cette bonté fondamentale qui nous habite comme images de Dieu et frères du Christ Jésus.

C’est ainsi que si notre péché nous rend tristes, cette participation à la sainteté de Dieu dans l’accueil de son pardon sans cesse offert, nous remplit d’action de grâce. Si l’Église a institué le sacrement de la réconciliation, c’est bien pour nous permettre d’entrer dans la joie du père retrouvant son enfant égaré. On a fait de ce sacrement un lieu où nous sommes accablés par la culpabilité. Or ce sacrement est un sacrement de joie, c’est un lieu de fête comme les retrouvailles entre le père et le fils prodigue de l’évangile nous le montrent.

On parle de «pénitence». Cette notion est elle aussi bien complexe. Fondamentalement elle est la réparation d’un préjudice commis, elle n’est nullement de l’ordre d’une punition. Nous en reparlerons à propos du jugement. La réparation peut être vie à vis d’un tiers, mais aussi au sens d’une machine abîmée qu’on va réparer. Le péché non seulement blesse Dieu, mais en même temps abîme notre propre vie. Dans ce sens, la réparation peut être considérée comme l’effort nécessaire pour s’engager dans une libération personnelle. On voit que le sens de la pénitence est profondément changé. Elle concerne l’amélioration de notre existence, une démarche en vue de notre véritable accomplissement. Ainsi ce n’est pas la peine ou la souffrance qui est importante mais le changement positif opéré dans notre vie d’homme et de femme. Réparer, c’est remettre en marche, permettre que ce qui ne fonctionnait plus bien retrouve toute sa vitalité. Certes, une «réparation» suppose un travail parfois couteux ou difficile, mais l’objectif est de retrouver la joie et le bonheur, la «réparation» n’est qu’un moment passager permettant cette assurance et cette paix qui fut celle du fils prodigue.

3- Le jugement.

Là encore, les représentations que l’histoire nous présente, confirment la peur que nous pouvons avoir du jugement ; cette peur est inscrite sur les frontons des cathédrales avec la cohorte des damnés tombant en enfer, manifestant ainsi avant même d’entrer dans l’église le drame du jugement dernier. Nous mélangeons l’idée que Dieu est «juste», avec la notion de «justice» au sens d’un tribunal condamnant les coupables. Le sacrement de la réconciliation a été longtemps considéré comme le fait de passer au «tribunal de la pénitence». Il est vrai que l’Écriture parle sans cesse du jugement de Dieu. Déjà dans l’Ancienne Alliance tous les prophètes en appellent au jugement de Dieu. Ainsi Jérémie : «Je vais prononcer sur eux mes jugements à cause de toute leur méchanceté, car ils m’ont abandonné, ils ont brûlé de l’encens pour d’autres dieux et se sont prosternés devant l’œuvre de leurs mains» Je 1, 16. Ou encore Joël : «J’assemblerai toutes les nations et je les ferai descendre vers la Vallée de Josaphat (dont le nom signifie « Le Seigneur juge »). Là-bas, j’entrerai en jugement avec elles au sujet d’Israël, mon peuple et mon héritage, car elles l’ont dispersé parmi les nations, elles ont partagé ma terre» Jo 4, 2.

Le Nouveau Testament est tout aussi explicite, par exemple en saint Matthieu : «Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous. Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville serait encore là aujourd’hui. Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, le pays de Sodome sera traité moins sévèrement que toi» Mt 11, 22-24. Saint Paul n’est pas en reste écrivant aux chrétiens de Rome : «Or, nous savons que Dieu juge selon la vérité ceux qui font de telles choses. Et toi, l’homme qui juge ceux qui font de telles choses et les fais toi-même, penses-tu échapper au jugement de Dieu ? Ou bien méprises-tu ses trésors de bonté, de longanimité et de patience, en refusant de reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse à la conversion ? Avec ton cœur endurci, qui ne veut pas se convertir, tu accumules la colère contre toi pour ce jour de colère, où sera révélé le juste jugement de Dieu, lui qui rendra à chacun selon ses œuvres» Rm 2, 2-6. Et pourtant l’évangile nous donne de nombreux exemples d’une absence de jugement comme par exemple l’épisode de la femme adultère : «Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » Jn 8, 11. Ou encore le bon larron « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis» Lc 23,43. Mais le récit le plus impressionnant est la parabole du fils prodigue en Luc 15. Nous en parlions tout à l’heure, dans ce récit le père ne juge pas son fils, il l’accueille dans la joie. Dans les trois exemples que je viens de citer, ce n’est pas Dieu qui juge, ce sont les personnes elles-mêmes qui reconnaissent leurs erreurs, leur péché devant l’amour infini de Dieu. C’est la vérité reconnue à la lumière de Dieu qui est notre juge. C’est bien ce que dit le fils prodigue : «Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils» Lc 15, 21. Ou le bon larron : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Lc 23, 40-41.

