Le combat de la foi

Publié le par Père Maurice Fourmond

 

Halte spirituelle 

Saint Jacques du Haut Pas

Le dimanche 25 novembre 2012

 

2ème entretien

«Le combat de la foi»

 

Quand on parle de combat, on évoque aussitôt une lutte difficile dont l’échéance est incertaine ; on pense à quelque chose de douloureux voire de souffrances pouvant donner à la foi chrétienne un aspect doloriste qui risque d’écarter toute envie de s’y engager. En fait sous le terme de combat, nous voulons désigner ce qui est inhérent à toute forme de vie. Toute croissance implique de s’affronter à ce qui va freiner ou même empêcher la croissance. Or la vie se construit peu à peu : nous disons à juste titre que si nous naissons humains, il nous faut chaque jour devenir humain. De même on peut se dire chrétien, mais aussi on devient chrétien peu à peu. Ainsi sous le terme de combat on indique que, aussi bien notre humanité que notre relation à Dieu est une conquête progressive, que, pour être humain comme pour être chrétien, il nous faut franchir des obstacles. L’apôtre Paul compare cette conquête humaine et spirituelle à une course dans le stade : «Vous savez bien que, dans les courses du stade, tous les coureurs prennent le départ, mais un seul gagne le prix. Alors, vous, courez de manière à l'emporter» 1 Co 9, 24. Et Paul confie aux Philippiens son propre combat : «Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j'ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, je ne pense pas l'avoir déjà saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l'avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus» Ph 3, 12-14

 

Ce combat pour conquérir notre humanité dans toutes ses dimensions et en particulier dans sa dimension spirituelle et religieuse qui est une quête de vérité, de recherche de Dieu, est un beau combat dans lequel il vaut la peine de s’engager. Il est intéressant de voir que le même mot «engagé» se dit justement d’une armée qui part au combat et de l’effort pour donner ce qu’on a de meilleur.

 

Je diviserai mon propos en trois parties. Je voudrais d’abord réfléchir avec vous sur l’épreuve de la confiance pour ensuite voir les conditions pour vivre dans la confiance et je terminerai par la paix profonde que procure la véritable confiance au Dieu de Jésus Christ.

 

 

1- L’épreuve de la confiance.

Si nous avons des raisons de donner à Dieu notre confiance, ces raisons ne constituent pas une évidence car bien des faits, bien des raisons peuvent mettre en péril la confiance donnée. Essayons d’en énumérer quelques unes.

 

a)La nuit de la foi.

Tous les grands mystiques ont fait cette douloureuse expérience de cette nuit de la foi, une épreuve qui les a tenu parfois très longtemps. La nuit de la foi est différente du doute. Celui-ci est une interrogation de l’intelligence devant certaines affirmations de la foi ou même par rapport à l’existence de Dieu. La nuit n’est pas un doute mais le sentiment d’être abandonné de Dieu. C’est la parole du psalmiste que Jésus a repris pour lui-même sur la croix : «Eli, Eli, lema sabaqthani», «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné» Mt 27, 46 (du psaume 22, 2). Beaucoup de mystiques ont fait cette expérience douloureuse; Pensons à Saint Jean de la Croix (mort en 1591) qui développe sa propre expérience dans deux poèmes : d’abord «La montée du mont Carmel» puis «La nuit obscure». Voici un passage suggestif : «Donc, au temps des sécheresses de cette nuit sensitive (en laquelle Dieu fait le changement que nous avons dit : tirant l’âme de la voie du sens à celle de l’esprit)...  les spirituels endurent de grandes peines, non tant de leurs aridités que de la peur qu’ils ont de se perdre par ce chemin, pensant que le bien spirituel est tari pour eux et que Dieu les a délaissés» («La nuit obscure» livre I, chapitre X).

 

Le 9 juin 1895, deux ans avant sa mort, la petite Thérèse écrivait à sa mère prieure : “ “Ma Mère bien-aimée, je vous parais peut-être exagérer mon épreuve, en effet si vous jugez d’après les sentiments que j’exprime dans les petites poésies que j’ai composées cette année, je dois vous sembler une âme remplie de consolations et pour laquelle le voile de la foi s’est presque déchiré, et cependant... ce n’est plus un voile pour moi, c’est un mur qui s’élève jusqu’aux cieux et couvre le firmament étoilé... Lorsque je chante le bonheur du Ciel, l’éternelle possession de Dieu, je n’en ressens aucune joie, car je chante simplement ce que je veux croire. Parfois il est vrai, un tout petit rayon de soleil vient illuminer mes ténèbres, alors l’épreuve cesse un instant, mais ensuite le souvenir de ce rayon au lieu de me causer de la joie rend mes ténèbres plus épaisses encore”. Et nous savons que Mère Thérèsa a vécu pendant 50 ans une “nuit de la foi”. Elle avait dit  : “Si jamais je deviens sainte - je serai certainement une sainte des ténèbres". Elle avait confié en 1979 à son confesseur : « Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j'écoute et n'entends pas ». Dans une lettre à son directeur spirituel, Mère Thérèsa écrit : « La situation physique de mes pauvres abandonnés dans les rues, indésirables, mal aimés, délaissés - est l'image fidèle de ma propre vie spirituelle et de mon amour pour Jésus ». Cette épreuve demande une force intérieure et une fidélité pour maintenir la confiance qui n’est possible qu’avec l’aide de l’Esprit Saint.

 

À ce sentiment d’être abandonné de Dieu, il faut joindre l’impressionnant silence de Dieu. Combien de fois n’avons-nous pas crié vers Dieu avec le sentiment que Dieu n’entend pas ou ne répond pas. Les psaumes sont pleins de ce cri désespéré vers Dieu comme par exemple le verset suivant du psaume 22 (21) que Jésus a cité sur la croix : «Le jour j’appelle et tu ne réponds pas, mon Dieu» v. 3. Ou encore le psaume 69 (68) : «Sauve-moi, mon Dieu : les eaux montent jusqu'à ma gorge ! J'enfonce dans la vase du gouffre, rien qui me retienne ; je descends dans l'abîme des eaux, le flot m'engloutit. Je m'épuise à crier, ma gorge brûle. Mes yeux se sont usés d'attendre mon Dieu» v.2-4. Certes, nous savons que Dieu nous a parlé, il a même tout dit de lui et de nous en son fils Jésus de Nazareth, mais nous voudrions pouvoir entendre sa parole de nos propres oreilles.

 

 

b) Le doute. «Et si tout cela n’était qu’une illusion !»

Une autre épreuve de la confiance est le doute. Si j’engage ma vie avec Dieu, je ne peux le faire que si je “crois en lui”. Nous sommes dans le domaine de la confiance. Toute confiance accordée à quelqu’un peut s’instaurer après une longue expérience, ou presque immédiatement comme réponse à une sorte d’intuition. L’une et l’autre fonctionnent comme une espèce d’évidence non pas fondée scientifiquement, mais fondée sur une conviction intérieure. Même si nous avons des «raisons» de croire, sans évidence objective, notre conviction est donc “subjective”. Quels sont les éléments qui construisent cette conviction intérieure qui me pousse à dire «Je crois en toi» ? Ils sont de plusieurs ordres. Ce peut être le “bien ressenti” à partir de cette relation ; ou encore la “connivence” entre ce que je suis, mes propres valeurs, mes propres exigences et ce que j’en perçois chez l’autre ; c’est le sentiment d’une “vérité” vécue par l’autre et qui me touche ; ou encore la “profondeur” reconnue dans les dialogues avec l’autre, ou l’éveil en moi d’une espérance inconnue qui va naître à partir de cette relation. Ceci est valable dans les relations amoureuses humaines, mais plus encore vis à vis de Dieu. 

 

À partir de là, je peux dire «Je crois en toi», par contre, la connaissance de l’autre n’est pas du même ordre que le fait de croire en lui. C’est pourquoi, les choses sont différentes qui s’appliquent à la connaissance du mystère de Dieu et de notre propre destinée. Nous sommes dans le domaine de l’invisible, il ne nous est donc pas possible d’avoir des preuves scientifiques. Les “lois” du monde spirituel n’ont rien à voir avec les “lois” du monde matériel. C’est pourquoi, si nous avons comme une évidence intérieure de l’amour de Dieu pour nous et pour l’humanité entière, la façon dont nous interprétons les efforts humains pour comprendre le mystère de Dieu, son action dans le monde, ce vers quoi il nous destine, est pleine de questions, d’interrogations, de doutes. Pourquoi ? Parce que nous n’avons que des mots humains, nous n’avons que des analogies humaines pour exprimer l’indicible. Ces mots humains, ces analogies, ces représentations, ces interprétations sont très dépendantes des cultures, de l’évolution du monde, des philosophies et donc peuvent être “mises en doute” lorsqu’il y a un changement de culture, de vocabulaire et que de nouvelles interprétations se font jour.