C’est pourquoi je pense vraiment que ce n’est pas Dieu qui nous juge, nous nous jugeons nous-mêmes mais à la lumière d’un amour infini, de l’amour de Dieu. Et au moment de notre mort, placés directement dans l’amour éblouissant de Dieu pour nous, nous prendrons alors pleine conscience de toute la distance entre cet amour et notre vie. C’est nous-mêmes qui nous jugerons dans la vérité, éprouvant une très grande peine d’avoir ainsi manqué à l’amour, peine qu’on peut appeler le «purgatoire», nous purifiant ainsi avant de partager la plénitude de la vie de Dieu.

4- Mort et résurrection

Nous disons à nos catéchumènes avec l’Église que, par le baptême, ils sont «plongés dans la mort et la résurrection du Christ». Saint Paul l’enseignait aux chrétiens de Rome : «Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui» Rm 6, 3-8.

La mort nous situe spontanément dans un monde tragique, douloureux. Pourquoi faut-il passer par la mort pour entrer dans le monde de la résurrection? En fait nous sommes marqués par la mort humaine de Jésus sur la croix. Quand Paul nous dit qu’il nous faut être unis à la mort de Jésus, cela ne veut pas dire qu’il faut mourir physiquement. Il y a en effet plusieurs sortes de mort. La naissance est une sorte de mort puisqu’il faut sortir du ventre maternel et couper le cordon ombilical. La naissance de l’amour est une sorte de mort puisque le bébé doit faire son deuil d’une fusion avec sa mère pour accepter qu’elle soit autre que lui et ainsi, entrant dans l’altérité, pouvoir commencer à aimer. La relation amoureuse va exiger une certaine forme de mort par l’acceptation des limites de l’autre et de ses propres limites. Pour reprendre une image biblique, le passage de l’ancien monde à un monde nouveau va demander là encore une forme de mort. Ou pour prendre une image en botanique, le passage de la chrysalide au papillon est aussi une forme de mort.

Pour dire les choses autrement, il nous faut toujours quitter quelque chose pour entrer dans une nouvelle vie. N’est-ce pas d’ailleurs le sens de tout choix. Un exemple clair se trouve dans la vocation des apôtres qui vont quitter quelque chose pour suivre Jésus. C’est ce qui est dit des pécheurs sur le lac de Galilée : «Laissant tout ils le suivirent». C’est ce que n’a pas pu faire le jeune homme riche : Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? » Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi» Mt 19, 20-22.

Certes, quand il nous faut quitter quelque chose à la quelle on tient, cela n’est pas facile, c’est même pénible. Mais la perspective d’un merveilleux plus, pour notre vie, est un motif puissant pour accepter de perdre. Jésus n’a-t-il pas dit : «Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera» Mc 8, 35. Lorsque Saint Paul nous parle de mourir avec le Christ, d’être plongés dans la mort de Jésus, il ne parle pas d’abord de la mort physique de Jésus, mais du passage nécessaire , de la Pâque indispensable pour entrer dans la vraie vie. Ce n’est pas le caractère sanglant de la mort qui est important, mais le passage d’un état à un autre. La mort sanglante de Jésus était la passage nécessaire de sa vie terrestre à sa gloire auprès du Père. Pour nous ce n’est pas encore le passage définitif pour entrer dans la plénitude de notre résurrection, mais un passage essentiel pour entrer avec le Christ Jésus dans une intimité certes imparfaite, mais déjà réelle et pleine de l’espérance d’un accomplissement parfait.

C’est pourquoi cette notion de «passage» symbolisé par la mort et la résurrection, est tout simplement la condition nécessaire pour toute vie, pour toute ouverture sur la vie. Vivre, ce n’est pas rester dans l’état, immobile, vivre c’est toujours passer au-delà avec son aspect inconfortable. La marche est bien l’image de tout passage : lorsque nous levons le pied, nous sommes dans une position instable, inconfortable mais nécessaire pour avancer.

Alors rendons grâce à Dieu de nous inviter à opérer ce passage qui n’est pas seulement au moment de notre baptême, mais qui est la condition même de notre vie humaine et spirituelle. C’est donc sans cesse qu’il nous faut passer de la mort à la vie jusqu’au jour où ayant atteint l’autre rive, ce ne sera plus un passage de la mort à la vie, mais de la vie à la vie, de la résurrection à la résurrection.

Publié dans Conférences

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