 

Ainsi, à côté du doute systématique qui n’est qu’un moyen d’approcher la vérité d’un fait ou d’une hypothèse, il y a le doute concernant ce qui est dit de Dieu, son identité même, ce qu’il est et même s’il existe quand des événements mettent en question les attributs de Dieu qui nous ont été révélés comme la bonté ou la toute-puissance. Ainsi il peut arriver de douter même de l’existence de Dieu. 

 

Mais il y a, plus souvent encore, les doutes qui concernent non pas la personne, mais ce qu’on dit d’elle. Dans le domaine de la foi chrétienne, on parlera des “vérités” à croire. Pour ce qui concerne ces dernières, les doutes sont d’autant plus normaux qu’ils touchent l’invisible, le domaine non de la science mais de la croyance. Le monde de Dieu comporte une zone capitale de “mystère” au sens où nous n’en finissons pas de chercher à le comprendre, il déborde les capacités de la raison humaine et c’est pourquoi tout effort pour construire un langage cohérent passe par une expérience et par des mots humains toujours loin d’une réalité qui nous dépasse. 

 

Depuis le siècle des Lumières, la rationalité scientifique est devenu le critère essentiel pour justifier l’adhésion à n’importe quelle affirmation. Même si bien des scientifiques sont des chrétiens convaincus, beaucoup de personnes récusent la foi chrétienne au nom d’une rationalité : il n’y a pas de preuves rationnelles qui imposent de croire. Toutefois un athée comme André Comte-Sponville reconnaît qu’il n’y a d’évidence ni en faveur de l’existence de Dieu ni contre son existence.

                                                                                                                                    Lorsque le doute s’insinue en nous, un combat se livre entre ces doutes et la confiance que je veux garder en ce Dieu dont je crois profondément qu’il m’aime. Notons que ce combat est constitutif de la foi elle-même et qu’il nous faudra jusqu’à la fin de notre vie faire en sorte que la confiance demeure même si le doute subsiste.

 

c) Pourquoi le mal ?

Une autre épreuve de la confiance est l’existence du mal dans le monde. Nous sommes tous touchés plus ou moins directement et profondément par la souffrance : la souffrance de la maladie, de la mort de ceux qu’on aime, de la misère de tant de personnes dans le monde, des vies brisées de tant de personnes quand tout à coup le malheur s’abat sur elles. Alors monte à nos lèvres : «Pourquoi ?». Ce qui est dur, c’est que le chrétien n’a pas plus de réponse qu’un autre à cette question. Hans Jonas, cet écrivain juif a écrit sur «Le concept de Dieu après Auchwitz» pour conclure que Dieu ne peut pas être tout-puissant. Mais cette affirmation ne répond pas à la question même si elle la déplace. Il est certain que le problème du mal est un des principaux arguments des personnes qui disent ne pas pouvoir croire en Dieu : Si Dieu existait, sa bonté et sa toute-puissance auraient empêché le mal. On demandait à un incroyant ce qu’il dirait à Dieu s’il se trouvait en sa présence et cette personne de répondre : je lui demanderait pourquoi y a-t-il tant de ratés dans votre création.

 

Cette épreuve de l’existence du mal et du malheur de nombreux innocents nous accompagne tout au long de notre vie. Nous chrétiens, il nous faut vivre avec ce pourquoi sans réponse en nous appuyant seulement sur la personne de Jésus en qui Dieu a partagé la souffrance et la mort des hommes.

 

d) " Je ne sais pas aimer ".

Je voudrais souligner encore une autre épreuve de la confiance, c’est la prise de conscience de notre propre faiblesse, c’est la prise de conscience de la distance entre ma vie et l’appel de Dieu à aimer comme lui : «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés» Jn 13, 34. C’est le risque d’un désespoir de ne pas aimer. Cette épreuve est plus fréquente qu’on ne le pense. C’est la tentation du découragement, la tentation de baisser les bras devant la difficulté à avancer sur le chemin de notre sainteté qui est le chemin de l’amour.

 

On ne peut surmonter cette épreuve que dans l’acceptation de notre faiblesse inscrite dans l’amour infini de Dieu. L’apôtre Jean le dit dans sa première lettre : «Sache que si ton coeur te condamne, Dieu est plus grand que ton coeur» 1 Jn 3, 20.

 

 

2- Les conditions de la confiance.

Parmi les diverses conditions d’une véritable confiance en Dieu,  je voudrais en relever trois.

 

a)Le «lâcher prise».

Nous revendiquons à juste titre notre autonomie. Nous souhaitons maîtriser notre propre vie. Certes, nous sommes bien obligés de constater que bien des choses nous échappent. Toutefois, au fil des années, nous nous construisons un univers non seulement de convictions ce qui est fondamental et qu’il ne faut pas «lâcher», mais aussi de façons de penser et d’agir, d’habitudes, d’une certaine vision de soi-même et des autres, bref beaucoup d’éléments qui ne sont pas essentiels qui sont même superficiels et qui nous enferment souvent à l’intérieur de nos propres idées, nos propres jugements. Cette façon de définir une fois pour toutes ce qu’il convient de penser, de juger, de faire, d’affirmer la bonne et unique manière de penser et de vivre, nous empêchent de nous ouvrir à autrui et bien sûr à Dieu.

 

Le «lâcher-prise» consiste donc à accepter de ne pas tout savoir, de ne pas tout pouvoir faire, de relativiser certaines façons de vivre, d’accepter les modifications que la vie nous impose sans pour autant perdre la paix et le contrôle de soi-même.

 

Pour utiliser un vocabulaire chrétien, je parlerai d’un certain détachement indispensable pour être libre et pouvoir aimer. La richesse pour laquelle Jésus nous met en garde et qui est un obstacle au don de soi, n’est pas seulement la richesse matérielle, mais elle peut être la richesse intellectuelle et même spirituelle. Le «lâcher-prise» est exprimé de façon radicale à travers cette parole de Jésus déjà citée ce matin : «Celui qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera» Mt 10, 39. Il vaut la peine d’accepter de «lâcher-prise», apparemment de «perdre sa vie», de se «détacher» de sa vie, si c’est pour trouver la vraie vie, celle promise par Dieu et dans laquelle chacun de nous peut pleinement s’accomplir.

 

b) L’abandon.

Le «lâcher-prise» conduit à une certaine forme d’abandon. L’abandon est l’attitude même de la confiance. S’abandonner à Dieu comme un enfant s’abandonne dans les bras de sa mère, est une attitude spirituelle essentielle. Déjà nous la trouvons dans beaucoup de passage de la Bible sous les verbes  «se confier», «se fier», s’abriter». Ainsi dans le psaume 13 (12) «Pour moi, en ton amour, je me confie». Ou dans le psaume 118 (117) «Mieux vaut s’abriter en Yahvé que se fier en l’homme» v.8. L’expression «mettre en Dieu son abri» se retrouve très souvent dans les psaumes : «Yahvé, mon Dieu, en toi j’ai mon abri» Ps 7, 2 ; 11, 1 ; 14, 6... Se fier à Dieu se trouve plusieurs fois dans le livre des Proverbes : «Qui se fie en Yahvé est bienheureux» Pr 16, 20. Ou encore «Fie-toi à Yahvé qui te sauvera» Pr 20, 22.

 

On peut raisonnablement s’abandonner entre les bras de Dieu car nous savons que Dieu lui, ne nous abandonnera jamais. Le fait que Dieu se soit fait homme est sans doute la preuve la plus forte que Dieu n’entend pas abandonner l’humanité, et qu’il n’a pas d’autre souci, pas d’autre désir que le bonheur de ses enfants.

 

c) L’expérience d’être aimé

Enfin, une des conditions de la confiance est d’avoir fait, même de façon fugitive, l’expérience que moi, je suis aimé de Dieu. La raison qui justifie le mieux notre adhésion, notre confiance vis-à-vis de Dieu est l’expérience que nous avons fait dans notre vie de cet amour inconditionnel de Dieu pour moi. Certes, notre expérience d’être aimés de Dieu n’a pas tous les jours la même intensité, il faut même dire que pour beaucoup d’entre nous cette expérience est rare mais décisive. Je crois que chacun peut  en relisant sa vie, repérer tel ou tel moment où il a été «saisi» par l’amour de Dieu. Je citai ce matin une parole de l’apôtre Paul : «Il s'agit de connaître le Christ, d'éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort, dans l'espoir de parvenir, moi aussi, à ressusciter d'entre les morts. Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j'ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, je ne pense pas l'avoir déjà saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l'avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus». Je crois que nous avons tous ces moments de grâce où nous sommes saisis par cette évidence éblouissante que nous sommes aimés de Dieu. Ces moments de grâce sont tels que nous ne pouvons pas les renier ni penser qu’ils n’ont été qu’une illusion. D’une certaine manière, ils s’imposent à nous et demeurent comme une petite lumière qui ne peut s’éteindre.

 

C’est sur cette lumière fragile mais puissante, certaine, que nous appuyons notre confiance, même si ensuite l’aridité et le doute s’installent dans notre vie. Cette confiance plus forte que le doute et sans le faire disparaître, nous fait entrer dans la paix. 

 

 

3- La paix de la confiance.

Avant son arrestation, Jésus a dit à ses amis cette parole que nous reprenons à chaque eucharistie : «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix». La paix est le fruit de la confiance. Même si nous avons une vision peu reluisante de notre vie, la confiance nous introduit dans la paix de Dieu. Nous citions tout à l’heure cette phrase de la première lettre de Jean : «Et si ton coeur te condamne, sache que Dieu est plus grand que ton coeur et il connaît toutes choses» 1 Jn 3, 20. Je pense vraiment que Dieu ne cesse, lui, d’avoir confiance en nous, il ne cesse de placer en nous sa propre espérance. Il ne cesse de nous dire : «Je sais que tu es meilleur que ce que tu as fait». N’est-ce pas l’attitude du père de l’enfant prodigue. À plus forte raison l’attitude de Dieu à notre égard. Cette espérance de Dieu la confiance qu’il nous donne en amont de notre propre confiance est source de paix. Ce n’est pas de mettre notre confiance en Dieu qui est source de paix, celle-ci n’est que notre réponse à la confiance que Dieu nous porte. Tu me fais confiance, alors je peux te faire confiance.

 

Quelle est cette paix que Jésus donne à ses amis ? C’est la paix qui fut la sienne jusque dans les heures difficiles de sa passion. Jésus était dans la paix alors même qu’il endurait de terribles souffrances. La paix de Jésus, c’est cet accord intérieur entre lui et celui qui l’aime, Dieu son Père. C’est cet accord profond qui met Jésus dans une véritable paix même si, physiquement et moralement, il est dans la détresse. Nous avons dit ce matin que notre vie chrétienne était sous le signe du paradoxe. C’est bien le paradoxe de cette paix qui vient de Dieu. Jésus est dans la paix alors qu’il est dans la détresse, j’ose même dire que cet accord parfait entre lui et ce Père qui l’aime lui donne une joie non pas sensible bien sûr, mais spirituelle jusque sur la croix. Si nous essayons de garder la confiance alors même que la nuit ou le doute ou notre faiblesse à aimer, obscurcissent notre esprit et notre coeur, alors nous pouvons accueillir la paix qui a été celle de Jésus.

 

C’est cette paix qui peut nous soutenir et nous aider à avancer sur le chemin de notre sainteté. On pourrait résumer cette paix intérieure et cette joie à travers ce que Zachée a ressenti et qui nous est rapporté dans l’évangile de mardi dernier. Cet homme, pécheur, méprisé par ses compatriotes, à cause de la confiance que lui fait Jésus en s’invitant chez lui, lui redonne confiance en lui-même, confiance dans la vie et il va tout faire pour signifier cet amour de Dieu et du prochain qui contient selon Jésus toute la Loi et les Prophètes.

 

 

Conclusion.

Notre confiance est fondée sur cette certitude que notre Dieu est fidèle et qu’il ne peut pas laisser son serviteur se perdre. C’était déjà le cri de Job : «Je sais, moi, que mon libérateur est vivant,et qu'à la fin il se dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps, je me tiendrai debout,et de mes yeux de chair, je verrai Dieu. Moi-même, je le verrai,et quand mes yeux le regarderont,il ne se détournera pas. » Job 19, 25-26. Ou encore la prière de confiance de Siméon quand on présenta l’enfant Jésus au Temple, prière que nous reprenons dans l’office de Complies : «Maintenant, ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes,et gloire d'Israël ton peuple» Lc 2, 29-32. C’est la prière de Jésus sur la croix : «Père, entes mains, je remets mon esprit» Lc 23, 46.  Nous aussi avec confiance, remettons notre vie entre les mains de celui qui nous aime depuis toujours et pour toujours.

 

 

 

Publié dans Conférences

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